DJ's : TOUCHEZ VOS DROITS
Depuis une quinzaine d'années, les DJ's font partie du paysage musical. Mais justement, un peu trop... Avec les nouvelles musiques (house, techno, jungle, et j'en passe), s'est développé un courant musical presque anonyme. Bien sûr, les connaisseurs savent reconnaître qui joue quoi. Mais en France, le grand public connaît à peine le visage de Laurent Garnier, et en tous cas, pas celui des Daft Punk... Autant que le public, la Sacem ou Société (française) des Auteurs et Compositeurs et Editeurs de Musique, avait un peu ignoré ces jeunes hommes et leurs étranges platines. Créateurs ? Pas créateurs? Compositeurs ? Pas compositeurs? La question flottait depuis longtemps dans les antichambres juridico-technoïdes. Jusqu'au jour d'octobre 97 où la Sacem déclarait toute fière (pas trop quand même) qu'elle reconnaissait (et donc payait) les droits déclarés des compositeurs de musique techno et autres DJ's.
Révolution
Révolution effectivement au pays du bal musette, d'autant plus que la France est finalement à l'avant-garde de la reconnaissance du travail des DJ's. On admet enfin l'intérêt de ce qu'on leur a longtemps reproché : un sens aigü du recyclage musical. Pourquoi autant de temps avant cette date ? La difficulté à cerner la personnalité de ces artistes, à comprendre leur travail, à admettre qu'ils sont de vrais musiciens même s'ils ne savent pas déchiffrer "La lettre à Elise", que la platine peut être un authentique instrument et que certains d'entre eux composent de véritables morceaux au même titre que Richard Clayderman (Vous avez dit recyclage?).
Qu'en est-il alors de cette reconnaissance? Essayons de résumer : Pour voir ses droits reconnus, le DJ doit s'inscrire à la Sacem. Les conditions d'entrée sont de déposer cinq oeuvres originales sur une bande sonore. Jusque là, il fallait déposer des partitions, mais le solfège n'est pas trop le genre de la famille Techno. Il faut que les oeuvres aient été jouées au moins cinq fois en public (même deux personnes, ça suffit) sur une période de 6 mois, ou qu'un seul des titres ait été diffusé au moins une fois sur disque ou autre support. Vous pensez que c'est simple ? Ce n'est qu'un leurre, innocents internautes.
Calculs savants
Là où ça se complique déjà, c'est que souvent, les DJ's jouent dans des soirées sans jamais enregistrer. Et la part d'improvisation est franchement difficile à calculer dans les droits. Pas de panique! Prenons un exemple : Une soirée est organisée. La musique est assurée par un DJ. Les organisateurs versent une somme forfaitaire à la Sacem. Sur cette somme, la Sacem déduit des frais de gestion divers. Puis de la somme restante, elle verse 11/12ème aux ayants-droits (auteurs, compositeurs, éditeurs) et 1/12 au DJ. Bien sûr si le DJ est aussi compositeur, il touche plus.
Ce cas de figure est assez simple. Et finalement assez rare. Si dans la soirée, les DJ's sont plusieurs, le partage est différent. Selon la durée de passage des morceaux, les calculs peuvent différer aussi. Bref, le casse-tête n'est pas loin. Et en imaginant que ce fût simple, un autre facteur intervient pour corser le tout : remplir les formulaires de la Sacem requière une certaine discipline à laquelle seulement une minorité de DJ's est sans doute prête à se soumettre. De plus, les musiques utilisées dans leurs "sets" ne sont pas toujours identifiables. Les vinyles sans crédit ne sont pas rares.
Autant dire que ce premier contact entre Sacem et DJ's n'est qu'un timide, mais indispensable, début. Est-ce que les DJ's ont à y gagner ? Un compositeur à toujours intérêt à voir ses droits d'auteurs défendus et surtout à en vivre. De plus, ces mesures lui ouvrent des droits annexes tel celui d'une couverture sociale. Si certains n'ont pas trop envie qu'on se mêle de leurs affaires (au hasard, Daft Punk), la plupart d'entre eux devrait être intéressé.
La Sacem a fait un premier pas presque historique par lequel le grand public va, espérons-le, peut-être commencer à se dire que les DJ's sont autre chose que des "excités du scratch" retranchés derrière leur casquette et leurs platines. A authentique musicien, authentique statut! Même si l'addition est compliquée!
CATHERINE POUPLAIN
La Sacem reconnaît les créateurs de musiques techno
Depuis une quinzaine d'années, les DJ's font partie du paysage musical. Mais justement, un peu trop... Avec les nouvelles musiques (house, techno, jungle, et j'en passe), s'est développé un courant musical presque anonyme. Bien sûr, les connaisseurs savent reconnaître qui joue quoi. Mais en France, le grand public connaît à peine le visage de Laurent Garnier, et en tous cas, pas celui des Daft Punk... Autant que le public, la Sacem ou Société (française) des Auteurs et Compositeurs et Editeurs de Musique, avait un peu ignoré ces jeunes hommes et leurs étranges platines. Créateurs ? Pas créateurs? Compositeurs ? Pas compositeurs? La question flottait depuis longtemps dans les antichambres juridico-technoïdes. Jusqu'au jour d'octobre 97 où la Sacem déclarait toute fière (pas trop quand même) qu'elle reconnaissait (et donc payait) les droits déclarés des compositeurs de musique techno et autres DJ's.
Révolution
Révolution effectivement au pays du bal musette, d'autant plus que la France est finalement à l'avant-garde de la reconnaissance du travail des DJ's. On admet enfin l'intérêt de ce qu'on leur a longtemps reproché : un sens aigü du recyclage musical. Pourquoi autant de temps avant cette date ? La difficulté à cerner la personnalité de ces artistes, à comprendre leur travail, à admettre qu'ils sont de vrais musiciens même s'ils ne savent pas déchiffrer "La lettre à Elise", que la platine peut être un authentique instrument et que certains d'entre eux composent de véritables morceaux au même titre que Richard Clayderman (Vous avez dit recyclage?).
Qu'en est-il alors de cette reconnaissance? Essayons de résumer : Pour voir ses droits reconnus, le DJ doit s'inscrire à la Sacem. Les conditions d'entrée sont de déposer cinq oeuvres originales sur une bande sonore. Jusque là, il fallait déposer des partitions, mais le solfège n'est pas trop le genre de la famille Techno. Il faut que les oeuvres aient été jouées au moins cinq fois en public (même deux personnes, ça suffit) sur une période de 6 mois, ou qu'un seul des titres ait été diffusé au moins une fois sur disque ou autre support. Vous pensez que c'est simple ? Ce n'est qu'un leurre, innocents internautes.
Calculs savants
Là où ça se complique déjà, c'est que souvent, les DJ's jouent dans des soirées sans jamais enregistrer. Et la part d'improvisation est franchement difficile à calculer dans les droits. Pas de panique! Prenons un exemple : Une soirée est organisée. La musique est assurée par un DJ. Les organisateurs versent une somme forfaitaire à la Sacem. Sur cette somme, la Sacem déduit des frais de gestion divers. Puis de la somme restante, elle verse 11/12ème aux ayants-droits (auteurs, compositeurs, éditeurs) et 1/12 au DJ. Bien sûr si le DJ est aussi compositeur, il touche plus.
Ce cas de figure est assez simple. Et finalement assez rare. Si dans la soirée, les DJ's sont plusieurs, le partage est différent. Selon la durée de passage des morceaux, les calculs peuvent différer aussi. Bref, le casse-tête n'est pas loin. Et en imaginant que ce fût simple, un autre facteur intervient pour corser le tout : remplir les formulaires de la Sacem requière une certaine discipline à laquelle seulement une minorité de DJ's est sans doute prête à se soumettre. De plus, les musiques utilisées dans leurs "sets" ne sont pas toujours identifiables. Les vinyles sans crédit ne sont pas rares.
Autant dire que ce premier contact entre Sacem et DJ's n'est qu'un timide, mais indispensable, début. Est-ce que les DJ's ont à y gagner ? Un compositeur à toujours intérêt à voir ses droits d'auteurs défendus et surtout à en vivre. De plus, ces mesures lui ouvrent des droits annexes tel celui d'une couverture sociale. Si certains n'ont pas trop envie qu'on se mêle de leurs affaires (au hasard, Daft Punk), la plupart d'entre eux devrait être intéressé.
La Sacem a fait un premier pas presque historique par lequel le grand public va, espérons-le, peut-être commencer à se dire que les DJ's sont autre chose que des "excités du scratch" retranchés derrière leur casquette et leurs platines. A authentique musicien, authentique statut! Même si l'addition est compliquée!
CATHERINE POUPLAIN