L'espoir Pleymo
Fer de lance d’une scène néo-métal française, le groupe Pleymo vient de clore en Allemagne une tournée mondiale commencée en 2001. Après leur second album Episode 2 : Medecine Cake écoulé à 40.000 copies, les six de Fontainebleau synthétisent les espoirs d’une alternative française face aux mammouths américains et se posent aujourd’hui comme un groupe qui ouvre grandes les vannes du métal métissé hip-hop. Et qui s'impose à l'export.
Le rock alternatif n'est pas mort !
Fer de lance d’une scène néo-métal française, le groupe Pleymo vient de clore en Allemagne une tournée mondiale commencée en 2001. Après leur second album Episode 2 : Medecine Cake écoulé à 40.000 copies, les six de Fontainebleau synthétisent les espoirs d’une alternative française face aux mammouths américains et se posent aujourd’hui comme un groupe qui ouvre grandes les vannes du métal métissé hip-hop. Et qui s'impose à l'export.
Formé en 1997, et après un premier CD quatre titres tiré à 500 exemplaires, Pleymo publie son premier album Keçkispasse? deux ans plus tard. Le groupe écume les petites salles et se constitue au galop une réputation sauvage et bruitiste. Ainsi qu’un parterre solide de fans avides de tympans éclatés. Le bouche à oreille crée la rumeur dont l’ampleur n’échappe pas aux maisons de disques. Convaincues du potentiel énorme des six de "Fontaineblow", les majors s’affrontent dans un véritable bras de fer, mais leur signature ira chez Sony/Epic : "Epic voulait nous donner les moyens à notre échelle de faire un bon album. Ils n’étaient pas les plus intéressants financièrement mais nous ont considérés tels que nous sommes, sans vouloir nous modifier ni nous transformer. Le discours était simple: Soyez vous-même, soyez Pleymo avec tout ce que vous avez au fond de vous. Aujourd’hui, il y a en place bien plus qu’une équipe motivée, un authentique soutien", assure Franck, DJ du groupe. Refusant toute étiquette, c’est Fabrice Leyni, producteur de NTM, qui est choisi pour l’enregistrement de Medecine Cake. Guitares ciselées, basses vombrissantes, phrasé au couteau, le résultat est énorme, en compétition directe avec les meilleures réalisations américaines. Les fils de No One Is Innocent, Mass Hysteria et Lofofora sont à la hauteur, "la génération hard-core prend la relève."
Porté par un public pour qui le groupe lui appartient corps et âme, Pleymo sait que dans la résistance l’union fait la force. Formé sur les balbutiements d’une scène émergente énervée, le posse Team Nowhere regroupe des formations comme Pleymo, Enhancer ou encore Aqme. S’appropriant un concept propre aux milieux du rap, la tribu se donne les moyens de se faire entendre contre la société de papa. Même registre musical, même objectifs. "Nous prônons avant tout l’entraide et l’ouverture d’esprit. Il faut prendre conscience qu’avec de l’énergie on peut faire beaucoup de choses par soi-même, le tout est de garder sa bonne volonté et sa curiosité. La culture c’est ce qui fait avancer." Porte-parole d’une jeunesse brassant manga, junk-food et nouvelles technologies, maniant avec dextérité skate et télécommande TV, Pleymo se défend d’une quelconque responsabilité quant à de prétendus messages politiques : "On veut leur dire qu’il y a des choses à faire en France, que tout n’est pas à jeter, ne vous faîtes pas baiser par des conneries à la télé comme Star Academy. Inculquer des idées politiques ce n’est pas notre rôle. C’est une question de respect. Celui de laisser à chacun le choix du chemin à suivre. Nous sommes là pour faire la fête, donner un peu de magie et d’énergie."
Pleymo, ambassadeur de choc à l’étranger
Un cocktail explosif qui prend véritablement sur scène toute sa dimension. Terrain de chasse privilégié du groupe, la scène est ce filtre révélateur à la puissance des Hexagonaux. Six musiciens en combinaisons de couleurs, sorte de vortex dynamique ponctué par une participation incessante du public, invité à se mettre sur la tronche dans un incontournable "Braveheart". En deux mots, séparez la fosse en deux parties distinctes, chauffez-les à blanc, tenez le décompte et au top, lâchez les deux bords l’un contre l’autre. Percutant. Des images fortes. Tout comme l’univers "japanimé" créé par les musiciens eux-mêmes, par ailleurs graphistes, décliné sur les pochettes de disques, dans les clips et les lives. Les tribus urbaines modernes l’ont bien compris, l’identité s’affirme avec ses propres codes graphiques. La musique aujourd’hui n’existe pas sans sa mise en images.
Très tôt affichées, leurs ambitions prennent de l’ampleur, celles d’une multinationale en tournée mondiale. Après l’Europe, le Japon. Exceptionnel pour un groupe dont l’ascension fulgurante n’est toujours pas palpable à leurs mains : "A l’heure actuelle, on a la tête dedans. C’est difficile de prendre le recul nécessaire et conscience de l’ampleur du phénomène. Dès la sortie de l’album, la tournée s’est embrayée. Les petits clubs, puis les moyens et enfin les grosses salles, complets la plupart du temps. Même si dépasser le territoire francophone nous aide à nous réaliser, cet accueil fantastique est pour l’instant tout ce que l’on peut saisir du rêve que nous sommes en train de vivre."
Si la scène a fait connaître le groupe sur le territoire français, il est dit qu’en dehors elle lui offrira certainement ses galons. "On s’est greffé en Allemagne sur la tournée d’un groupe américain. Les mecs se demandent au début ce qui se passe quand on se pointe avec nos combinaisons pétantes de rouge, vert… mais on y va avec tout notre cœur. Voir les sceptiques du départ slammer pendant le set et applaudir à la fin, là ça fait plaisir, le pari est gagné. Parce que c’est une approche différente où ton background en France joue pour toi, les quatre années à tourner, le buzz qui nous entoure…mais là, c’est un sacré challenge."
Convaincue de leur potentiel à l’international, Epic choisit de sortir Medecine Cake, réenregistré en anglais, au Japon où le groupe est déjà l’objet d’un culte typiquement nippon, ainsi qu'en Allemagne et en Pologne. Sur le papier la musique s’exporte, mais les stratégies marketing restent encore hermétiques aux charmes de la langue française quand elle s’accompagne de deux tonnes de saturation. Erreur. Lors de concerts à Berlin, des fans leur reprochent de ne pas chanter en français. A Tokyo, on leur interdit tout simplement : "Même s’ils ne comprennent pas, il y a une musicalité et une spontanéité qui collent beaucoup plus au flow de notre musique. Chanter en anglais t’ouvre peut-être les frontières, mais d’un autre côté les gens retrouvent aussi l’originalité de Pleymo dans la langue française." Pour les nouveaux ambassadeurs tricolores à l’étranger, "il y a une vraie carte à jouer sur la France, parce que c’est un beau pays, très bien perçu, et qu’on fait des choses pas mal, même du rock. Ça change des habitudes anglo-saxonnes." Et ça fait du bien de l’entendre.
Episode 2 : Medecine cake (Sony /Epic)