Saint-Louis Jazz Festival 99

le 7ème festival Saint-Louis Jazz a été lancé avec tambours et trompettes, sous l'égide de Femi Anilulapo Kuti et de son groupe Positive Force.

Jazz en bord de mer

le 7ème festival Saint-Louis Jazz a été lancé avec tambours et trompettes, sous l'égide de Femi Anilulapo Kuti et de son groupe Positive Force.

Les quinze musiciens - dont une ébouriffante section de vents et des percussionnistes au groove irrésistible - ont galvanisé le public de la place Faidherbe, où une grande scène est dressée durant la période festivalière. Heure africaine oblige, les spectateurs ont mis du temps à venir. Mais, à la fin de la soirée (à deux heures du matin !), ils étaient mille trois cents à applaudir à tout rompre le fils de Fela. La première partie de Femi a eu un auditoire plus restreint, mais particulièrement attentif : le quartette du saxophoniste marseillais Olivier Temime, le groupe du Camerounais Kayou (également au saxo) et l'emblématique chanteuse sénégalaise Yandé Codou Séne révélaient les fruits d'une semaine de résidence à Saint-Louis. Ainsi, des bolées de be bop, conjuguées à l'arôme corsé des rythmes camerounais, ont-elles épousé les mélopées hypnotiques de Yandé Codou Séne, venue avec ses percussionnistes et son joueur de kora.

Cette diva reste mystérieuse sur son âge, mais elle se souvient d'avoir chanté en l'honneur de Léopold Sédar Senghor juste après la guerre. Probablement septuagénaire, elle continue de dégager un charisme puissant. "Elle a une oreille remarquable, témoigne Olivier Temime, jeune saxophoniste en pleine ascension (le fameux jazzman Johnny Griffin l'a recruté pour former un tandem régulier). Quelle que soit la tonalité, Yandé Codou Séne s'adapte. C'est impressionnant de rencontrer de semblables artistes".

En début de soirée, un représentant du Président Abdou Diouf a présenté cette rencontre inédite comme "l'illustration d'une volonté d'échange et d'ouverture". Le festival Saint-Louis Jazz, organisé par l'association du même nom en collaboration avec le Centre Culturel Français de Saint-Louis, se donne comme mission, notamment, de proposer, chaque année, une création. Une manière de stimuler le terreau artistique et de placer le continent africain ˆ un poste catalyseur. Il faut saluer les (nombreux) sponsors, au premier rang desquels se situent le Ministère français des Affaires Etrangères, de la Coopération et de la Francophonie (350.000 FF), l'Union Européenne (290.000FF), le Ministère sénégalais du Tourisme et des Transports aériens (200.000 FF), de soutenir cette démarche exigeante.

Le festival Off donne la parole à des artistes du pays et à des groupes métissés venant d'Europe (Jean-Paul Faye, Jive Elephant, Vieux Mac Faye, Walflash ...). Au fil des années, la manifestation saint-louisienne a su fidéliser une partie du public, qui se rend aux concerts sans forcément connaître les groupes. Le P.O.M., formation essentielle du jazz made in France (constitué d'éminents instrumentistes et compositeurs, François Jeanneau, Andy Emler, Linley Marthe...), mais peu connue en Afrique, a conquis les auditeurs, avec une musique sans concession aucune. La qualité de la programmation et la convivialité convainquent jusqu'aux stars, qui acceptent, dans nombre de cas, d'adapter leurs cachets à la réalité de l'économie africaine. Le légendaire Elvin Jones, ancien batteur de Coltrane, a fait partie de ceux-là et ne l'a pas regretté. Sa prestation scénique marquera l'histoire de Saint-Louis de ses rythmes de feu. Le public ne s'y est pas trompé, qui s'est levé et a réservé à Elvin une standing ovation enflammée. Un souvenir impérissable pour cet humble héros du jazz qui effectuait, là, son premier voyage en Afrique.

Fara C.
CCF de Saint-Louis   *