IAM, 20 ans d’histoire sous les pyramides

C’est un jubilé comme on en compte rarement dans le rap français : IAM, un groupe historique de la première génération qui fête ses 20 premières années d’existence avec la même formation qu’à ses débuts, et qui pour marquer le coup, donne un concert unique en Egypte, au Caire, au pied des pyramides. Cela fait l'objet d'un DVD, alors que sort à peu près en même temps l'intégrale du groupe.

DVD et intégrale

C’est un jubilé comme on en compte rarement dans le rap français : IAM, un groupe historique de la première génération qui fête ses 20 premières années d’existence avec la même formation qu’à ses débuts, et qui pour marquer le coup, donne un concert unique en Egypte, au Caire, au pied des pyramides. Cela fait l'objet d'un DVD, alors que sort à peu près en même temps l'intégrale du groupe.

Comme un hommage à leur source d’inspiration pharaonique qui a nourri leur premier album sorti sur cassette en 1990, Concept, et qui a perduré depuis, IAM fête ses 20 ans d'existence en se rendant en Egypte, au Caire. Ironie du sort : le premier voyage dans la capitale égyptienne en janvier 2008 pour préparer le show du 14 mars était le premier jamais effectué par les six musiciens du groupe. 20 ans à rêver d’égyptologie avant de concrétiser, c’est ce qu’on appelle savoir attendre. En plus de ce spectacle exceptionnel évidemment filmé pour la postérité, IAM a tourné un documentaire réalisé par Audrey Draougo, Encore un printemps, retraçant leurs deux décennies dans le métier. Interviewé juste après le concert, Imhotep l’architecte sonore, livre ses impressions à chaud.

RFI Musique : IAM est ensemble depuis 20 ans. Et vous en profitez pour réaliser un rêve de gosses. Ça fait quel effet ?
Imhotep : Je dois avouer que je suis dans un état second. Déjà la première fois que je suis arrivé en Egypte, j’avais du mal à réaliser ce qui se passait. Là, je suis dans la phase de décompression. J’étais tellement tendu pendant le show et les jours d’avant pour ce qui était technique, la synchro entre les orchestres et tout le reste que je n’ai pas tout réalisé. Je n’ai pas kiffé comme si j’avais eu l’esprit léger mais c’était énorme. Je découvrirai plein de trucs sur le DVD. Aucun d’entre nous n’était venu en Egypte avant janvier 2008. Ça faisait vingt ans qu’on en parlait. Et bien voilà, c’est fait. On a fait à la fois les touristes, les repérages pour le concert et la rencontre des musiciens des deux orchestres invités, l’orchestre populaire du Caire et l’orchestre national de l’opéra.

Les samples du spectacle son et lumières des pyramides, que votre DJ Kheops a beaucoup utilisé sur les albums d’IAM, n’étaient pas très présents pendant le show du Caire…
Il y en avait sur l’intro, c’était prévu sur l’outro mais ça a été annulé faute de temps pour répéter. Parce qu’autant l’orchestre national de l’opéra bosse sur partitions, donc en deux jours, c’était réglé comme sur du papier à musique, super précis et carré, autant l’orchestre populaire, en termes de direction et d’arrangements, ils sont légèrement ingérables. Ils ne sont jamais au même tempo. Ils accélèrent au fur et à mesure de la chanson, ils commencent à 89 bpm et finissent à 112, et les rappeurs ont du mal à suivre. C’est nous qui avons dû nous adapter à eux, plutôt que le contraire. Et en même temps, ça donne tellement de fraîcheur et de créativité à la musique… Et pour ce qui est des samples égyptiens, si on avait voulu faire un spectacle exclusivement pour l’Egypte qui soit totalement différent de notre tournée, on aurait pu ou dû faire ça. Le problème, c’est qu’on était encore sur la lancée de notre tournée. Et c’est vrai que le temps nous a manqué pour préparer un show spécial Egypte. Ou il aurait fallu reprendre les morceaux d’époque comme Kheops appartient à l’horizon, et là, c’était un gros challenge. Il n’y a que Le Mia qui a passé le cap parce que c’est le seul morceau que Chill arrive à rapper sans avoir l’impression d’être projeté dans le passé. Shurik’n ne rappe plus Les tam-tams de l’Afrique. Pour lui, la diction est trop datée. On avait pensé faire un medley des anciens morceaux mais les textes ont vieilli.

En fait, vous êtes le plus vieux groupe de rap en exercice avec Beastie Boys et Public Enemy…
…Et ça fait super plaisir. D’autant qu’on ne s’est jamais arrêté, on est toujours resté ensemble. Il y a eu des moments ou la cohésion a été difficile à garder mais on n’a jamais songé à se séparer. On a tous eu des passages à vide, ou on était plus ou moins impliqué individuellement. Moi, à l’époque de Revoir un printemps, j’étais hors course. Ma femme avait des problèmes de santé et j’ai dû lever le pied. Les choix musicaux qui ont été faits me correspondaient beaucoup moins qu’avant. Je me sentais moins concerné.

Pour vous, quel a été le moment le plus émouvant du concert ?
Le final avec l’orchestre populaire m’a donné des frissons. Sur tous les morceaux avec l’orchestre populaire, et surtout Au quartier, j’ai vraiment senti un plus au niveau émotion. Les cordes de l’orchestre national de l’opéra sur La fin de leur monde, si je peux les utiliser sur la version studio, je vais faire un remix avec. Elles amènent vraiment quelque chose, un supplément d’âme.

 Ecoutez un extrait de

DVD IAM 20 (Barclay) 2008
IAM Intégrale - Coffret 10 CDS + 1 DVD (Emi Music France)