Quand La Patère rose s’en mêle…
Le trio électro-pop québécois, La Patère rose, a de quoi plaire aux amateurs de nouvelle chanson francophone. Moderne et déjanté, il propose un heureux mariage d’univers sonores plus complémentaires que l’on pourrait croire. Le groupe assure en France les premières parties de Mika à partir du 23 avril.
Premier album pour un trio déjanté
Le trio électro-pop québécois, La Patère rose, a de quoi plaire aux amateurs de nouvelle chanson francophone. Moderne et déjanté, il propose un heureux mariage d’univers sonores plus complémentaires que l’on pourrait croire. Le groupe assure en France les premières parties de Mika à partir du 23 avril.
Formée par Fanny Bloom (piano, accordéon, voix), Kilojules (batterie, DJ) et Roboto (claviers, échantillonnages), La Patère rose attire beaucoup l’attention depuis sa victoire au concours musical montréalais Les Francouvertes en 2008.
Véritablement rampe de lancement pour plusieurs jeunes groupes francophones (Karkwa, Les Cowboys fringants, Dobacaracol), tous styles confondus, l’événement a permis à l’audacieux trio de tourner beaucoup au Québec, de lancer un premier album éponyme en 2009 et même de participer aux Francos de Spa.
La Patère rose débarque ces jours-ci en France pour présenter ses chansons ludiques intégrant musiques électroniques et sensibilité classique en première partie de la tournée de Mika, la pop star américano-libanaise.
La chanson rencontre l’électro
Originaire de Sherbrooke (au Québec), Fanny Bloom découvre la musique dès l’âge de 4 ans. Elle se familiarise d’abord avec le xylophone puis le piano, même si elle aurait préféré suivre des cours de patinage artistique. Plutôt que de rêver à une carrière musicale, elle s’imagine plus tard comédienne. "Je détestais la théorie musicale, je ne pratiquais pas, je ne souhaitais absolument pas continuer. J’avais envie de chanter, mais mon prof ne voulait pas. Elle m’a quand même appris Ave Maria et L’aigle noir…" raconte avec autodérision celle qui était loin de se douter qu’elle deviendrait la chanteuse de la Patère rose.
Fanny poursuit néanmoins la musique classique, puis bifurque vers des études en lettres. À 18 ans, elle fait connaissance avec ceux qui deviendront ses précieux acolytes, deux membres du coloré groupe d’électro-jazz Misteur Valaire, encore très actif aujourd’hui.
Elle présentait déjà à cette époque ses propres compositions seule, en mode piano ou guitare-voix, mais pressentait que l’apport de Kilojules et Roboto serait intéressant : "Je faisais de la chanson française avec de grands textes épouvantablement douloureux et de grands mots. J’ai demandé aux gars de m’accompagner parce que j’en avais assez de faire des spectacles, seule. On a ensuite adopté une autre approche et formé un vrai groupe ensemble, où chacun apporte ses idées." Peu de temps après, le trio migre à Montréal, choisit un nom "qui est le résultat d’une mauvaise blague" et prend véritablement son envol à partir de 2008.
Aujourd’hui âgée de 24 ans, l’excentrique jeune femme a manifestement bien plus d’affinités avec la chanteuse française Camille qu’avec Cœur de pirate (sur le même label québécois). Si sa voix peut évoquer celle d’une gamine, il n’en est pourtant rien. Sa marque de commerce ? Une sorte de fausse naïveté qui lui permet d’osciller avec aisance entre douceur et délire, mélancolie et insolence, humour et sérieux…
Hormis Les deux bonnes sœurs (basée sur un poème de Baudelaire), elle signe d’ailleurs tous les textes de l’album ; des histoires pas toujours très sages et innocentes. Les relations amoureuses, un thème récurrent, sont souvent traitées en opposition totale avec une musique ludique et originale concoctée et interprétée par Kilojules et Roboto.
Formés en jazz et amateurs de bricolages électro, les musiciens apportent leur dynamisme au projet et d’innombrables trouvailles sonores inattendues, de sorte que le résultat final n’a rien de convenu. Ce qui ne veut pas dire inaccessible ou hermétique, puisque la sensibilité pop du groupe est indéniable. "J’ai d’énormes fantasmes pop, admet Fanny. Si je le pouvais, je reprendrais toute la pop du monde entier, mais les gars ne veulent rien savoir de cela !"
Des pièces en constante mutation
L'album La Patère rose donne un bon aperçu de l’étendue musicale et de la variété des propositions du trio. Il renferme de nouvelles moutures des titres qui ont assuré sa victoire aux Francouvertes (dont Décapote, Pacemaker, Backyard souvenir), ainsi que des compositions nées au cours de l’année suivante.
"L’éponge est la toute première qu’on a créée ensemble, en 2004. Ça n’avait rien à voir avec la version album par contre. J’ai eu des 'up and down' avec cette chanson : je ne voulais pas la mettre sur le disque, je trouvais qu’elle était trop différente par rapport au reste… Finalement, on l’a beaucoup retravaillée et c’est aujourd’hui l’une de celles que j’aime le plus présenter en show."
Depuis le lancement en mars 2009, plusieurs morceaux de l’enregistrement ont connu des transformations considérables en spectacle et des inédites se sont ajoutées. Si bien que La Patère rose espère entamer la préproduction d’un nouvel album dès cet été. "J’ai récemment ressenti le désir de revenir à l’essentiel", raconte la fan avouée de la Suédoise Lykke Li. "Kilojules s’est acheté un ukulélé et Roboto, le petit piano de Charlie Brown. En tournée, nous pouvions tout à coup jouer presque sans équipement et sans brancher nos instruments. Tout était là et je trouvais ça super ! J’ai alors vraiment respiré… Je pense que nous nous orientons maintenant vers cette simplicité." A découvrir donc, pour la première fois dans l'Hexagone…
La Patère rose en tournée française du 23 avril au 4 mai en première partie de Mika. Et en concert le 28 avril 2010 à La Flèche d’or (Paris)