Ludéal sans fard

Le premier album de ce jeune chanteur parisien avait enflammé une partie de la critique en 2007. Certains (beaucoup) voyaient en lui un nouveau Bashung, pour le timbre de voix grave et l’onirisme de l’écriture. Le public, lui, n’a pas suivi. Revenu de cet échec commercial, Ludéal publie aujourd’hui Allez l’amour. Habilement précédé d’un petit clip pour buzzer sur la Toile, ce disque en forme d’invitation au voyage distille un vague à l’âme très personnel. Entretien avec un artiste exigeant et lucide sur ses difficultés. 

Deuxième album

Le premier album de ce jeune chanteur parisien avait enflammé une partie de la critique en 2007. Certains (beaucoup) voyaient en lui un nouveau Bashung, pour le timbre de voix grave et l’onirisme de l’écriture. Le public, lui, n’a pas suivi. Revenu de cet échec commercial, Ludéal publie aujourd’hui Allez l’amour. Habilement précédé d’un petit clip pour buzzer sur la Toile, ce disque en forme d’invitation au voyage distille un vague à l’âme très personnel. Entretien avec un artiste exigeant et lucide sur ses difficultés. 


RFI Musique : A la veille de sortir ce second disque, la critique vous soutient mais peu de gens vous connaissent encore. Comment le vivez-vous ? 

Ludéal : Mon premier album a peut-être eu bonne presse, mais c’était insuffisant. Je n’ai pas eu le soutien des radios et des télévisions qui m’aurait permis de décoller… Cette période a été difficile à traverser pour moi. Il m’a fallu retrouver de la motivation, de l’allant. J’y suis parvenu, seul, pour cet album. Mais je ne sais absolument pas à qui il va plaire ou non. Je ne connais pas mon public.

L’atmosphère musicale de cet album est par contre très solaire, apaisante.
C’est grâce à l’apport de Martin Gamet (bassiste et arrangeur de Camille, Renan Luce, Louis Chédid, ndlr), qui a réalisé l’album. Il était déjà passé à la basse sur mon premier disque. Puis je l’ai retrouvé, par hasard, en bas de chez moi, quelques mois plus tard. A ce moment là, j’avais terminé d’écrire mes nouvelles chansons et recherchais un réalisateur, quelqu’un de complémentaire. Et avec Martin, la providence est tombée : un musicien encore en activité, avec une grande expérience de scène, aussi à l’aise à la basse qu’à la batterie. C’est à lui que je dois le côté rythmique et chaloupé de l’album, la présence des percussions arabes.

Votre écriture parfois cryptique vous vaut d’être souvent comparé à Bashung. Reconnaissez-vous la filiation ?
Pas du tout. Même si je reconnais avoir été marqué par Bashung à un moment précis de mon existence. J’étais disquaire en 1998, au moment de la sortie de Fantaisie Militaire, et je passais en boucle La nuit je mens dans mon magasin. Je crois que les textes de Jean Fauque m’ont un peu libéré par rapport à l’écriture à cette époque. Mais je ne revendique aucune filiation, ni lien de cousinage avec d’autres artistes français. Mes racines musicales sont quasi exclusivement anglo-saxonnes.

Vous avouez d’ailleurs avoir mis du temps à passer de l’anglais au français…
Je n’arrivais plus à endosser ce costume qui n’était pas le mien. Avec la maturité et à force de travail, j’ai appris à aimer le chant en français. L’anglais, c’est la solution de facilité lorsque vous n’avez rien à dire. En français, chacune de vos phrases est disséquée, scrutée, cela vous oblige à redoubler d’exigence.

Comment voyez-vous l’avenir, après Allez l’amour ?
Sur scène, je l’espère. Faute de ventes, mon premier album ne m’avait pas permis de tourner, ce qui m’a beaucoup frustré. Là, je crois avoir trouvé la bonne formule : un trio aux deux tiers féminin, simple et basé sur les chœurs. J’adorerais écrire pour d’autres artistes, aussi. Mais les illusions m’ont quitté. Après deux albums, je ne vis toujours pas de ma musique. Je reste un touriste !

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 Ludéal
 Allez l'amour

Ludéal Allez l’amour (Columbia/Sony) 2010

En concert le 12 mai 2010 aux Trois Baudets, à Paris