Music'ament à l'Hôpital Trousseau
Le 15 décembre dernier, l’association Music'Ament se rendait à l’hôpital pour enfants Armand Trousseau à Paris, en compagnie des marionnettes de Pinocchio. L’occasion de revenir sur les activités de cette association qui entend placer, au cœur du monde hospitalier, rencontres et échanges entre les artistes et les enfants. Reportage.
Musique pour tous les enfants
Le 15 décembre dernier, l’association Music'Ament se rendait à l’hôpital pour enfants Armand Trousseau à Paris, en compagnie des marionnettes de Pinocchio. L’occasion de revenir sur les activités de cette association qui entend placer, au cœur du monde hospitalier, rencontres et échanges entre les artistes et les enfants. Reportage.
En bas des escaliers de l’hôpital Armand Trousseau, à Paris dans le XIIe arrondissement, la petite équipe se retrouve. Caroline Davigny, présidente et fondatrice de l’Association Music'Ament, Sébastien Bézirard, l’un des nombreux bénévoles, mais aussi la petite troupe d’artistes : les deux danseuses, et les "animateurs" qui vont tirer les ficelles des marionnettes pendant l’animation. Aujourd’hui, c’est en effet Pinocchio et Marie Lou, les deux stars virtuelles du petit écran avec leur chanson T’es pas cap’, qui vont débarquer dans les étages de l’hôpital pédiatrique.
A l’approche des fêtes de Noël, les animations dans les services hospitaliers se multiplient. Au sortir de l’ascenseur du service de pneumologie, on croise d’ailleurs un jeune clown, tout de rouge vêtu. Pendant que les marionnettes se préparent à entrer en piste, Caroline Davigny nous raconte ce qui l’a mené à créer cette assocation : une carrière reconnue dans le monde de la musique et des médias et, en 2000, lors d’un séminaire d’une maison de disques, le malaise, qui la conduit un an et demi à l’hôpital. "C’était une rupture d’anévrisme. Durant tous ces longs mois, je me suis rendue compte combien il était difficile de rester à l’hôpital pour un adulte, et j’ai compris que pour les enfants, c’était encore pire". Ainsi, après sa rééducation, Caroline décide de créer Music’Ament, une structure qui invite la musique en milieu hospitalier.
S’appuyant sur un solide carnet d’adresses bâti en dix ans de carrière, Caroline Davigny n’hésite pas à faire jouer ses nombreux contacts dans les maisons de disques et auprès des artistes. Résultat : en quatre ans, plus d’une centaine de show-cases d’artistes ont ainsi été organisés en milieux hospitalier. Le rappeur français MC Solaar est parrain de l’association et donne des concerts plusieurs fois par an. Bénabar, Nolwenn, Diams, le Saian Supa Crew se sont ainsi engagés aux côtés de l’association. A l’hôpital de Garches, en banlieue parisienne, Florent Pagny n’a pas hésité à reproduire son concert de l’Olympia, entouré de sept musiciens !
De nombreux artistes sont en effet plutôt partants pour ce type de rencontres, basées sur l’échange, et qui les rapprochent de leur public. Les maisons de disques, pour qui c’est l’occasion de se positionner sur un créneau non lucratif, mais payant en terme d’image, se plient volontiers aux règles du jeu. Plusieurs d’entre elles ont même fait cadeau à l’association de Disques d’or, -des albums vendus à plus de 100000 exemplaires-, pour qu’elle les mette en vente aux enchères sur internet. Une façon originale de récolter des fonds pour l’association, qui déploie cette année ses activités en province. Ainsi, Music'Ament donne une vision différente de ce que l’on pourrait considérer comme le "triangle d’or" de l’industrie phonographique : maisons de disques, artistes, publics. Il est peut être ici tout simplement question de musique et de partage… Et plus seulement de rentabilité !
Guillaume Fouchet d’Emi, met un point d’honneur à ce qu’aucun enfant ne voie que sous les imposants costumes de Pinocchio et Marie-Lou se cachent de "vraies filles". Après un tour dans le service de pneumologie, où le séjour est en moyenne de quatre jours, les enfants sortent un à un de leur chambre, nous passons dans la salle de jeux du service de néphrologie. Là, la salle a des allures de fête, avec son buffet et ses décorations tandis que les enfants, de tous âges, s’amusent avec le clown-tout-en-rouge. A peine le bout –long !- nez de Pinocchio est-il aperçu, que c’est l’émeute.
Les enfants, fascinés par ce couple de marionnettes, hésitent à les approcher, puis finalement attendent de voir ce qu’ils leur proposent. Tout le monde frappe dans ses mains pour les encourager. Le clown devient DJ et chauffe la salle. Les marionnettes commencent leur chanson T’es pas cap' et les enfants chantent et sautillent, malgré leurs perfusions ou leur aspect chétif. A la fin de la chanson, chacun réagit à sa manière : autographes, câlins, ou chorégraphies, tout est permis. Une petite jeune fille d’une dizaine d’années nous confie que cela "fait oublier le service et que cela fait des souvenirs". Dominique Dugas, attaché de communication de l’hôpital Trousseau raconte que depuis une semaine, une petite patiente se mettait à l’écart. Aujourd’hui, elle était tout sourire et sautillait sur place sans arrêt. Une preuve concrète du rôle joué par une association telle que Music'Ament dans le paysage hospitalier.