Le Gangbé Brass Band en fanfare
À la naissance du gangbé (son du métal) brass band en 1994 à Cotonou au Bénin, le style "brass band" passe de l’hémisphère nord au sud. Pour monter leur projet , Athanase Déhoumon , Sam Gnonlonfoun , James Vodounnon et leurs camarades visaient un objectif précis. Marier les cuivres de fanfare, à une panoplie de percussions "vaudoun" et de cloches sacrées, croiser les rythmes de leurs terres avec les genres de leur cousins d’Amérique pour offrir une musique vivante , éclatante et énergique. Depuis ce Printemps 2004 , la bande de joyeux lurons déboule partout en Europe avec un troisième album, Whendo (Racines) foisonnant, somptueux et festif.
Un son de métal soyeux comme un duvet
À la naissance du gangbé (son du métal) brass band en 1994 à Cotonou au Bénin, le style "brass band" passe de l’hémisphère nord au sud. Pour monter leur projet , Athanase Déhoumon , Sam Gnonlonfoun , James Vodounnon et leurs camarades visaient un objectif précis. Marier les cuivres de fanfare, à une panoplie de percussions "vaudoun" et de cloches sacrées, croiser les rythmes de leurs terres avec les genres de leur cousins d’Amérique pour offrir une musique vivante , éclatante et énergique. Depuis ce Printemps 2004 , la bande de joyeux lurons déboule partout en Europe avec un troisième album, Whendo (Racines) foisonnant, somptueux et festif.
Le gangbé brass band développe une orchestration transmise par deux générations. C'est dans la Garde d’Honneur béninoise que leurs grands parents apprirent à souffler et à jouer du tambour. Fascinés par ces cuivres et ce son venus d’ailleurs, les fils de ces gendarmes les reproduiront dans les manifestations civiles de la cité. Au-delà des casernes, les fanfares gagneront le Bénin tout entier et se tailleront un statut respectable dans les baptêmes, les mariages et les funérailles. Celles-ci, désormais dites traditionnelle, rythment les manifestations de tous ordres. Quand les petits-fils reprennent l'héritage, ils effectuent une nouvelle "modification génétique" de la semence des grands parents, pour insuffler un sang neuf à une musique originellement martiale puis ethnique. Les dix membres du G. B. B., tous musiciens polyvalents, ont évolué d’abord dans des formations de variété ou de jazz. Mais, ils ont toujours secrètement rêvé de valoriser leurs instruments et sortir un jour du train-train de simples accompagnateurs pour se professionnaliser et bâtir sur le socle musical ancestral, une expression marquée du sceau de la modernité. Ainsi en 1993, ils adhèrent à la création de l’Union des Instrumentistes à Vent du Bénin. Athanase Déhoumon : "Il fallait se donner un statut reflétant notre spécificité, d’où la nécessité de fondre dans un même creuset, d’approfondir nos connaissances théoriques et développer nos techniques avant de sonder nos racines culturelles et proposer une innovation. On a crée cette Union pour instaurer plus de rigueur dans la pratique et fédérer tous les cuivres éparpillés dans les différentes formations. Et c’est de ce moule que notre orchestre sort."
Dans sa quête identitaire, le G.B.B. ambitionnait d’intégrer les instruments les plus emblématiques de ses traditions. Seulement tous sont protégés par les tabous. On ne pioche pas dans le sacré comme on se sert dans un grenier public. Selon James Vodounnon, une démarche protocolaire s’imposait. "En 1993, Nous avons dû longuement expliquer à un aîné l’impérieuse nécessité de notre désir de pérenniser le langage des instruments sacrés. Il fût notre médiateur auprès des prêtres du Vaudounet des gardiens de la tradition. Ensuite nous avons choisi trois types de percussions et les cloches royales au jeu desquelles nous avons été initiés par les Anciens. Et pour pouvoir en jouer sur la place publique, on a offert des céréales, de la volaille et des moutons en sacrifice aux Dieux. Après un an de répétitions, on présentait notre nouveau répertoire au Centre Culturel Français de Cotonou devant un parterre de prêtres du Vaudoun, de notables et de hauts fonctionnaires. Ce fût la consécration..."
La suite va s’accélérer. Eliane Vurkumorh les découvre en 1995 et les emmène au festival du Théâtre des Réalités à Bamako au Mali en 1997 . La rencontre avec le Lo’Jo Triban d’Anger est scellée par une solide complicité qui leur ouvre les premières portes en France. Ils enregistrent leur premier album en 1998 Gangbé (son du métal), puis Togbé (ancêtres) en 2001 et Whendo(racines) en 2004.
Dans ce dernier opus, leurs textes égrainent des chroniques (Noubioto), constatent la puanteur des guerres (Awhan-Ho), et exhortent au respect de la terre (Glessi)… Le tout soutenu par une musique jouée par les peaux, le métal, le bois et la terre cuite et qui jaillit en myriade colorée. Coulant de sources multiples, elle draine dans son lit les rythmes des dieux Vaudoun, le roulement des tambours Yoruba, le Swing de l’Oncle Sam, le High-Life ghanéen , l’Afro-Beat de Fela et de bien d’autres couleurs non identifiées. Une musique théâtralisée par des acteurs qui visiblement vivent un ultime bonheur dans le partage de leur art avec leur public, partout en Afrique comme en Europe.
Ganbé Brass Band, Whendo (Contre-jour) 2004
En concert à 21h le 23 septembre 2004 au New Morning de Paris.