Laurent Voulzy, 30 ans après
Un album anniversaire, voila ce que nous propose Laurent Voulzy aujourd'hui, trente ans après l'incroyable succès de Rockollection, un morceau mêlant récit autobiographique et tubes anglo-saxons si chers au compositeur et interprète de Belle-Ile-en-mer. Recollection le titre de cet album reprend le morceau original avec quelques ajouts, et nous donne à entendre quelques morceaux originaux. Rencontre avec l'artiste.
Recollection après Rockollection
Un album anniversaire, voila ce que nous propose Laurent Voulzy aujourd'hui, trente ans après l'incroyable succès de Rockollection, un morceau mêlant récit autobiographique et tubes anglo-saxons si chers au compositeur et interprète de Belle-Ile-en-mer. Recollection le titre de cet album reprend le morceau original avec quelques ajouts, et nous donne à entendre quelques morceaux originaux. Rencontre avec l'artiste.
RFI Musique : Recollection est-il un immense juke-box qui mélange à la fois le "personnel", la petite anecdote et la mémoire collective ?
Rockcollection, c'était sûrement ça. C'est ce qui a dû résonner chez tout le monde, c'est ce qui a résonné chez moi. C'était raconter un peu ma vie, où des gens ont pu s'y retrouver… et puis des chansons qui sont dans la mémoire collective. On s'est laissé embarquer Alain (Souchon : ndlr) et moi dans l'écriture de l'aventure autour de Rockcollection. Au début, il n'y avait pas d'album prévu ni même d'enregistrement. C'était juste que ça faisait 30 ans. Cette chanson a changé ma vie. Je me suis dit : on va aller la jouer dans un club pour cet anniversaire. Après, il y aura un DJ qui nous fera danser. Puis j'ai dit à Alain : ça fait 30 ans, on pourrait peut être ajouté un couplet. Finalement, on n'a pas écrit ce couplet tout de suite. On a écrit une autre chanson qui s'appelle Jelly Bean. C'est une évocation de ma vie avant Rockcollection. Peut être ce qui m'a amené à faire cette chanson. Au fond, dans Jelly Bean, je dis qu'il n'y avait pas grand-chose d'autre qui m'intéressait que de faire des chansons et de passer à la radio. Evidemment, je passe par les épisodes de mon enfance, quand j'étais petit, comment je vivais avec ma mère, à Nogent-sur-Marne. "On était tout les deux célibataires,(…) et puis un jour on est partis en banlieue Est", c'est ce que je dis dans cette chanson…
Les tubes des années 1980 font leur entrée dans cette nouvelle version : Blondie, Police, Frankie goes to Hollywood, Tom Petty… Quels ont été vos critères de choix ?
Dans Rockcollection proprement dit, j'évoque la musique des sixties. On n'a pas changé les couplets : "on a tous dans le cœur une petite fille oubliée", etc. Je respecte ça, la chronologie et les chansons de l'époque sauf que j'ai changé des citations. Quant aux critères, il fallait que ça respecte l'époque, le tempo, l'esprit du couplet précédent, etc.
Il y a cette chanson Jelly Bean…
"Jelly Bean" est un bonbon anglais. Tous les enfants en Angleterre et aux Etats-Unis en ont mangés. Ce sont des bonbons multicolores qui ressemblent à des haricots. Il y a une expression anglaise qui dit "You know what I mean ?" c'est-à-dire : est-ce que tu vois ce que je veux dire ? On répond "Jelly Bean".
Vous chantez dans cette chanson : "Je rêvais d'avoir un style". Est-il à la croisée de toutes les citations musicales qui font Recollection ?
Oui je rêvais d'avoir un style, de devenir un modèle, d'avoir un style personnel… quand on se cherche, on cherche un style, on prend des poses devant la glace, on a quinze ans. On cherche à ressembler à quelqu'un, à nos idoles et en même temps on cherche à se détacher de ça et à trouver sa voie et devenir soi-même un modèle.
En 1977, lorsque Rockcollection sort - vous l'avez enregistré en français, anglais espagnol - elle change votre vie. Quatre millions d'exemplaires sont vendus en Europe. A l'époque vous avez touché assez peu d'argent ….vous avez commencé à recevoir des assignations au tribunal …
Les autorisations n'avaient pas été demandées par l'éditeur pour l'utilisation des extraits de chansons et la maison de disques n'avait pas mentionné les citations sur la pochette. Les éditeurs et représentants des auteurs compositeurs qui se trouvaient en France, les maisons d'édition françaises qui représentaient les artistes n'étaient pas très contentes. C'était moins mon métier qu'un métier d'administratif. C'était à ma maison de disques ou à ceux qui s'occupaient de l'édition de s'en charger.
Votre rêve était un rêve de gloire ou celui de devenir une sorte de "guitar hero" à l'époque ?
Il y avait un rêve de gloire mais avant tout, il était soudé à la passion de l'instrument. Ça peut être indépendant…il y a des gens très amoureux d'un instrument qui jouent chez eux et qui n'en font pas un métier et qui n'en vivent pas. D'autres, veulent être star et ne veulent rien faire d'autre que d'être star. Moi, je rêvais de vivre de ça, et en même temps, j'avais envie de passer à la radio, envie d'être aimé, envie que mon cœur que je vide dans les chansons soit entendu par d'autres, envie de signer des autographes, certainement. Tout était mélangé sinon je n'aurais pas fait chanteur !
J'ai appris la guitare en étant interne dans un lycée. Plusieurs surveillants étaient guitaristes. Ils jouaient dans des styles différents, du classique, du jazz, d'autres les Shadows, etc. Moi, tout me plaisait. J'étais boulimique, tout m'émerveillait. Les chansons de Brassens, le prélude n°3 de Jean-Sébastien Bach transcription pour guitare, Samba da una nota so, une bossa (de Antonio Carlos Jobim : ndlr) et puis I want to hold your hand des Beatles. Tout m'émerveillait.
Après la vie nous porte vers un style selon notre physique, notre voix, nos capacités. On est cadré par nos limites. Mon style de voix, mes goûts, mes passions pour l'histoire, les mélodies, certaines harmonies, et cette révélation du rock'n'roll m'ont poussé à faire de la musique pop.
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Laurent Voulzy Recollection (Sony/Bmg) 2008