Arthur H, énergie solaire

Avec L’Homme du Monde, Arthur H prend la tangente : il s’éloigne de la douceur lunaire d’Adieu Tristesse pour gober le soleil, et laisser déborder son flux vital sur des dance floors psychédéliques. Entre transe futuriste et r'n'b à texte, ce nouvel opus secoue les hanches et les méninges. Rencontre avec le cosmonaute aux silences aussi brillants que ses éclats de rire.

Nouvel album L’Homme du Monde

Avec L’Homme du Monde, Arthur H prend la tangente : il s’éloigne de la douceur lunaire d’Adieu Tristesse pour gober le soleil, et laisser déborder son flux vital sur des dance floors psychédéliques. Entre transe futuriste et r'n'b à texte, ce nouvel opus secoue les hanches et les méninges. Rencontre avec le cosmonaute aux silences aussi brillants que ses éclats de rire.

Diffracter la lumière, jouer du kaléidoscope, accrocher à la nuit la flamboyance d’une boule à facettes et disperser des paillettes, inventer un dance floor suspendu aux étoiles, jouer au football avec le soleil : avec L’Homme du Monde, Arthur lance sa bombe H, coup de poing à la morosité, et pétage de plombs en règle, ultime adieu à la tristesse. Depuis un mois, les fans du chanteur aux oreilles paraboliques s’étonnaient de le voir danser avec Madonna sur les beats disco d’un tube efficace (Dancing with Madonna), réminiscence d’un esprit "Katerinesque".

Un groove poétique

Avec ce septième album studio, Arthur H prend la tangente : il quitte la lune, la douce lueur et le rêve étourdi qui baignaient son art d’une brume délicate. Direction le soleil, la danse, l’essence et le sens : un groove poétique, un funk atmosphérique, une variété hypnotique, et une transe technoïde qui viennent parer ses fantasques aventures comme ses vertueux fantasmes. "Le disque naît d’une envie printanière, d’un désir de renouveau, de la quête d’une explosion d’énergie primitive. Je souhaitais repousser les limites de ce que l’on expérimentait sur scène !". Mieux que Lorie, Arthur H prône donc la "positive attitude" : de bout en bout, le disque se danse, antidote au catastrophisme, et à la sinistrose ambiante.

Du r'n'b au disco, du rock à la techno, il brouille les étiquettes musicales, pour bâtir à chaque histoire son propre décor. De l’épopée transcendantale d’un père cosmonaute à la résurgence d’une stroboscopique Lady of Shangaï, de la virée au Lunapark à la chorégraphie lancinante de l’"hypno-techno-gypsie-queen", Arthur H, un brin mégalo, toujours rigolo, gomme les frontières entre illusion et principe physique, matériel et  spirituel : "Indissociable du réel, l’imaginaire l’imprègne. Et inversement". Inspiré ou inspirant ? Pour l’artiste, "les histoires, dans l’air, choisissent leur auteur, attirées par leur vibration. Se noue alors une relation sensuelle, voire sexuelle". Du texte au sexe, l’album porte donc en son sein l’idée d’une gestation, accordée à la fraîche naissance du fils d’Arthur : "L’apparition d’un nouvel être humain sur terre rappelle, physiquement, la puissance autant que la fragilité de l’existence. Les moments passés avec mon bébé nourrissent ma joie d’exister. Ils libèrent une putain d’explosion qui motive pour vivre à fond !".

Se sentir vivant

Se dévoile ainsi le mystère d’un titre poétique, L’Homme du Monde, librement ouvert aux interprétations. Il reste celui qui "vient au monde" dans une esthétique, une pensée de filiation et un hommage père-fils, mais aussi celui qui Est au monde et l’incarne, au présent : "Par delà ce rapport à l’univers invisible, l’album décrit surtout la sensation et le plaisir de se sentir vivant, loin de tous systèmes, idées, ou religions. Dans ce lien immédiat et charnel à la réalité, la musique reste l’un des meilleurs vecteurs du mouvement : corps, cerveau, émotions".

Une quête mystique et quasi philosophique, donc, qu’éclaire le film éponyme et complètement halluciné, réalisé par le cinéaste américain Joseph Cahill, en bonus DVD. Un voyageur de l’espace-temps, en repos dans un hôpital psychiatrique après un choc émotionnel y raconte à un docteur l’origine de ses errances. Ou comment son père, le fameux cosmonaute Jack Flash, à la recherche du "Saint Groove" et de la pulsation universelle, épouse Ségolène Royal, devenue présidente, puis rencontre la Lady Of Shangaï. De leur passion et de la fin tragique de leur amour, naît un fils, l’Homme du Monde, qui brise ses chaînes par la révélation d’une musique "essentielle".

Enregistré entre Paris et Montréal, fruit de l’alchimie de trois cerveaux –l’inspiration et la matière première d’Arthur, la créativité dingue de Nicolas Repac et le savoir-faire américain de Jean Massicote- l’opus ne manque donc pas de dérouter les fans du chanteur. A la limite du disque concept, tant autobiographique, psychanalytique, philosophique que cosmique, l’apparition de cet étrange Homme du Monde, créature onirique et hybride remarquablement produite, ne saurait laisser insensible.

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avec Arthur H

Arthur H L'Homme du monde (Polydor) 2008
En tournée en France à partir du mois d'octobre