Le marathon d'Isabelle

Quatre mois après la sortie de son dernier opus Tout un jour, Isabelle Boulay entame une tournée marathon de plus de six mois, bilan de quinze années de travail. Coup d’envoi à Laval, au Québec le 7 septembre, avant de faire le tour de la France jusqu’en novembre et finir en beauté de nouveau au Québec le 1er avril 2005.

"La" Boulay en tournée, au Québec et en France.

Quatre mois après la sortie de son dernier opus Tout un jour, Isabelle Boulay entame une tournée marathon de plus de six mois, bilan de quinze années de travail. Coup d’envoi à Laval, au Québec le 7 septembre, avant de faire le tour de la France jusqu’en novembre et finir en beauté de nouveau au Québec le 1er avril 2005.

Rencontrer Isabelle Boulay n’a rien d’une sinécure. Entre sa Gaspésie natale, Montréal et Paris, cette jeune femme hyper-active ne souffle pas une seconde. De passage une semaine à Paris avant d’entreprendre cette longue tournée, elle enchaîne avec un sourire charmeur plateaux de télévision, interviews et essayages de costumes de scène dans un grand magasin situé près de cette salle de l’Olympia qui lui va si bien, et où elle se produira du 25 septembre au 2 octobre.

Tout un jour est son septième album, mais pour Isabelle, c’est un peu comme le faire-part de naissance d’une nouvelle aventure: "Tout ce travail d’enregistrement n’a finalement qu’un but: partir sur les routes à la rencontre du public, chanter, le captiver, lui donner ce bonheur qu’il vient chercher en venant me voir. Ce sont vraiment des moments de délivrance. La scène, c’est l’autre endroit où j’habite. Mais après tout ce temps, j’ai toujours un trac fou avant de gravir ces quelques marches qui me mènent face aux projecteurs et au public. Ce nœud dans le ventre disparaît rapidement, mais c’est toujours une pression difficile à vivre."

Une tournée pour Isabelle, c’est un nouveau rythme de vie. Oubliés les grands espaces de Gaspésie et l’été indien qui s’y annonce. Hôtels, transports, concertsseront son "pain quotidien". "Cette tournée est longue, très longue. Six mois sur les routes. Je commence par une quinzaine à Québec parce que mon public originel se sentait un peu délaissé. Lors de ma dernière tournée française, il y a trois ans, je n’avais pas eu le temps de retourner y jouer. Ensuite, ce sera à nouveau l’Olympia, cette salle magique qui me faisait rêver gamine. Une semaine sur les Grands Boulevards, puis les villes de province et à nouveau le Canada. C’est vraiment intense. Après, j’irai me ressourcer dans mon oasis quelques semaines, avant de repartir pour la seconde partie, de janvier à avril, puis d’enchaîner pour les festivals d’été. C’est un vrai marathon qui s’annonce. Près de 150 spectacles, c’est énorme. Mais je ne trouve jamais le temps long sur les routes."

Récompensée en octobre dernier par un cinquième Félix, ces Victoires de la musique québécoise, comme meilleure interprète féminine de l’année, Isabelle a eu une carrière exemplaire. Depuis sa rencontre, voici quinze ans, avec le journaliste Joselito Michaud, puis celle avec Luc Plamondon qui lui donna le rôle de "Marie-Jeanne" dans Starmania, Isabelle Boulay est devenue une vedette de premier plan de la chanson francophone : "Je réalise que les artistes avec lesquels j’ai eu la chance de travailler sont des personnes pour lesquelles j’avais de la considération. Je pense à Reggiani, à Roda-Gil, qui viennent de disparaître. A Serge Lama, Johnny Hallyday, Francis Cabrel, Patrick Bruel, Gilbert Bécaud. Je suis quelqu’un d’extrêmement choyée. Ce sont des rencontres que je n’espérais même pas faire et qui m’ont permis de voir que chez les grands, il y a une immense qualité: l’humilité."

Pour son dernier album, elle a choisi de travailler avec un artiste qui n’a pas cette image. Benjamin Biolay aurait plutôt le "melon" depuis qu’on le compare à un nouveau Gainsbourg. "Benjamin Biolay, est un garçon qui m’aide à sublimer la tourmente. Très bizarrement, on croit que c’est quelqu’un de sombre, alors que moi je suis allée le chercher pour qu’il mette de la lumière dans mes chansons. J’ai eu des auteurs merveilleux pour cet album: Cabrel, Louise Forestier, Zachary Richard, Etienne Roda-Gil. A partir du moment où je tombe amoureuse d’une chanson, et cela se fait dans un mouvement très instinctif, je m’immerge dans l’univers du compositeur. Il y a dans la "nouvelle chanson française", des artistes extrêmement intéressants comme Keren Ann, Emilie Simon, Yann Tiersen. Ils ont, comme Biolay, des personnalités à part, un certain génie, beaucoup de fraîcheur. J’aimerais bien faire quelque chose avec eux si on m’en donnait l’opportunité."

Entre nouvelle génération et vieux routards, Isabelle serait-elle une passerelle? Elle défend toujours une certaine image de la francophonie: "Je sais que ma manière de chanter est rattachée à une époque qui n’est plus la nôtre. C’est probablement une de mes luttes. Je me suis retrouvée lors d’une émission de télévision à faire un duo virtuel avec Edith Piaf. J’en avais la chair de poule. Pour moi, Piaf est la plus grande. Gamine, en Gaspésie, je chantais ses chansons. Aujourd’hui, ce duo pour la télé, une semaine à l’Olympia, cette salle habitée par son âme, je me trouve vraiment très gâtée."

Isabelle Boulay Tout un jour (Sony Music) 2004