FIN DU FESTIVAL D'ETE DE QUEBEC
Le Festival d'été de Québec vient de s'éteindre une 32ème fois. Dix jours de spectacles bien vivants s'achèvent ainsi sous une lourde chaleur et dans une douce ivresse musicale. Mais avant de clore cette petite virée québécoise, revenons sur quelques jolis moments d'un festival qui aime les musiciens.
Remise des prix
Le Festival d'été de Québec vient de s'éteindre une 32ème fois. Dix jours de spectacles bien vivants s'achèvent ainsi sous une lourde chaleur et dans une douce ivresse musicale. Mais avant de clore cette petite virée québécoise, revenons sur quelques jolis moments d'un festival qui aime les musiciens.
Yo, yo, yo,…
Le 14 juillet, ils (elles) étaient tous venus voir Dubmatique, le groupe phare du rap québécois. Mais c'est leur première partie qui a frappé mes yeux et mes oreilles : les Positive Black Soul ( photo). Depuis une dizaine d'années, le duo sénégalais a renouvelé le paysage international du hip hop en y intégrant la tradition et l'âme africaine. Presque une évidence pour un genre musical né de la culture afro-américaine. Stars chez eux, ils jouent devant un parterre qui les découvre. La sauce ne tarde pas à prendre. Accompagnés de trois danseurs, un percussionniste, un joueur de kora et d'un DJ, Didier J.Awadi et Doug E.Tee, font une entrée fracassante dans leur boubou en trichromie. Ils ne restent pas en place une seconde, rappent, toastent, dansent. La prestation est explosive.
La, la, la, la…
Autre culture, autre espace le lendemain avec une affiche belge au Bar le d'Auteuil. Ce soir-là, les ombres de Charles Trenet et d'Edith Piaf planent sur la petite scène étroite. Trenet avec Jeff Bodart (à droite sur la photo), sorte de Tintin joyeux au look années 30. Il a l'air tout droit sorti d'un faubourg parisien mais c'est du côté de Charleroi, en Belgique, qu'il faut chercher les origines Jean-François "Jeff" Bodart. Celui qui a choisi de chanter les bons côtés de l'existence, charme le public avec un sourire grand comme ça. Il est espiègle, un tantinet sautillant, et injecte une sacrée perfusion de sang neuf à la chanson francophone. Il a le secret des refrains swinguants dont certains sont mis en textes par le chanteur français Kent ou l'acide comédien belge Benoit Poelvoorde. Un artiste généreux.
Après Trenet, c'est Piaf qui fait son entrée en scène via Jo Lemaire (à gauche sur la même photo), elle aussi originaire de Belgique. Après s'être fait remarquer dans le paysage new wave des années 80, Jo se reconstruit une carrière à la fin des années 90 en défendant un répertoire ancré dans la chanson francophone la plus classique. Elle met sa popularité en Belgique au service de la langue française, chante Brel et aujourd'hui s'attaque à Piaf. Mais là où beaucoup s'écrouleraient, elle s'en sort brillamment. Sa voix est à la hauteur d'un répertoire qui ne pardonne pas. Et la petite salle du d'Auteuil colle parfaitement à l'atmosphère de ces histoires intenses et obscures.
Boum, boum, boum, boum…
Soirée techno le 16 au Parc de la francophonie. J'y vais par curiosité. La surprise est bonne. Très bonne même. La techno sur scène m'a toujours laissée perplexe. Ca vaut le coup pour le volume sonore indispensable à cette musique. Mais au niveau prestation… hum…pas convaincue la fille. Le set des Jardiniers (photo), trio québécois coincé derrière sa platine et son ordinateur, finit de me convaincre que ce n'est pas une musique de scène. En revanche, leur house est aussi excellente qu'eux sont statiques. Ce n'est pas le cas des spectateurs qui ne tardent pas à transformer l'avant scène en piste de danse. Du plus disco-funky au plus minimaliste, leur son est une réussite. Un premier album est prévu à la rentrée.
Une heure plus tard, quand les Français de Rhinôçérôse s'installent (laborieusement) sur scène, il ne me faut que quelques instants pour me dire que finalement… la musique électronique sur scène… c'est peut-être pas si mal. Mais j'ai des circonstances atténuantes. Rhinôçérôse, c'est le rock de l'an 2000, le mariage des BPM et des guitares électriques. Trois guitares, une basse, des percu, un DJ et on a un vrai spectacle, bien ficelé et qui confirme que le mélanges des genres tient lieu d'engrais dans un renouveau musical un peu poussif. Mais Rhinôçérôse a mis le doigt sur du neuf. Ca se fête.
Ca se finit toujours par des prix
Comme promis, un petit mot des onzièmes Prix Miroir de la chanson francophone décernés par un jury pour le moins joyeux en ce dimanche 18, dernier jour d'école pour le festival. Présidé par le Sénégalais Ismaël Lô, le jury a, je dois l'avouer, effectué un très joli choix. Le Prix de la chanson d'expression française revient au Suisse Sarclo et à ses textes qui grattent. Le Prix de l'Espace francophone échoue dans l'escarcelle des Sénégalais de Positive Black Soul qui sont récompensés ainsi pour la seconde fois par le festival. Du Sénégal au Mali, il n'y a qu'un pas et c'est la gracieuse Rokia Traore qui repart avec le Prix de la révélation. Prix spécial du jury pour un groupe qui déménage, veuillez entendre les Français de Zebda. Enfin, pas de surprise avec le Prix du spectacle le plus populaire pour les irréductibles Québécois des Colocs qui, sur leurs terres, ont de loin attiré le plus de monde le dimanche 11.
Que dire de plus ? Clap de fin sur une programmation, hélas, survolée. Mais le Festival d'été de Québec offre un tel étal de musiques qu'un choix s'imposait. Le bilan est positif et prometteur pour l'an 2000. Métissage à la clé, le FEQ a trouvé la meilleure façon d'aborder le futur de la musique.
Texte et photos : Catherine Pouplain