SÉLECTION DE LIVRES
Pendant longtemps, il ne paraissait guère que deux ou trois livres intéressants par mois dans le domaine des musiques populaires. Depuis quelques années, l’édition est devenue beaucoup plus audacieuse dans ce domaine et, entre mémoires des artistes, biographies et albums de souvenirs, les rayons des libraires sont de plus en plus riches. Petite sélection pour vous guider à l’approche des fêtes.
Chanson française
Pendant longtemps, il ne paraissait guère que deux ou trois livres intéressants par mois dans le domaine des musiques populaires. Depuis quelques années, l’édition est devenue beaucoup plus audacieuse dans ce domaine et, entre mémoires des artistes, biographies et albums de souvenirs, les rayons des libraires sont de plus en plus riches. Petite sélection pour vous guider à l’approche des fêtes.
Les mémoires d’Aznavour
Plusieurs fois ces quarante dernières années, Aznavour s’était plus ou moins raconté au magnétophone de journalistes qui publiaient ces souvenirs. Cette fois-ci, c’est lui-même qui s’est mis au clavier d’ordinateur et qui a écrit son autobiographie. En courts chapitres très denses, il raconte son enfance, ses débuts, ses échecs et son ascension, les grands moments de sa carrière et de ses amours… Il n’y a pas là le luxe de détails que Maurice Chevalier mis à l’écriture de ses mémoires (Ma route et mes chansons, huit cents pages dans l’édition Flammarion de 1998), mais un sens aigu de l’anecdote qui condense toute une époque, de la phrase resserrée qui remplace tout un portrait : une écriture en prose qui ressemble, par son économie et sa rigueur, à celle d’un des plus grands écrivains de chansons qui soit.
Le temps des avants de Charles Aznavour, Flammarion, 353 p., 20 €.
Brel, Brassens, Ferré, Leloir : trois voix et un oeil
Autour d’un buisson de micros, la table encombrée de verres, de bouteille, de tabac, les trois géants devisent : le 6 janvier 1969, Jacques Brel, Léo Ferré et Georges Brassens sont réunis et le photographe Jean-Pierre Leloir prend des clichés de légende. Pour la première et dernière fois, les trois plus grands auteurs-compositeurs-interprètes de leur génération ont été réunis pour une interview collective par le journaliste François-René Cristiani. Des extraits seront publiés à l’époque dans le mensuel Rock & Folk, d’autres diffusés sur RTL, une version plus complète paraîtra en 2001 dans la revue Chorus, mais voici enfin le décryptage intégral de leur conversation, ainsi que des dizaines de clichés inédits. Le métier, la création, le public, le show business, les femmes, l’argent, la critique, la politique : un dialogue passionnant qui éclaire d’un jour neuf trois oeuvres majeures de la chanson française.
Brel, Brassens, Férré, Trois hommes dans un salon de François-René Cristiani et Jean-Pierre Leloir, Fayard-Chorus, 80 p., 25 €.
Cinquante ans d’Olympia
Le plus légendaire music-hall de France – et peut-être d’Europe – va fêter ses cinquante ans dans quelques mois. Personnalité majeure du lieu pendant des lustres avant de succéder à Bruno Coquatrix à la mort du créateur de l’Olympia, Jean-Michel Boris a supervisé la rédaction de ce gros album imposant (format 27 x 32, 224 pages). Année par année, l’histoire du navire-amiral de la chanson française, des incontournables légendes (les derniers concerts de Piaf, les adieux de Brel, la venue d’Oum Khalsoum) à mille moments mémorables : le spectacle Jour de fête de Jacques Tati, Pierre Desproges présentant Dalida, les triomphes de Michel Boujenah et Muriel Robin, les passages des Rolling Stones… Avec des centaines de photos et des milliers de noms cités, une mine inépuisable d’anecdotes et de souvenirs…
Olympia-Bruno Coquatrix : Cinquante ans de Music-hall de Jean-Michel Boris, Jean-François Brieu et Eric Didi, Hors Collection, 224 p., 38 €.
Jean-Roger Caussimon, toujours
Vingt-deux ans après s’être éteint, le rugueux, le rêveur, l’attendri Jean-Roger Caussimon est toujours présent dans l’actualité : voici Le Vagabond d’automne, recueil de chansons et de poèmes inédits, proposant, outre une iconographie abondante, le texte de ses deux pièces de théâtre de jeunesse, Si la Garonne avait voulu (1942) et 22, rue du Calvaire (1945) – une mine d’enchantements venus sous la plume du plus désenchanté des créateurs de la chanson française. Le livre est accompagné d’un CD de vingt-deux chansons rares ou introuvables interprétées par Caussimon lui-même ou par Catherine Sauvage, Barbara, Julien Clerc, les Frères Jacques, Angélique Ionatos ou Arno. Son précédent recueil de textes, Mes chansons des quatre saisons, ainsi que son autobiographie inachevée, La Double Vie, reparaissent dans des versions augmentées, également accompagnés de CD (respectivement vingt titres enregistrés en 1978 au théâtre de la Ville et vingt-sept inédits ou titres rares par Caussimon et ses interprètes).
Et, pour être complet, il faut rappeler que son intégrale en huit CDs et quatre-vingt-seize chansons vient d’être rééditée par Le Chant du monde-Harmonia Mundi dans une version remastérisée et augmentée, et que sa famille vient d’exhumer Inédits 1946-1949 (1 CD SWProductions, distribué par Socadisc), série d’enregistrements pour la radio suisse romande au cabaret du Lapin Agile dans l’immédiat après-guerre.
Le vagabond d'automne de Jean-Roger Caussimon, Le Castor Astral, 240 p., avec un CD de 22 titres, 30 €
Mes chansons des quatre saisons de Jean-Roger Caussimon (nouvelle édition), Le Castor Astral, 344 p., avec un CD de 20 titres, 30 €
La double vie de Jean-Roger Caussimon (nouvelle édition), Le Castor Astral, 240 p., avec un CD de 27 titres, 30 €
A la rencontre de Marie Dubas
Si elle n’a pas la célébrité posthume d’une Piaf ou d’une Fréhel, ce n’est pas seulement parce que Marie Dubas n’a jamais beaucoup aimé les studios d’enregistrement, mais peut-être parce qu’en France, on s’est toujours plus ou moins méfié des fantaisistes. Et pourtant sa gloire fut immense – comme l’addition d’une Annie Cordy et d’une Patricia Kaas – pendant des décennies, qu’elle fasse rire le public avec son célébrissime Pedro ou le fasse pleurer avec La Prière de la Charlotte ou Mon légionnaire. Vingt-trois ans après un premier livre consacré à ce phénomène de la scène, le journaliste Robert de Laroche et le fils de la chanteuse, François Bellair-Dubas, publient une passionnante biographie, nourrie des archives personnelles de la chanteuse et très bien illustrée. Une étourdissante plongée dans l’histoire des variétés.
Marie Dubas, comédienne de la chanson de Robert de Laroche et François Bellair-Dubas, Christian Pirot, 400 p., 21 €.