2 août : Emilie Simon et Ariane Moffatt
Encore une soirée dominée par les filles ! Une Française, Emilie Simon, et une Québécoise, Ariane Moffatt. La première jouait au Spectrum, la seconde sur la grande scène en plein air. Démarches à la fois similaires, et totalement opposées.
La réserve et l'engagement
Encore une soirée dominée par les filles ! Une Française, Emilie Simon, et une Québécoise, Ariane Moffatt. La première jouait au Spectrum, la seconde sur la grande scène en plein air. Démarches à la fois similaires, et totalement opposées.
Côté similitudes, deux parcours presque parallèles : Simon et Moffatt n’ont pas encore trente ans, elles ont suivi l’une et l’autre de sérieuses études musicales, chantent aussi bien en français qu’en anglais, adorent bidouiller les sons et tentent d’exploser les carcans en mêlant l’electro, le rock, la pop ou même parfois le reggae. Exploratrices mélodiques et sensorielles, les demoiselles décomplexées se frayent un chemin très personnel au pays des musiciens. Fortes têtes, têtes chercheuses. Et fortes personnalités.
Mais c’est dans la façon d’aborder la scène qu’elles se démarquent l’une de l’autre, sans qu’il soit plus possible de les confondre ni même de les rapprocher. Emilie Simon se présente les pieds nus, dans une robe blanche étoilée. De loin, on jurerait une petite fille sage… De près, son tatouage dans le dos ressemblait à un point sur un i : oui, Emilie suit ses envies, sans qu’on sache toujours où elles vont nous mener. Une intro très electro aux franges de la musique savante, un détour par le rock, une séquence plus acoustique au piano dans un esprit très "chanson"…
Emilie Simon est douée, elle ménage ses surprises, reste sur la réserve, ne sourit guère au public mais se fait acclamer par une salle au bord de l’hystérie. Cette habituée des Francos ose même chanter en anglais ce que d’ordinaire les Montréalais n’apprécient guère pendant le festival. Allez savoir pourquoi, avec elle, la pilule semble avoir perdu tout arrière-goût d’amertume.
Chez Ariane Moffatt, changement de ton et d’attitude : avec elle, il n’est plus question d’aucune réserve sur scène, au contraire : l’engament est autant physique qu’artistique. Exit aussi la posture quelque peu élitiste de sa consœur Emilie. Les concerts de la Québécoise sonnent plutôt comme des fêtes populaires, surtout ici, à Montréal... Et surtout cette année, puisque c’est sur cette même scène en plein air qu’Ariane Moffatt avait donné son tout premier concert, en 2002 ! Son retour d’aujourd’hui, sur les lieux du baptême, a pris le parfum enivrant du triomphe et de la consécration.
Une foule gigantesque (la plus impressionnante depuis le début du festival !) a porté en triomphe ce petit bout de femme dynamite, aux chansons parfois hypnotiques et toujours entraînantes. Ariane Moffatt a livré là un concert resserré d’une étonnante intensité… Au point de revenir saluer une serviette éponge autour du cou, à la mode des boxeurs. Son ring, c’était la scène, mais face à elle il n’était point d’adversaire. Juste ces dizaines de milliers de personnes enchantées par tant de générosité. "C’est la fin de l’heure, vous êtes les meilleurs !", a-t-elle lancé avant de s’éclipser. Mais ce soir, la meilleure, c’était elle.
Valérie Lehoux
A écouter
interviewées par Valérie Lehoux - Musiques du monde (31/01/07) de Laurence Aloir (1'25)
Ariane Moffatt interprète
en live
Emilie simon interprète
en live