LA FIESTA DES SUDS
Une programmation qui baigne dans un grand Sud imaginaire, qui va de la France au Nigeria, en passant par la Louisiane et l'Argentine. Près de 50.000 personnes y sont attendues cette année. Avec trois cents artistes au programme, le festival de la Fiesta des Suds transforme les nuits d'octobre en un formidable feu d'artifice musical sur la cité phocéenne.
Marseille s'amuse utile
Une programmation qui baigne dans un grand Sud imaginaire, qui va de la France au Nigeria, en passant par la Louisiane et l'Argentine. Près de 50.000 personnes y sont attendues cette année. Avec trois cents artistes au programme, le festival de la Fiesta des Suds transforme les nuits d'octobre en un formidable feu d'artifice musical sur la cité phocéenne.
Le festival incarne le mythe vivant d'une ville ouverte sur le monde.
Avec son Vieux Port, ses habitants venus du monde entier, sa passion du festif, sa douceur réelle et non feinte, Marseille consiste en un condensé de possibilités d'échanges entre les cultures. Il y a une identité forte et citoyenne qui naît de la mosaïque des communautés présentes sur le sol phocéen ("Marseille invente une citoyenneté où l'on peut être de quelque part en étant furieusement d'ici!").
A sa naissance il y a huit ans, la Fiesta a tout de suite souhaité refléter cette image-là, en se positionnant comme un rendez-vous annuel destiné à un public cosmopolite de proximité et d'ailleurs à la fois. Une sorte de vitrine conviviale et populaire qui tient compte en premier lieu du fait que la musique est le véhicule le plus simple et le plus évocateur qui soit entre les peuples. Un espace de rencontres et d'échanges qui contribue à mettre un contenu artistique derrière les slogans rassembleurs. Autrement dit, il fallait inventer un festival qui soit bien ancré dans l'esprit de cette ville. Un pari gagné pour un festival qui attire en moyenne plus de 45.000 personnes à chaque fois et qui se prolonge ensuite dans l'année par d'autres concerts, des colloques, des festivals. Une magie qui est due également aux lieux où se déroulent habituellement le festival.
Des lieux pleins d'Histoire
"Je crois que le deuxième aspect de la Fiesta des Suds," raconte Florence Chastagnier, directrice du festival, "c'est qu'elle a aussi investi des lieux qui font partie du patrimoine industriel de la ville et de cette ouverture sur la mer. Marseille est une ville de transit. On a occupé depuis 1992 des lieux qui sont les symboles de ce transit. En 92, on a utilisé les grands docks de la Joliette. Ensuite, on est passé à l'intérieur du port aux lieux des compagnies fruitières, qui étaient à l'époque où on l'a utilisé en 95 le lieu d'embarquement des voitures pour le Maghreb et pour la Corse. On a fait un petit exil du côté de la gare avec l'ancienne manufacture de tabac et aujourd'hui donc on est installé dans le dock des suds, qui est aussi un bâtiment appartenant au port". Cet investissement de lieux appartenant à l'histoire de la ville a permis aux Marseillais de se retrouver dans un cadre qui justifie justement l'expression de tout le monde, sans connotations tendancieuses. "A travers ces lieux-là, on a pu rassembler tous les gens, de toutes origines sociales ou communautaires. Et chacun a su y retrouver une part de son histoire". Cela a donc énormément contribué au succès remporté par la manifestation auprès des Marseillais. Derrière eux, un public venu d'ailleurs s'est ensuite laissé emporter par la vague. Dans l'ensemble, il y a aussi la programmation qui joue. C'est le maillon le plus important du festival.
Une programmation qui marie Marseille aux sonorités du grand Sud
L'Afrique, l'Amérique latine, l'Europe méditerranéenne, l'équipe du festival pense même à intégrer le sud du Nord pour bientôt : le concept est donc très large. Plus de trois cent artistes cette année, une vingtaine de pays représentés, treize soirées qui vont du 08 au 31 octobre : l'ensemble répond à deux principes. Soutenir la scène locale dans un premier temps, lui donner les moyens de s'exprimer professionnellement, accompagner les groupes de la région vers un seuil de maturité susceptible de les faire connaître au-delà des frontières nationales.
Barrio Chino qui vient de signer en Amérique, Kanjar'Oc qui sort chez Globe Music ou encore Watcha Clan sont quelques unes des formations sur lesquelles le festival a misé avec bonheur. Inviter des artistes internationaux dans un deuxième temps, reconnus en dehors de leur création propre grâce à une action citoyenne et à un engagement social utile à leur pays. Bernard Aubert, autre responsable de la Fiesta, tient à illustrer ce propos: "On est intéressé par Willy Deville, parce que ce Monsieur en Louisiane fait un travail gigantesque de formation de musiciens. Cesaria Evora on le sait n'est pas qu'une musicienne. Elle fait vivre des centaines de personnes. Elle fait un énorme travail aussi au niveau de la construction des écoles dans son pays. Femi Kuti c'est pareil, on le savait. Toutes les personnes qui sont programmées cette année ne sont pas que des musiciens. Et ça aussi c'est un choix qu'on opère. Il y a la qualité musicale. Et il y a aussi l'engagement personnel de l'artiste et la façon qu'il a de vivre son acte citoyen. Cela nous intéresse. Ce ne sont pas seulement des produits ou des stars. Ce sont aussi des gens qui sont actifs dans leurs pays". Le principe amène ainsi l'équipe à programmer utile à chaque édition de la Fiesta.
Soeuf Elbadawi
Quelques-uns uns des artistes annoncés d'ici la fin du mois : Cheb Aïssa, Dupain, Fania, Salif Keïta, Willy Deville, Cesaria Evora, Sergent Garcia… Pour avoir le programme complet de la Fiesta des Sud, téléphoner au 04.91.99.00.00 ou bien visiter leur site.