Vu d'ailleurs mars 2007

Les beaux jours reviennent. Comme la nature, la scène musicale française se réveille aussi au printemps. L’actualité est riche : Air et Carla Bruni sortent leur CD dans le monde entier, Polnareff revient au zénith (et à Bercy) et Piaf revit sur les écrans.

Un printemps français

Les beaux jours reviennent. Comme la nature, la scène musicale française se réveille aussi au printemps. L’actualité est riche : Air et Carla Bruni sortent leur CD dans le monde entier, Polnareff revient au zénith (et à Bercy) et Piaf revit sur les écrans.

Quel rapport entre Carla Bruni et Air ? Chacun à leur manière représentent la musique française qui s’exporte. Ils reviennent simultanément dans l’actualité discographique. No Promises (Naïve), c’est un peu "la collection Carla", une belle revanche pour celle "qui était plus connue comme supermodel", note The Indépendant (Angleterre, 21/2). Moquée par la presse française quand la belle s’est lancée dans la chanson en 2004 (Quelqu’un m’a dit s’est depuis vendu à 2 millions d’exemplaires), Carla Bruni bénéficie aujourd’hui des honneurs de la presse internationale, qui se presse pour l’interviewer, comme l’hebdo allemand à grand tirage Spiegel ou le quotidien populaire suédois Dagens Nyheter. En français comme en anglais, "Carla Bruni chante toujours des poèmes sur les amours inaccessibles", décrit sans flamme le quotidien Hamburger Abendblatt (Allemagne, 7/2). Mais le ton a changé : "conseillée par Marianne Faithfull", lit-on dans le supplément Loisirs du journal La Verdad (Espagne, 16/2), Carla "abandonne l’enchantement chic de la chanson pour adapter des poètes anglo-saxons comme Emily Dickinson, Walter de la Mare, Christina Rosetti, Auden ou Yeats".

Comme Bruni, le duo Air n’avait rien sorti depuis 2004.Mais Pocket Symphony (Virgin) divise. Le Los Angeles Daily News (USA, 1/3) est franchement déçu, et relègue Air au rang de "gloire passée". La musique des Versaillais serait devenue trop prétentieuse. C’est aussi l’avis du Rheinische Post (Allemagne, 1/3) qui voit en Pocket Symphony une "musique pour aristocrates". A l’inverse, le Boston Herald (USA, 16/3) loue leur "tentative d’établir le lien entre la pop et des territoires classiques", comme ces sons venus d’Asie. Billboard (3/3), la bible du showbiz américain, tente de mettre tout le monde d’accord et relativise : "Pocket Symphony souffre de la comparaison " avec Talkie Walkie, son brillant prédécesseur. Au public de trancher.

A l’étranger aussi, le retour de Michel Polnareff n’est pas passé inaperçu. Comme d’autres confrères, le Post Chronicle (USA, 3/3) s’en fait l’écho ("Polnareff fait un retour triomphant à Paris") et présente à ses lecteurs américains, cet expatrié si particulier qui vit depuis longtemps chez eux, côté Californie. "Remarqué dans les années 1960 et 1970 pour sa voix angélique, Polnareff a acquis une grande popularité en France avant qu’il ne quitte ce pays il y a 34 ans sous le coup d’accusations fiscales".

Pour The Observer (Angleterre, 4/3), Polnareff était surtout "un rival du regretté Serge Gainsbourg". "Les deux hommes ont mixé la chanson française traditionnelle avec le rock, la pop et le jazz. Les deux étaient sexuellement provocants, ont souffert de dépression et fait ensuite l’objet d’un culte."

"Michel qui ?", ironise The Independent à Londres (3/3). Si "la popularité de Polnareff est largement confinée au monde francophone", cet illustre inconnu, pour sa première tournée depuis 1973, a fait banco. "Les 140000 billets pour ses dix concerts au Palais Omnisports de Bercy, dans l’Est de Paris, ont été vendus à des prix allant jusqu’à 140 euros l’unité." Pour l’heure, "après Paris", se réjouit La Libre Belgique (5/3), "Polnareff se lancera dans une tournée qui le mènera, du 17 mars au 7 juillet, dans une quinzaine de villes françaises, à Bruxelles et à Genève. Cette tournée événement sera suivie de la sortie d’un album live et d’un DVD".

Sur disque, Michel Jonasz "vient de céder à son tour aux sirènes de la reprise, exercice de réappropriation toujours périlleux", raille Le Temps (Suisse, 17/3), et "s’auto-parodie". Au programme de Chanson française (Warner) : "la sainte trinité Brel-Ferré-Brassens (sept titres sur douze) ; Piaf, Nougaro et Prévert complètent ce tableau tristounet, où Jonasz ajoute deux inédits en forme d'hommages ronflants."

Dans les bacs et sur scène, le printemps français offre un large choix alors plutôt qu’acheter un disque de reprises bâclé, courrons au cinéma découvrir La Môme, le film sur Edith Piaf, porté par l’interprétation remarquable et réaliste de Marion Cotillard. Rebaptisé La Vie en rose pour le marché international, le long métrage d’Olivier Dahan a ouvert à New York le festival annuel Rendez-Vous With French Cinema. "Le portrait sauvage par Marion Cotillard de la chanteuse française Edith Piaf en animal captif hurlant aux barreaux de sa cage est l’une des immersions les plus étonnantes qui m’ait été donnée de voir d’un performer dans le corps et l’âme d’un autre", s’enflamme le New York Times (28/2). Plus de 4 millions de spectateurs français sont déjà tombés sous le charme.