Daho toujours

La carrière du toujours sémillant Etienne Daho semble à jamais marquée par son passage sur la scène de la première édition des Transmusicales. Le festival s'apprête à fêter son vingt-cinquième anniversaire et le chanteur pourrait presque en faire autant, professionnellement s'entend. Loin des commémorations, il sortait il y a quelques semaines un nouvel opus, neuvième du genre. Alain Pilot, l'interviewait alors, pour sa Bande passante.

Interview

La carrière du toujours sémillant Etienne Daho semble à jamais marquée par son passage sur la scène de la première édition des Transmusicales. Le festival s'apprête à fêter son vingt-cinquième anniversaire et le chanteur pourrait presque en faire autant, professionnellement s'entend. Loin des commémorations, il sortait il y a quelques semaines un nouvel opus, neuvième du genre. Alain Pilot, l'interviewait alors, pour sa Bande passante.

 

 

 

Un nouvel album : Réévolution

 

Vous expliquez le titre de votre album par trois mots en un seul rêve, évolution…
Au début, le mot m'est apparu par un flash. Quand je l'ai décortiqué, j'ai trouvé ce qu'il voulait dire. Parfois on comprend les mots longtemps après.
Votre chanson titre se termine par "le poing levé". C'est la première fois que vous chantez la révolution ainsi ?
Je trouve que depuis 2001, on vit dans un monde très tourmenté et cette chanson est juste l'envie d'un monde meilleur. Je l'ai formulé ainsi. Il y a aussi l'idée de la résistance, de l'esprit critique, de la contre culture. C'est l'avantage de ces chocs qu'on a tous les jours, c'est de nous donner l'envie de nous armer et de nous lever.
Comment avez-vous conçu ces textes-ci ?
Compte tenu du nombre de textes que j'ai écris, il y a toujours une inquiétude à aborder le travail sur les textes. On se demande si on n'a pas déjà parlé de tel ou tel truc, si on ne l'a pas déjà dit en mieux. Et j'essaie donc d'être dans un truc discipliné, de faire un texte par jour et ça a marché jusqu'à un certain point. J'ai pu en faire dix sur douze comme ça. C'était assez spontané. J'étais content.
Cet album, vous l'avez réalisé avec les musiciens de la tournée précédente dans des conditions live, c'est à dire tous ensemble en studio comme un concert...
On a tout répété chez moi. On a pris le temps d'être ensemble et on a enregistré très très vite, en quinze jours.
Que deviennent les chutes ?
Je les mets toujours dans des tiroirs et puis je les oublie mais il faut que je réécoute tout ça, certains titres doivent voir un jour voir la lumière. Beaucoup de chansons attendent encore.
Vous faites aussi travailler de jeunes auteurs ?
Oui, Christian Fradin et aussi Vincent Mounier de Lyon (ex-Affaire Louis Trio) qui a aussi une place dans la production. C'est important de travailler avec ces gens que j'aime vraiment. Pour certains, c'était la première fois qu'ils écrivaient une chanson, c'est génial. Réévolution, je l'ai écrite avec Christian Fradin, c'était sa première signature à la Sacem.
Il y a une chanson signée Jacques Duvall, c'est une première ?
Oui, c'est une drôle d'histoire. Marie-France, l'égérie parisienne, voulait faire un duo avec moi et elle travaille avec Duvall. Parallèlement, j'ai reçu cette chanson que je pensais faire le duo. Finalement, le duo ne s'est pas fait mais j'ai gardé ce titre.

 

 

 

C'est rare que vous chantiez d'autres textes que les vôtres ?
Oui, comme je les écris toujours, personne ne m'en envoie. Mais je pense que c'est important quand on est interprète d'écrire ces mots.
Vous avez réussi la prouesse de chanter avec Charlotte Gainsbourg ?
Ça a été très simple, en fait. Elle m'a fait savoir qu'elle voulait faire quelque chose avec moi mais après le duo avec Dani, je ne voulais pas abuser du genre. Et finalement, je trouvais que cette chanson était parfaite pour nous deux. Il y a aussi un autre duo avec Marianne Faithfull qui n'était pas prévu. Elle était venu au début juste lire un texte de son grand-oncle (Leopold Von Sacher-Masoch : ndlr) , la Venus en fourrure, et finalement, elle a chanté les refrains ce qui était super.
Pour vos pochette d'albums, vous dites partir souvent du titre et d'une image ? Quelle était celle de Réévolution ?
En fait, j'avais un tout autre projet au début avec Hedi Slimane (créateur chez Dior). On avait fait des photos à Berlin mais il n'en était pas très content. Et c'est Antoine Carlier, un graphiste, qui a spontanément fait un projet avec un lettrage gothique que j'aime beaucoup. C'est une police dangereuse à manipuler et j'aime ça. Il les a retourné et vidé ce qui leur donne un côté oriental. Il avait choisi une photo de Nick Knight et c'était parfait. Donc l'image est arrive après coup et ce fut une surprise.

 

Reconnaissance

 

Vous avez reçu l'ordre du mérite ?
C'était vraiment une surprise ! Certains la demandent pendant longtemps mais pour moi, je ne sais pas comment ça s'est passé. Ma mère m'a appelé pour me dire qu'elle avait lu ça dans le journal. Ca lui faisait hyper plaisir donc je suis allé jusqu'au bout pour elle. Je suis un petit immigré donc ça avait une certaine valeur pour elle…
A partir de quel moment on vous a pris au sérieux dans votre famille ?
Ah mais je ne leur ai pas du tout demandé leur avis ! Je ne suis pas le genre de personne à qui on dicte sa conduite. Ils ont d'ailleurs été au courant de mes activités bien longtemps après. J'avais fait une émission avec Michel Drucker et ils m'ont vu. Comme c'était un moment où ça commençait à marcher, il n'y a pas eu de commentaires particuliers.
Vous êtes connu – dans certaines limites - jusqu'aux Etats-Unis. Recevez-vous des mails d'Outre-Atlantique ?
Oui, ça arrive. Mais ce n'est pas massif, bien sûr. Mais il y a toujours des gens intéressés pour faire des concerts. J'ai joué seulement à New York.

 

 

 

Des concerts

 

Comment faites-vous en tournée avec tous les duos ?
La complexité du moment est plutôt tournée autour de la liste de titres que je vais chanter. J'ai donc décidé de faire ça en deux temps : un Olympia en mars qui sera très austère et plutôt une tournée autour d'un best of personnel et il y a une tournée de grandes salles au mois de juin qui sera un spectacle plus spectaculaire avec des projections, avec tous les tubes. Il n'est pas exclu que parallèlement, il y ait des petites salles.
Bashung a fait des auditions de musiciens pour sa tournée, usez-vous du même principe ?
Je travaille à l'instinct plutôt. Vincent Mounier par exemple, m'avait fait savoir qu'il voulait tourner avec moi. Je l'ai vu une heure et j'ai dit, c'est ok. C'était le bon. Ce métier, c'est l'envie, c'est l'élan.
Les Transmusicales fêtent leur 25 ans. Qu'en pensez-vous ?
Je trouve ça génial que ça dure encore. Ce sont des gens qui ont vraiment une éthique et la même depuis le début. Ce sont vraiment des amis que je défends à fond.

 

 

 

 

 

 

Etienne Daho partira en tournée en mars 2004 et sera à l'Olympia à Paris du 23 au 28 mars.