Les Tambours du Bronx en remettent un coup

L’année prochaine, cela fera 20 ans que le collectif de percussionnistes tape sur des bidons. Les quelques 80 musiciens qui sont passés par le groupe bourguignon ont fait les comptes : en deux décennies, ils ont laissé, dans le sillage de leurs six albums et de leur millier de concerts, 10000 cadavres de bidons et 80000 squelettes de mailloches. Témoignage de leur démesure musicale et physique, un DVD sorti récemment montre leur spectacle actuel, où les percus sont rejointes par des boucles électro et un rap très rauque.

DVD et tournée

L’année prochaine, cela fera 20 ans que le collectif de percussionnistes tape sur des bidons. Les quelques 80 musiciens qui sont passés par le groupe bourguignon ont fait les comptes : en deux décennies, ils ont laissé, dans le sillage de leurs six albums et de leur millier de concerts, 10000 cadavres de bidons et 80000 squelettes de mailloches. Témoignage de leur démesure musicale et physique, un DVD sorti récemment montre leur spectacle actuel, où les percus sont rejointes par des boucles électro et un rap très rauque.

Régisseur des Tambours du Bronx dont il a été "bidonniste" pendant douze ans, Map revient sur l’histoire du groupe, qui s’est construit à l’écart de toutes les modes.

RFI Musique : Votre groupe a presque vingt ans. Quels principes ont présidé à sa naissance ?
Map : L’idée de base était celle d’un happening : une prestation courte, sauvage et urbaine, destinée à faire parler d’elle. Nous étions une bande de potes aux influences rock et percu, évoluant dans un quartier de Nevers (dans la Nièvre) réputé un peu chaud et surnommé le Bronx. Le nom est venu de là. Quant au recours aux bidons, il s’explique surtout par le fait que nous avions peu de moyens et que c’était un bon moyen de se faire entendre. A l’époque, il y avait 18 personnes dans le groupe. Actuellement, il y en a 22. De manière générale, nous avons toujours été entre une grosse quinzaine et 25.

Quelle a été l’évolution musicale du groupe ?
Le grand tournant des Tambours du Bronx a eu lieu ces dix dernières années, avec une évolution principalement sonore. Le bidon dégage une grande énergie rythmique mais au bout d’un certain temps, les musiciens ont voulu ajouter d’autres éléments musicaux. Depuis deux ou trois ans, il y a avec nous des claviers et tables de mixage qui permettent d’accompagner notre musique de nappes sonores. On a donc ajouté de la profondeur à la musique des Tambours. Il y a également plusieurs chanteurs ou rappeurs.

Vous soignez également la mise en scène, avec des passages presque chorégraphiés ou des éclairages à la lisière du fantastique…
Un gros travail a été fait sur les lumières et sur le son des bidons. Désormais, nous produisons un spectacle total d’une heure trente, et non plus un happening de vingt minutes. Le DVD retransmet bien ce côté spectaculaire, d’autant que c’est la première fois, en dehors des passages à la télé, qu’on peut voir des images du groupe. On a cherché à y mettre la même énergie que sur scène.

Vous êtes une vingtaine sur scène, 80 musiciens sont passés par les Tambours depuis sa création, vous créez des spectacles où le visuel joue une grande importance : est-ce que vous vous comparez parfois à une troupe de nouveau cirque ?
Non, nous sommes vraiment un groupe de rock. Nos influences et notre histoire viennent de là. Nos premiers concerts étaient dans la mouvance du rock alternatif, nous partagions la scène des Garçons Bouchers, de la Mano ou des Négresses Vertes, des Wampas ou de Pigalle. D’ailleurs, à part les Wampas, nous sommes les seuls encore en activité ! (il rit) Une fois que tu réussis à gérer le fait qu’il y a plusieurs compositeurs et plein de gars sur scène, c’est bon. Mais ce n’est pas toujours facile : ça ne l’est déjà pas à quatre ou cinq alors à vingt ! Mais l’aventure humaine est un paramètre capital dans notre parcours : nous avons un état d’esprit commun. Même si nous avons des influences ou des goûts différents, même si nous ne vivons pas tous dans la même caravane, il y a chez nous un côté tribal, quasi-communautaire. Le passage de nombreux musiciens dans les rangs des tambours, et le fait qu’ils aient dans la formation actuelle, entre 25 et 47 ans, ça permet un renouvellement constant des énergies et de se remettre en question régulièrement.

Comment savez-vous que vous avez explosé 10000 bidons et 80000 mailloches ?
Parce que nous avons des comptes très précis ! Notre fournisseur est une usine normande de fûts métalliques. Nos mailloches en hêtre (du type des manches d’outils), c’est notre matière première et cela représente un budget instrument important. Vous connaissez beaucoup d’artistes qui cassent leur guitare, leur basse ou leur batterie tous les soirs ? Pour nous, c’est très important de casser nos instruments à la fin de chaque concert : c’est la preuve que l’engagement physique est réel, qu’on se donne à fond, et c’est aussi ce que notre public aime. Je n’ai pas de gêne à la dire : nos concerts sont aussi physiques que musicaux.

DVD Les Tambours du Bronx Live (Naïve) 2006
En concert le 6 avril à Paris (Elysée-Montmartre) et dans toute la France jusqu’en août.