Quand BB chantait
Le DVD Divine BB permet de retrouver l’autre incarnation du mythe Bardot: en plus de deux heures de documents originaux et trente-quatre chansons, l’histoire d’une star qui donna sa voix à quelques-unes des chansons les plus légendaires des années 60. Rencontre avec une icône qui a choisi, il y a quelques lustres, de quitter l’écran pour ne plus se consacrer qu’aux animaux maltraités.
Retour sur les chansons de Brigitte Bardot
Le DVD Divine BB permet de retrouver l’autre incarnation du mythe Bardot: en plus de deux heures de documents originaux et trente-quatre chansons, l’histoire d’une star qui donna sa voix à quelques-unes des chansons les plus légendaires des années 60. Rencontre avec une icône qui a choisi, il y a quelques lustres, de quitter l’écran pour ne plus se consacrer qu’aux animaux maltraités.
«C’était mon cadeau aux téléspectateurs», se souvient Brigitte Bardot. Pour les jours de l’an 1962 et 1963, puis en 1968, on l’avait vue à la télévision présentant ses chansons dans des shows d’une belle élégance. Il y avait là tous ses tubes, de La Madrague à Comic Strip et Bonnie and Clyde en duo avec Serge Gainsbourg, des séquences étonnantes comme une démonstration de Manitas de Platas à la guitare, devant une BB bouche bée. En ce temps où la France n’avait qu’une seule chaîne de télévision en noir et blanc et où l’astre blond Bardot régnait sur le monde, elle tournait ces shows flamboyants en apportant elle-même ses vêtements et ses perruques, sans styliste ni maquilleuse. Surtout, elle n’était pas payée, puisque c’était pour le plaisir: «C’était moins surprenant à l’époque que maintenant. Travailler gratuitement était très envisageable puisque l’argent n’était pas comme aujourd’hui le nerf de la vie.»
Divine BB donne à voir ces splendeurs gravées dans les mémoires mais aussi des curiosités inédites: Stanislas chanté avec les Frères Jacques, La Bise aux hippies en duo avec Sacha Distel et Gainsbourg, son auteur-compositeur, à la guitare… Ses préférées parmi ses chansons ? «La Madrague et Harley Davidson, les deux qui sont typiques de moi.» Mais Bardot n’a jamais eu de Harley Davidson. «Je donne l’impression de maîtriser ça haut la main mais la moto n’est pas mon truc. J’ai eu une 125 sur laquelle je me cramponnais. J’en faisais parce que c’était la mode mais si on m’avait poussée un peu, je serais tombée. D’ailleurs, Gainsbourg ne savait pas faire de moto et il n’avait pas son permis de conduire.»
Quand elle était gosse, elle ne s’intéressait guère à la musique. «On a voulu m’apprendre le piano et le solfège. Maman! Ce n’est pas mon truc et ça n’a pas duré longtemps.» Ce qui l’intéressait, c’était la danse, qu’elle a délaissée pour le cinéma. «A la maison, on n’achetait pas de disques. C’était les Johann Strauss, la Valse triste de Sibélius, avec les chansons de Trenet et de Maurice Chevalier. Je n’avais pas de musique à moi, à part mon piano qui a été vite fait revendu.» C’est par le cinéma que Bardot s’est rapprochée de la musique: «J’ai commencé la guitare quand j’ai tourné La Femme et le Pantin à Séville en 1958. C’était la première fois que j’allais en Espagne et j’ai découvert la guitare flamenca. On m’avait fait apprendre pour le film un flamenco à danser – pas besoin de me casser la tête pour apprendre à danser ça. En revanche, les accords de guitare, ça a été un peu plus dur. J’ai continué par la suite avec des musiciens du groupe Los Incas, qui venaient souvent à la Madrague. On n’arrêtait pas de jouer et, avec eux, j’ai appris des accords de musique sud-américaine, mais aussi le rythme, très difficile à tenir, de la main droite.» Sur le DVD, on peut aussi voir Brigitte Bardot à la guitare, jouant El Cuchipe avec Los Incas, ou tenant la partie de guitare sur On The Sunny Side Of The Street avec l’orchestre de Claude Bolling. «Effectivement, je ne jouais pas mal, confirme-t-elle. Je joue encore. J’ai un peu perdu la main, je ne joue pas tous les jours, mais je n’ai pas tout perdu.»
Malgré quelques chansons qui ont marqué durablement la mémoire, Bardot n’a pas mené une carrière de chanteuse. Les chansons constituaient, en studio ou sur les plateaux de télévision, une récréation pour l’actrice. Aussi n’a-t-elle pas eu un comportement de professionnelle. «J’étais très infidèle. J’ai enregistré chez Philips au départ. C’était dirigé par des messieurs très stricts avec des chapeaux – c’était cata. Ils étaient gentils mais pas dans le coup. J’essayais de les secouer un peu. Après, je suis allée chez AZ. Puis mon amitié avec Eddie Barclay a fait que je suis partie chez Barclay.»
Aujourd’hui encore, elle n’a guère de nostalgie. «Vous croyez que j’écoute mes disques?, lance-t-elle. De toute façon, j’écoute Radio Classique, je ne risque pas de m’entendre.» Mais nul regret non plus chez une artiste dont les débuts dans la chanson avaient suscité bien des sarcasmes dubitatifs: «Je referais pareil. J’ai connu la plus grande gloire qu’on puisse connaître. Un jour j’ai tourné la page, maintenant c’est une vie totalement différente, qui baigne dans la souffrance et dans la mort. Et le fait d’avoir connu ce que j’ai connu à l’époque me permet d’assumer ce que j’ai à faire maintenant pour les animaux.»
Brigitte Bardot, DVD Divine BB (Universal-INA).
Bertrand Dicale