CHANSON FRANÇAISE AUX ETATS-UNIS

Lafayette, le 29 avril 2001 - Le Festival International de Louisiane est l’occasion de rencontrer des américains que la musique francophone attire. Ils font parfois partie des bénévoles venus des états voisins pour apporter leur aide à l’organisation. C’est le cas de Maggie du Tennessee. Rencontre avec une passionnée.

Témoignage d’une passionnée

Lafayette, le 29 avril 2001 - Le Festival International de Louisiane est l’occasion de rencontrer des américains que la musique francophone attire. Ils font parfois partie des bénévoles venus des états voisins pour apporter leur aide à l’organisation. C’est le cas de Maggie du Tennessee. Rencontre avec une passionnée.

Maggie Lee, la quarantaine pimpante, parle un français presque châtié avec un sympathique accent américain. Elle fait partie des quelques centaines de bénévoles que le festival recrute chaque année. Bilingue, elle est chargée entre autres, de l’accueil des artistes. Elle vient de Memphis Tennessee, un autre grand lieu de la musique. En plus de son travail, elle anime deux programmes musicaux sur une station de radio WEVL FM 89.9. Un des deux s’appellent «French accents» et est consacré aux musiques francophones. Normal, Maggie est une ancienne prof de français incollable sur les derniers rappeurs hexagonaux ! En 69, elle étudiait à Paris. Cette «année érotique» comme elle le dit elle-même, était aussi celle de Bardot et de son Tu veux ou tu veux pas . Souvenirs souvenirs.

Chaque semaine, elle concocte une programmation d’une douzaine de titres qu’elle puise parmi les disques que lui envoie Francophonie Diffusion (organisme de diffusion, de promotion et d’aide à la commercialisation des musiques de l’Espace francophone). Elle avoue que ses goûts personnels interviennent pour beaucoup dans la réalisation de son émission. C’est avec malice qu’elle commence à chanter une chanson de Pascal Parisot, un de ses récents coups de cœur : «Joli peste, je te déteste». Elle cite un de ses classiques favoris, MC Solaar «Je suis l’as de trèfle qui pique ton cœur». Elle souligne que les jeux de mots sont un atout essentiel de la chanson française. Quand on lui fait remarquer alors que ses auditeurs ne comprennent sans doute pas tous la langue de Molière, elle vous affirme que c’est le cas d’un certain nombre et que pour les autres, ils apprécient «the alluring sounds of the french language», soit approximativement la musicalité de la langue française. On lui demande de citer un titre récent qui a eu un certain succès, «le duo Françoise Hardy/Jacques Dutronc Partir en voyage. En plus, lui, il a tellement de charme». L’homme aux lunettes noires et au cigare fait des ravages jusque de l’autre côté de l’Atlantique.

Maggie sait aussi qu’au pays de la soul music, celui d’Al Green ou des Neville brothers, on aime les belles voix. Elle évoque évidemment Piaf et d’autres grands chanteurs, mais aussi et d’une façon plus surprenante, Daddy Nuttea ! Elle est branchée Maggie ! Dans sa programmation, elle tient compte de cet élément.

Mais si elle est fan, elle est aussi lucide et c’est avec un brin de mépris qu’elle descend gentiment Yannick et sa rengaine Ces soirées-là. Elle sait bien qu’il s’agit d’une reprise de Claude François qui lui-même, à l ‘époque, avait adapté une chanson américaine. La sentence tombe comme un couperet : «Pas original». Et oui, la chanson française aux Etats-Unis a sans aucun doute un petit goût d’exotisme. Quand on lui parle de musique électronique, elle répond facilement Air ou St Germain. Mais là, cela ne fait plus partie de sa programmation. C’est une autre émission qui passe ce genre de musique. Les représentants de la musique électro ont réussi le pari difficile de faire partie de la musique mondiale mais y ont perdu au passage leur identité française !

Le festival de Lafayette est pour elle le moyen de rencontrer de nombreux artistes et de faire de nouvelles découvertes. Dimanche après-midi, avant de repartir dans le Tennessee, il ira écouter Zachary Richard. Il le faut « ab-so-lu-ment » dit-elle.

Valérie Passelègue