<i>The Karindula Sessions</i>
Plus qu’un simple album accompagné d’un DVD, The Karindula Sessions s’apparente à un véritable documentaire sur un style musical en vogue depuis plusieurs décennies à Lubumbashi, principale ville du sud-est congolais. Dépaysement garanti.
Le son tradi-moderne du Katanga
Plus qu’un simple album accompagné d’un DVD, The Karindula Sessions s’apparente à un véritable documentaire sur un style musical en vogue depuis plusieurs décennies à Lubumbashi, principale ville du sud-est congolais. Dépaysement garanti.
Capturer l’esprit du karindula (ou kalindula, selon les versions), banjo géant et artisanal qui a donné son nom à un genre musical, telle était l’intention du producteur-réalisateur belge Vincent Kenis. Cet explorateur contemporain, à qui l’on doit entre autres le premier album de Zap Mama en 1991 et plus récemment les surprenants Konono n°1 ou Staff Benda Bilili, s’attache à montrer la diversité de la musique congolaise, souvent occultée par la toute puissante rumba.
Cette fois, il a mis le cap sur Lubumbashi, dans la province du Katanga, à 1 600 kilomètres de Kinshasa mais moins d’une trentaine de la frontière avec la Zambie. Enclavée, la ville minière, capitale du cuivre, vibre au son de ces groupes de karindula qui participent à toutes sortes de cérémonies. Vincent Kenis en a sélectionné quelques-uns et organisé pour eux un mini-festival qu’il fait aujourd’hui partager à travers ces Karindula Sessions. Installés à même le sol, en extérieur, devant la façade plus que défraîchie d’une maison, les musiciens jouent avec ce naturel, cette authenticité qu’un enregistrement en studio n’aurait très probablement pas permis de restituer.
L’idée de montrer l’événement en images s’avère également pertinente, d’autant plus que le contenu du DVD et celui du CD se complètent. Voir le karindula le rend plus proche, plus vivant. Plus spectaculaire aussi. Sur le long manche de l’instrument, le bras du musicien semble voler. Et comment ne pas parler des danseurs en tous genres qui viennent au centre pour montrer ce dont ils sont capables, récompensés de leurs exploits par quelques billets glissés par les spectateurs ? De quoi alimenter l’imaginaire quand on écoute le CD, en rendant cette musique plus familière alors qu’elle s’affranchit complètement des structures et formats habituels de l’industrie du disque. Après tout, pourquoi un morceau ne pourrait-il pas durer près d’une demi-heure ?
The Karindula Sessions (Crammed/Wagram) 2011