Véronique Sanson

Amoureuse , elle le fut. Il produit alors son premier album "Amoureuse" en 1972. Puis très vite, elle n'eut besoin de personne. Bahia, Vancouver, Hollywood, autant de villes et d'albums qui ont séparé les chemins de Véronique Sanson et de Michel Berger. Nostalgique, la chanteuse lui consacre son douzième album studio, "D'un papillon à une étoile". A son Pygmalion des débuts, la muse tire sa révérence.

On connaît les liens qui unissaient Véronique Sanson à Michel Berger, des liens scellés par la musique, les heures passées ensemble devant un piano, cette gémellité vocale qui leur donnait ce même phrasé. L'amour enfin qui s'en mêle puis se démêle, Véronique Sanson mettant le holà brutalement en quittant la France au bras du musicien américain Stephen Stills. Moins de huit ans après la mort de Michel Berger, la muse rend hommage à son Pygmalion. Le propos de ce nouvel album est donc, selon la chanteuse, de mettre en avant des chansons moins connues de Michel Berger. On y reviendra. Mais d'abord la voix. Aérienne, comme toujours, avec ce vibrato qui n'appartient qu'à elle, toujours copié jamais égalé, et devenu au fil des trente années de carrière de Véronique Sanson, quasiment une marque déposée. La magie opère toujours. Pour ce qui est des thèmes, ils sont immuables, universels : l'amour et son lot de souffrance, celui qui part... La gageure de cet album serait donc que les chansons "D'un papillon à une étoile" revivent une nouvelle vie au travers de l'interprétation de Véronique Sanson.

Pour certaines, le pari est réussi : "Pour me comprendre, il faudrait savoir le décor de mon enfance, le souffle de mon frère qui dort, la résonnance de mes premiers accords" ouvre l'album, une chanson écrite en 1973 après le départ de Véronique et qui figure sur l'album "Cœur brisé". Magnifique interprétation de Véronique Sanson (servie par de belles envolées de cordes) et dont chaque vers, composé par Michel Berger alors en pleine tourmente, est lourd de sens. Emue, Véronique a dû l'être en enregistrant dans sa voix "le Paradis blanc", sublime chanson et ô combien prémonitoire, de son dernier album studio en 1990 : "Je m'en irai dormir dans le paradis blanc/où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps". Mais pour tous ceux qui ont écouté et réécouté le titre original sur leur platine, il sera difficile d'oublier la première version.

Et c'est là que le bât blesse. D'autant que figure dans cet album la reprise de trois des plus grands succès du compositeur dont "le Prince des villes" et "Diego, libre dans sa tête". L'intention reste louable malgré tout, car on ne doute pas un seul instant que Véronique Sanson ait éprouvé le besoin de rendre hommage à celui qui avait accompagné ses débuts et les premiers moments de sa vie amoureuse.

Pourtant, on sait que la chanteuse éprouve des difficultés à se remettre au piano et renouveler ses compositions, ayant même fait appel à un autre compositeur, Bernard Swell sur son précédent album "Indestructible". Avouant avoir mis là pour la première fois son orgueil de côté. Une attitude tout à fait défendable puisque Jean-Jacques Goldman ou encore Michel Jonasz avouent, eux aussi, avoir déjà donné le meilleur d'eux-mêmes. C'est peut-être tout cet ensemble qui fait que "D'un papillon à une étoile" est assez inégal. Non pas que les mélodies choisies ne soient pas assez accrocheuses mais le tout a un goût d'uniformité.

Cependant, en fan de toujours, on continue. Allez Véro ! Malheureusement sur "le Prince des villes", on a grand peine à reconnaître Etienne Daho aux chœurs (ou la sous-modulation de sa voix mais est-ce vraiment un problème technique ?), le crédit du livret est alors d'un grand secours... Pour apprendre qu'Alain Chamfort fait, lui aussi, le joli chœur sur "le Paradis blanc"... Des participations qui n'ajoutent pas grand-chose si ce n'est que Daho et Chamfort font aussi partie de cette même famille de voix, un ton en dessous. Forcément après ça on décroche un peu. On se réveille avec "L'amour est là" grâce à une orchestration plus rock puis on retombe dans la mélancolie pour ne plus en ressortir. Est-ce la tonalité que voulait donner Véronique Sanson à son douzième album ? Cela y ressemble fort, cette douce mélancolie à l'image des mélodies de Michel Berger.

Véronique Sanson D'un papillon à une étoile (Wea/Warner music) 1999
Véronique Sanson sera à L'Olympia du 18 au 30 janvier 2000, puis en tournée.