Bojan Z

Virage aux accents rock pour le pianiste Bojan Z. Avec Xenophonia, il poursuit son exploration de l’art du trio et développe un toucher fin et léger, marque d’un style désormais connu.

Xenophonia

Virage aux accents rock pour le pianiste Bojan Z. Avec Xenophonia, il poursuit son exploration de l’art du trio et développe un toucher fin et léger, marque d’un style désormais connu.

Il avait déjà suscité l’engouement de la critique en 2003 avec son album Transpacifik, réalisé aux côtés de Rémi Vignolo à la contrebasse et Ari Hoenig aux baguettes. Cette collaboration complice a aujourd’hui mûri. Un autre batteur, Ben Perowsky, est venu se greffer sur ce “working trio”, comme le décrit Bojan Zulfikarpasic. Pour l’enregistrement, commencé fin 2004, les musiciens ont amassé de la matière sonore et ont pris le temps de creuser le dialogue musical. A la quête d’une identité, d’un caractère unique. L’acolyte de Julien Lourau semble l’avoir trouvé en inventant un nouvel instrument : le xénophone, un Fender Rhodes trafiqué par ses soins.

Côté musique, l’exercice n’est en rien démonstratif. Pas d’avalanches de notes ni de chorus au swing programmé, mais plutôt un jazz qui se laisse le temps d’éclore pour figer une fusion décontractée. Ce n'est donc pas un hasard si la plupart des morceaux n’ont pas été écrits mais arrangés oralement. Crescendo de tensions, les mélodies ont une couleur atemporelle. Certaines, comme Wheels ou Xenos Blues, évoquent les airs saturés de Jimi Hendrix du fameux Electric Ladyland. D’autres, comme Ulaz, s’appliquent à dessiner l’univers d’une froide féerie.

La musique de ce trio mouvant opère des revirements imprévisibles. A en devenir hallucinogènes quand les chorus frôlent la débâcle électrique dans une déferlante habile de sonorités distordues. Jusqu’à rappeler le rock psyché d’un Franck Zappa. Au delà d’une interprétation neuve et personnelle, Bojan Z dévoile avec Xenophonia un vrai talent de compositeur. A la croisée de plusieurs chemins, ce natif de Belgrade arrivé en France en 1998 franchit ici une nouvelle étape dans sa trajectoire artistique. Inclassable, il apparait déjà comme une référence pour le jazz français.

Bojan Z Xenophonia (Label Bleu/Harmonia Mundi) 2006