CHRONIQUES MASCULINES
Paris, le 4 mars 2002- Ces trois-là, Pablo Villafranca, Frédéric Lerner et Franck Lascombes, tentent ces temps-ci un atterrissage sur les planches parfois savonneuses de la scène musicale. Leur point commun ? Peuvent mieux faire.
Pablo Villafranca, Frédéric Lerner, Franck Lascombes.
Paris, le 4 mars 2002- Ces trois-là, Pablo Villafranca, Frédéric Lerner et Franck Lascombes, tentent ces temps-ci un atterrissage sur les planches parfois savonneuses de la scène musicale. Leur point commun ? Peuvent mieux faire.
Pablo Villafranca / Juste quelqu'un
Parmi la longue liste des interprètes issus de la comédie musicale, candidats au statut de chanteur de variété désirant "poursuivre une carrière personnelle", Pablo Villafranca est bien placé. Belle gueule d'hidalgo, le chanteur est soliste au sein de la troupe des Dix Commandements à l'affiche depuis plus un an et demi au Palais des Sports de Paris et au sein de laquelle il remporte un franc succès lorsqu'il entonne à pleins poumons La Peine maximum.
Ce n'est pas que le rôle de Josué lui pèse, mais quand on a l'opportunité comme lui, à 36 ans, de tenter une carrière solo dans la chanson, cela ne se refuse pas. Va donc pour Juste quelqu'un (Epic/Sony), un premier album dans lequel le chanteur laisser traîner sa voix rauque, un peu à la manière de ces chanteurs de variété italienne. Un opus à la facture virile tendance "mâle écorché au cœur tendre", à l'image de son premier single Tout le monde pleure où le chanteur avoue sans complexe :"J'ai envie d'être moins fort, ça n'a rien d'anormal" . Un je ne sais quoi d'Alain Souchon, en moins bien.
Les textes de ce premier album ont été confiés à plusieurs paroliers dont Marijo Zarb et Lionel Florence, l'un des fidèles lieutenants de Pascal Obispo. Les mélodies sont belles, Pablo Villafranca, Belge d'origine espagnole, possède une belle voix mais l'ensemble est quelque peu linéaire. On attend donc avec impatience le second album.
Pascale Hamon
Juste quelqu'un (Epic/Sony)
Frédéric Lerner / On partira
Pas de doute, Frédéric Lerner est dans les petits papiers de la maison Columbia. Et pour cause puisque le jeune auteur, compositeur et interprète (ACI dans le jargon) est un élève discipliné. Pourtant, son premier album On partira, sorti n’est pas encore Disque d’or, mais cela ne saurait tarder.
Car à 28 ans, Frédéric Lerner a su s'entourer de ceux qui comptent dans le métier. A commencer par son producteur, Jean-Claude Camus, qui n'est autre que le manager de Johnny Hallyday et de Michel Sardou, ce qui, pour démarrer dans le show-biz, est déjà un atout considérable. Cela lui aura, par exemple, permis de pouvoir faire la première partie de Lionel Ritchie, à Bercy en mai dernier. Comme tremplin, on ne peut pas rêver mieux. Il faut dire aussi que Frédéric a du répondant puisqu'il est l'auteur du générique du feuilleton télé Un gars, une fille, dont la réalisatrice n'est autre que la fille de Jean-Claude Camus. Ajoutez à cela un joli grain de voix qui rappelle celui de Jean-Jacques Goldman, une comparaison qui d'ailleurs commence à l'énerver même s'il vénère son aîné : "Je suis à la première marche, lui est tout en haut de la pyramide". D'autant que c'est Jimmy Kapler, alias Robert Goldman, le frère, qui signe le single Si tu m'entends.Avec autant de bonnes fées, la carrière de Frédéric Lerner devrait s'annoncer des plus prometteuses. Rendez-vous est pris pour un concert le 30 mai au Bataclan à Paris.
Pascale Hamon
On partira (Sony/Columbia)
http://www.frederic-lerner.com
Franck Lascombes / Longues distances
Franck Lascombes a déjà pas mal traîné ses guêtres de jeune adulte de 28 ans : Népal, Egypte, Mexique, Sri Lanka, Zimbabwe, Bali… Il faut dire qu’il avait déjà bien commencé. Il est né au Gabon, a grandi à Londres et a mûri à Paris. Il paraît donc légitime que son premier album s’intitule Longues distances.
Dans le livret, les onze titres parsèment des pages dédiées à l’Afrique, l’Europe, l’Amérique et l’Asie. «Toutes les routes mènent au sixième continent» précise Lascombes. Certainement le continent universel, celui de la musique, de l’humain tout simplement… La musique de Lascombes n’est pourtant pas spécifiquement influencée par l’une ou l’autre de ces cultures. Entre soul et variété, l’ensemble tourne bien, le groove est au rendez-vous, mais le conventionnel reste de mise. Parfois kitch, cet album sent d’ailleurs un peu trop le synthé et une impression de « fabriqué » qui semble pourtant à l’opposé de l’intention. Même le grand renfort des cuivres et de cordes n’arrive pas à gommer cette empreinte.
Par ailleurs on a envie de souffler gentiment au jeune Franck d’abandonner définitivement ses tentatives pour faire danser dans les boîtes de nuit. Du côté des paroles, rien qui ne bouleverse l’art de l’écriture. Quelques auteurs pour un thème quasi unique : l’amour. Là non plus, on ne quitte pas les sentiers battus.
Reste que la voix du jeune homme offre de jolies choses. Surtout lorsqu’elle ose être à nu, sans ce foutu accent à la Tété ou à la De Palmas qui a tendance à la gâter. Citons cependant L’Instant qui passe et Une chanson pour elle qui font fermer les yeux et adhérer à son voyage, sur longues distances s’il le faut… Bref, si l’embarquement n’est pas immédiat, on veut bien rester encore dans la salle d’attente.
Marjorie Risacher
Longues distances (BMG / Sempre Music)