Medhy Custos

"Elles demandent du zouk", dit son premier single. Alors il leur en donne. Du zouk love, tout en douceur. Idéal pour une séance de collé-serré. Après l’impressionnant succès obtenu par Serial Lover aux Antilles en 2004, le Guadeloupéen Medhy Custos débarque en métropole avec un album éponyme. Rencontre.

A la conquête de la métropole

"Elles demandent du zouk", dit son premier single. Alors il leur en donne. Du zouk love, tout en douceur. Idéal pour une séance de collé-serré. Après l’impressionnant succès obtenu par Serial Lover aux Antilles en 2004, le Guadeloupéen Medhy Custos débarque en métropole avec un album éponyme. Rencontre.

RFI Musique : Cet album marque vos vrais débuts en métropole, alors que le public antillais vous connaît depuis près d’une décennie. Pourquoi cela a-t-il été aussi long ?
Medhy Custos : Ça prend déjà du temps de se faire une notoriété aux Antilles. C’est vrai que le public m’y connaît depuis une dizaine d’années. Mais je n’ai un franc succès que depuis quatre ou cinq ans. J’ai lancé ma carrière solo en 2004, donc on peut considérer que c’est quand même un schéma assez rapide.

On vous découvre comme ambassadeur du zouk love. C’est un style que vous avez toujours pratiqué ?
J’ai commencé dans un groupe a capella, Kwebee. On faisait des adaptations de la musique du patrimoine, de chansons populaires françaises, américaines. On a eu beaucoup de succès sous cette forme d’expression artistique. Après, j’ai eu une formation en chant, danse et comédie qui accompagnait le projet de comédie musicale La Rue Zabym, à laquelle j’ai participé pendant la construction de mon premier album solo. Lorsqu’on grandit aux Antilles, dans ce vivier caribéen, qu’on a été bercé dans sa jeunesse par les musiques de Kassav, Zouk Machine  - qui, à l’époque, avaient une aura mondiale -, on se dit naturellement qu’on va faire du zouk. Toutes mes expériences artistiques m’ont permis de découvrir ma voix, la scène, la musique traditionnelle et ses spécificités rythmiques. Aujourd’hui, je peux proposer ma façon de faire du zouk.

Qu’est-ce qui a vous a amené à envisager une carrière solo ?
Kwebee était un groupe débordant de talent. Mais, parfois, on n’arrivait pas à se mettre d’accord sur la direction à prendre. Ça tournait en rond. Au bout d’un moment, il n’était juste plus possible de concevoir une évolution à travers ce groupe. On a mis le projet en stand by. Après une collaboration sur l’album d’un autre artiste en tant que duettiste, son producteur m’a sollicité parce qu’il avait été assez impressionné par mes performances. Il m’a carrément proposé de faire mon album, chose que j’ai refusé parce que je ne me sentais pas prêt. Donc il m’a proposé le concept Allianstars, sur lequel j’ai eu mes véritables premiers succès avec les chansons A jamais et Pé pa oubliyew, qui m'a valu un prix d’interprétation de la Sacem en 2003. L’album solo est devenu une conséquence légitime, j’avais l’obligation de confirmer ce qu’on avait pu ressentir dans mes compositions, mon écriture. J’ai voulu aller vers quelque chose de beaucoup plus personnel sur Serial Lover. Le disque a plu : il s’est écoulé à plus de 20000 exemplaires aux Antilles. Ça m’a permis de jouer deux soirs de suite à guichets fermés dans la plus grande salle de Guadeloupe, et de transporter ensuite le spectacle en Martinique.

Sur ce disque, comme sur le précédent, la grande majorité des textes ne sont pas en créole mais en français. Vous vous sentez plus à l’aise avec cette langue ?
A la base, je viens de la poésie, en français. J’ai continué à écrire comme ça. C’est peut-être aussi ce qui m’a permis d’avoir rapidement des retombées sur un marché plus grand. Bien sûr, j’aimerais avoir un retour en créole, comme Kassav ou Zouk Machine, qui ont eu du répondant sur le marché national. Mais c’est un peu plus difficile lorsque la musique n’est pas festive d’avoir un langage que les gens ne comprennent pas en totalité. J’écris aussi pour d’autres artistes, en français ou en créole : Jane Fostin, la plus connue des trois filles de Zouk Machine. Jocelyne Labylle, qui fait partie du concept Dis l’heure 2 zouk. Et des artistes moins connus sur la scène nationale, tels Bruno Biass et les interprètes d’Allianstars volume 2 qui font un carton aux Antilles en ce moment. J’ai également écrit pour la Martiniquaise Christiane Valéjo et je viens de terminer un titre pour Lynnsha.

Votre nouvel album est-il composé uniquement de nouveaux titres ?
Il comporte cinq inédits et six chansons déjà connues sur le marché antillais, qui figuraient sur mon premier album solo et sur Allianstars. Mes éditeurs ont toujours considéré que certaines de ces chansons n’avaient pas été exploitées au maximum de leur potentiel. Ils m’ont donc proposé de les réenregistrer, sans les dénaturer, en les optimisant pour qu’elles puissent avoir une deuxième vie. Afin de rencontrer un public plus large. C’est assez délicat : on n’a pas envie de perdre l’état d’esprit premier de ses chansons. Comme si, qui était en zouk, se retrouve dans une version piano-voix. C’est une approche totalement différente. J’avais le souhait de me mette en valeur vocalement, chose qui n’était pas forcément possible avec beaucoup d’instruments.

Faire un album à destination - entre autres - du public métropolitain, cela implique-t-il une "européanisation" des productions, du son ?
Personnellement, je n’ai rien changé à ma méthode de travail, qu’il s’agisse des arrangements ou des musiciens avec lesquels j’ai travaillé. On était tous en studio, conscient qu’on faisait un album de zouk. Tout simplement. Avec des moyens différents pour pouvoir atteindre la qualité recherchée. On ne m’a pas demandé de me dénaturer, on m’a juste dit : "Il faut que le son pète, que ça swingue et que les chansons déchirent."

 

Medhy Custos Medhy Custos (Up Music/Warner) 2007