Juliette a ving ans

Sa vie est passablement emplie en ce moment. Son oeuvre se voit agrémentée d’une compilation sortie le 9 mars. Son orchestre quant à lui a rendez-vous avec le public du 17 mars au 11 avril à la salle Gaveau à Paris. Bref Juliette court, Juliette chante, Juliette ne s’ennuie pas, Juliette ne se fatigue jamais, Juliette fête ses 20 ans de carrière…

"Ma vie, mon oeuvre, mon orchestre."

Sa vie est passablement emplie en ce moment. Son oeuvre se voit agrémentée d’une compilation sortie le 9 mars. Son orchestre quant à lui a rendez-vous avec le public du 17 mars au 11 avril à la salle Gaveau à Paris. Bref Juliette court, Juliette chante, Juliette ne s’ennuie pas, Juliette ne se fatigue jamais, Juliette fête ses 20 ans de carrière…

En réalité la bougresse triche un peu : il y a vingt ans Juliette chantait déjà. Les pianos-bars s’en rappellent encore. Il suffit d’un temps de réflexion, d’un comptage sur les doigts et dans les souvenirs pour que l’évidence s’affiche: "C’est vrai, ça fait plus de vingt ans! Disons que je mets mes débuts quand les gens sont d’avantage venus pour le piano que pour le bar. Quant au premier disque, et en l’occurrence il s’agissait d’une cassette, c’était il y a un peu moins de vingt ans en fait. Il a fallu d’abord écrire des chansons, avoir un peu de sous pour enregistrer et de monde pour me soutenir. C’est pour ça que je place mes débuts à un moment intermédiaire, lorsque j’ai commencé à me faire connaître un peu sous mon nom, à ne plus faire de piano bar bêtement, à avoir un répertoire un peu plus personnel."

20 ans de chanson(s)

Peu importe, l’occasion tout d’abord pour la maison de disques de sortir un double album compilation. Vingt ans, donc vingt chansons issues des divers albums de l’artiste. Parmi elles il en est certaines annotées «raretés», comme la reprise de Reggiani, les Loups sont entrés dans Paris, uniquement parue sur un album hommage. Il y a aussi les "versions inédites" enregistrées en public la salle Gaveau. Il y a enfin les qualifiées de "quasiment introuvables", miraculeusement ressuscitées de la première cassette auto-produite en 1987. Et comme Juliette elle même ne détient plus les bandes originales, il a fallu retravailler le son à partir des deux cassettes lui restant. Imaginez le travail… L’artiste en revanche avoue ne pas s’être véritablement impliquée dans le choix des titres : "J’ai évidemment donné mon opinion mais je suis incapable de sélectionner. Et mes goûts ne sont pas forcément ceux de la majorité. S’il ne s’agissait que de moi, Rimes féminines par exemple n’y figurerait pas, c’est loin d’être ma chanson préférée mais en même temps, elle est vachement importante dans mon répertoire. En fait, je mettrais des trucs qui n’intéressent personne !"

20 ans de concerts

Cet anniversaire est surtout le prétexte pour donner une série de concerts sur une longue période. Et c’est une fois de plus la salle Gaveau qui va lui tendre ses planches du 18 mars au 11 avril telle une histoire d’amour entre le lieu et la chanteuse : "C’est exactement ma salle préférée! Un truc s’y passe. Déjà on allume les lumières et il fait jour, tout le monde voit tout, il n’y a pas de rideau ni de fond noir, c’est peint en gris clair et les fauteuils sont jaunes, c’est très joli, un peu baroque. De plus, il y existe des mouvements de public! Il y a deux balcons et si vous êtes sur les côtés, vous ne voyez rien donc les gens bougent. Ils se lèvent pour aller voir ailleurs! J’adore! Les gens sont comme à la maison, ils vous interpellent, parlent, ce n’est pas du tout un théâtre convenu."

Si peu convenu que Juliette a décidé de le transformer en garage pour ces quelques dates. Comprenez par là que le bleu de travail sera la tenue de scène et que des pneus et autres outillages traîneront ci et là entre le piano et les micros : "L’intérieur de la salle est classé donc on ne peut rien fixer, pas faire de trous. Et puisqu’il n’y a pas de rideau on va être obligé de tout montrer: les câbles de micro, les pieds et tout le bazar qu’en général on essaie de dissimuler. Alors la question a été simple: dans quel endroit existe t’il des choses un peu éparses, du matériel, du fouillis ? J’ai pensé au garage parce qu’en plus le parallèle avec la musique paraît totalement invraisemblable. J’aime bien considérer qu’un artiste dans sa période de création n’est pas très différent d’un gars qui répare des moteurs."

Seulement 20 ans !

Mais n’en demandez pas trop à Juliette, elle même n’a qu’une idée imprécise de ce qui va se passer pendant ces trois semaines. Tout d’abord parce qu’elle est encore en fin de tournée du Festin de Juliette. Ensuite parce les répétitions à Gaveau sont impossibles, la salle étant continuellement occupée : "Je crois qu’il y a un orchestre symphonique la veille de la première donc on va éviter de les faire jouer dans le cambouis !" Autre caractéristique, le spectacle sera long et proposera un entracte : "Il y a buvette mais c’est normal dans un garage il y a toujours le moment où on boit un coup."

Voilà donc les 20 ans de Juliette. Beaucoup de plaisir et d’imagination, rien de conçu de façon pointilleuse ou solennelle, tout dans le culot de l’expérience et de la confiance. Et au milieu de tout cela, elle arrache une heure par ci et par là pour avancer sur l’album à venir à la rentrée : "Oui mais peut être qu’après, le sujet sera clos, on pourra passer à autre chose. Et j’ai envie de vous dire que j’ai l’habitude de cela au fond. A chaque fois que je suis en période d’écriture, je suis en général en tournée avec un ancien spectacle. Donc je suis toujours la tête pleine de trucs très nouveaux, je suis très excitée, je me réjouis, et en même temps je continue la réalité d’autre chose."

Alors après tout il n’y a aucune surprise à ce que Juliette n’hésite pas à la question "déjà 20 ans ou seulement 20 ans?": "Ce serait plutôt: seulement 20 ans !". Juliette délibérément tournée vers l’avenir.

Marjorie Risacher

Ma vie, mon œuvre (vol.1), 20 ans, 20 chansons (Polydor/Universal).
A la salle Gaveau du 18 mars au 11 avril.