VU D’AILLEURS octobre 2004

Les vacances sont loin mais les voyages ne cessent pas pour les vedettes françaises. En promo ou en concert, suivez le guide en Argentine avec Carla Bruni, en Angleterre avec Khaled et Rachid Taha, aux USA avec Paris Combo, au Brésil avec Laurent Garnier…

Les globe-trotters du son

Les vacances sont loin mais les voyages ne cessent pas pour les vedettes françaises. En promo ou en concert, suivez le guide en Argentine avec Carla Bruni, en Angleterre avec Khaled et Rachid Taha, aux USA avec Paris Combo, au Brésil avec Laurent Garnier…

Rien de tel que l’Amérique du Sud quand toute l’Europe est au travail. Ce n’est pas la franco-italienne Carla Bruni qui dira le contraire. L’ex-mannequin, habituée des voyages, était en Argentine pour promouvoir son album Quelqu’un m’a dit (Naïve), qui sort là-bas après avoir cartonné l’an dernier dans l’Europe entière. Le quotidien national Clarin (13/9) le reconnaît bien volontiers: "Les perspectives de Carla Bruni au moment de lancer sa carrière musicale n’étaient pas les meilleures". Les stars des podiums des années 90 n’ont pas toujours réussi leur reconversion (on se souvient du flop mondial de Naomi Campbell et son album Baby Woman), mais le succès inattendu de Carla Bruni dans la chanson ne doit rien au hasard. "Fille du compositeur Alberto Bruni, Carla a passé son adolescence à chanter et jouer de la guitare, jusqu’à ce que ses qualités physiques ne l’amènent à reléguer la musique (et l’architecture, son autre passion) pour se lancer, à l’âge de 19 ans, dans le mannequinat". Aux Etats-Unis, les nouveaux ambassadeurs de la chanson française s’appellent Paris Combo – 200000 albums vendus à ce jour et un petit nouveau dans les bacs: Motifs (Polydor). Le 18 septembre dernier, le groupe était programmé à l’affiche de la Nuit Moulin Rouge. "Pour les Américains, Belle du Berry, la chanteuse, ressemble et sonne comme Audrey Tautou dans Amélie Poulain – mignonne, menue, toujours l’air de mijoter quelque chose", commente le magazine californien The Simon (15/9). Au Hollywood Bowl, cette "tendresse subtile et ce charme étranger" ont fait mouche.

Partons pour le Brésil voisin, où deux fameux DJ’s français, François K. et Laurent Garnier, participaient au premier festival Sonar Sound de Sao Paulo. Le plus connu des DJ’s français a fait forte impression. "Avec ses 38 ans, Laurent Garnier peut être considéré comme ‘vieillot’", note Folha de Sao Paulo (14/9), mais "avec une expérience comme la sienne" la dernière nuit du Sonar Sound 2004 au Credicard Hall fut particulièrement chaude. "Durant deux heures, Garnier a déroulé une techno à forte inclinaison jazzy, a tâté de la drum’n’bass, de la house, du reggae et quelques classiques, comme Outter Space de Prodigy. Mémorable". La musique électronique brise bien des frontières, du Brésil au nord de l’Europe, où Dimitri From Paris "a fait son premier voyage en Ecosse en six ans et sa première visite à Edimbourg", à l’occasion de la soirée Ultragroove au Cabaret Voltaire (Scotsman, 23/9).

Boudés par les Américains, les artistes nord-africains se rabattent sur l’Angleterre. ça tombe bien, Rachid Taha et Khaled ont chacun un disque à défendre, et quelques flèches à tirer. Pour The Independent (10/9), Rachid Taha est "la réponse de l’Algérie à Johnny Cash". Révolté chronique, l’artiste parle avec fougue de Tékitoi (Barclay), enregistré et mixé entre Londres, Paris et Le Caire. "Pour cet album, nous avons voulu casser les murs érigés autour du monde. Depuis la chute du mur de Berlin, d’autres murs ont été construits dans la musique, la culture et dans tous les aspects de la vie. Il y a tellement de censure et de propagande! Connaissez-vous le mur le plus haut ? CNN. C’est un mur incroyable car vous vous croyez libre de dire ce que vous voulez mais vous ne l’êtes pas". Un peu plus tôt, Khaled s’expliquait dans le Guardian (25/8), à la veille de la sortie de Ya-Rayi (Barclay), produit par Don Was, le sorcier de Didi. "Le mélange de dance music africaine et de pop occidentale a fait de Khaled une star – et lui a attiré des ennemis chez lui en Algérie", explique le quotidien britannique. Indésirable en Algérie pendant 8 ans, "les expériences de Khaled en exil l’ont conduit à certaines positions politiques fermes". Le roi du raï sait trouver les mots pour expliquer son art aux Anglais, pour qui cette musique est souvent inconnue. Considéré comme le blues d’Afrique du Nord, le raï "a permis de réunir les gens, contrairement à Bush et Sharon, qui divisent les peuples". Le chanteur "argumente aussi quant au danger d’introduire la démocratie chez ceux qui n’en n’ont jamais eu l’usage". "Ils ne peuvent pas changer en une nuit !", s’enflamme-t-il, visiblement en verve.

Et puis, il y a les revenants. "Sept ans de silence n’ont pas eu raison de No One Is Innocent", prévient La Libre Belgique (17/9). Avec Revolution.com (Island), "le groupe revient hurler ses colères dans un album lourd et percutant" mais déçoit en enfonçant nombre de portes ouvertes. "Ce n’est pas tant que la vision soit caricaturale, mais on ne peut s’empêcher de penser que le No One version 2004 eût pu trouver cibles moins évidentes que la politique du président américain". Plus calme, William Sheller effectuait un retour discret au Grand Casino de Genève, histoire de se remettre en jambes avant la tournée qui accompagnera la sortie en novembre de Epures, quatre ans après Les Machines absurdes, son dernier enregistrement en date. "Pour sa prestation genevoise, William Sheller chante bien évidemment sa seule composition locale, Genève, où le temps sur la ville est trop court, trop lourd aussi. Le chanteur interprète aussi ses grands classiques, qui datent parfois d’une trentaine d’années mais n’ont pas pris une ride, ainsi que des petits nouveaux. Des morceaux écrits pour piano solo et que William Sheller teste sur le public pour la deuxième fois seulement après leur enregistrement en studio". Enfin, on attend le retour sur scène de Véronique Sanson, absente elle aussi pendant sept longues années, et à nouveau au cœur de l’actualité musicale avec le CD Longue distance.