Le Cap-Vert à Paris
Téofilo Chantre, Bau et Fantcha font partie de cette nouvelle génération d'artistes Capverdiens, dans le sillage de Cesaria Evora, qui vit et chante sa sodade, loin des îles du Cap-vert dont ils sont originaires. L'arbre cache souvent la forêt. Preuve en est ce "Blues de l'Atlantique" sur la scène de l'Européen qui réunit les trois artistes les 11, 12 et 13 février.
La nouvelle génération
Téofilo Chantre, Bau et Fantcha font partie de cette nouvelle génération d'artistes Capverdiens, dans le sillage de Cesaria Evora, qui vit et chante sa sodade, loin des îles du Cap-vert dont ils sont originaires. L'arbre cache souvent la forêt. Preuve en est ce "Blues de l'Atlantique" sur la scène de l'Européen qui réunit les trois artistes les 11, 12 et 13 février.
Dans le petit théâtre en rond, bien calé dans son siège, qu'il est doux de ne rien faire, de fermer les yeux et de se laisser bercer par les mornas et les coladeras, chacune d'elles formidablement interprétées par les trois artistes capverdiens. Le premier d'abord. Téofilo Chantre, auteur-compositeur, vit à Paris depuis l'âge de treize ans, et a commencé à composer dès l'âge de seize ans, stimulé par la nostalgie pressante de son pays. Trois de ses titres ont été choisis par Cesaria Evora sur son album "Miss Perfumado", à ce jour son plus gros succès. Un honneur pour Téofilo Chantre qui a toujours admiré Cize (pour les intimes), bien avant son succès planétaire. Mais sa fierté, c'est aussi d'avoir écrit les paroles d'"Ausencia" dans la B.O. du film d'Emir Kusturica "Underground". Téofilo, la voix légèrement voilée, affiche une présence timide mais pleine de chaleur et s'accompagne à la guitare. Avec lui, pour dérouler ses coladeras enjouées, son nouveau groupe, enrichit d'un accordéon, d'une batterie et d'une contrebassiste, pieds nus et vêtue d'un kimono ! Qui rechausse très vite ses "new-balance" (chaussures de sports, ndlr) pour le rappel d'un titre de Césaria "Angola" sous des applaudissements qui virent à l'espagnolade. Attention de ne pas tout mélanger.
Le maître du cavaquinho
Formation beaucoup plus soutenue pour Bau , sans conteste, l'un des guitaristes les plus doués de sa génération. Cinq musiciens accompagnent celui qui fait corps avec son cavaquinho, dont il est un remarquable virtuose. Le cavaquinho, c'est cette petite guitare à quatre cordes, sorte de ukulélé africain, également utilisée au Brésil. Bau (prononçez Ba-ou) est aussi le chef d'orchestre attitré de Cesaria, et dirige sa formation lors des tournées depuis 1996 (voir Musicales de Bastia). Chacune de ses prestations, instrumentale, est à écouter, les yeux fermés, en jouissant du temps qui passe.
Longue et fine en ensemble noir transparent, Fantcha entame d'entrée son tour de chant avec "Mi é dode na Cabo Verde" extrait de son premier album. La chanteuse s'adresse au public en anglais, un peu dérouté, s'ils ne savent pas qu'elle vit aux Etats-Unis. Très vite, elle enchaîne en créole des thèmes comme "tristesa" qui revient comme un leitmotiv chez des artistes, obligés le plus souvent d'aller chercher ailleurs un avenir meilleur. Tout comme ses deux compatriotes, Fantcha revendique sa filiation avec Cesaria Evora. Toute gamine, elle chantait avec Cize au "Piano bar" de Mindelo, dans l'île de Sao Vicente. Après un court passage à Lisbonne, elle décide d'aller vivre aux Etats-Unis, dans l'état du Massachussets où vit une importante communauté capverdienne. Petits boulots, tournées dans les restaurants dans lesquels Fantcha interprète un répertoire international jusqu'au moment où l'opportunité d'enregistrer voit jour. A la production musicale de son album, Bau et Paulinho Vieira, directeur artistique de Cesaria. Bau qui, avec ses musiciens, revient accompagner Fantcha sur la scène de l'Européen, rejoints par Téofilo Chantre pour terminer sur une chanson de carnaval. Profitons-en, c'est la saison !
Pascale Hamon
Téofilo Chantre "Di Alma" (Lusafrica/BMG)
Bau "Inspiração (Lusafrica/BMG)
Fantcha "Criolinha" (Lusafrica/BMG)