Manou Gallo

Ancienne bassiste du groupe Zap Mama, Manou Gallo sort un second album éponyme dans lequel l’Ivoirienne est parvenue à conserver l’efficacité du groove sauvage qui coule dans ses veines et la rend si spectaculaire sur scène.

Tellement groove

Ancienne bassiste du groupe Zap Mama, Manou Gallo sort un second album éponyme dans lequel l’Ivoirienne est parvenue à conserver l’efficacité du groove sauvage qui coule dans ses veines et la rend si spectaculaire sur scène.

Elle sont peu nombreuses, quel que soit le genre musical, à jouer de la basse. Celles qui chantent en même temps, comme Manou Gallo, appartiennent à une espèce encore plus rare. Pour son second album, l’artiste ivoirienne trentenaire a cherché à aller au plus près de ce qui lui ressemble. Souvent, elle avait constaté qu’elle n’était pas capable de retrouver "la bonne sensibilité" du premier groove au moment d’enregistrer en studio. Alors elle a déplacé le matériel chez elle, afin de capturer cette spontanéité artistique.

Elle en a profité pour faire aussi l’essentiel des guitares, des percussions et des programmations, tout en travaillant étroitement avec son complice Patrick Dorcéan. Le batteur belge aux racines haïtiennes avait participé à son premier disque Dida en 2003 et accompagné sur scène Zap Mama, dont Manou fut membre pendant six ans. C’est avec le groupe de Marie Daulne qu’elle dit avoir appris à asseoir sa voix grave.

Mais elle reste d’abord musicienne, avant d’être chanteuse."Je suis une percussionniste à la base, donc toute ma musique repose sur le rythme, y compris la manière dont je joue de la basse" explique-t-elle. Cela se vérifie dès le premier titre ABJ-BXL (pour "Abidjan-Bruxelles") qui donne parfaitement le ton : très loin de la variété ou du style traditionnel, son Afrique est funky, voire même "destroy" reconnaît celle qui écoute du hard rock et Beethoven, aime les univers des chanteuses Björk et Camille.

Puisque la musique n’a pas de frontières, elle applique ce principe en invitant aussi bien le Burundais Tanga Rema, frère et compositeur de Khadja Nin, que le rappeur Balo, ancien membre de Starflam, crew très coté sur la scène belge. Manou chante, parle, crée une ambiance qui marque en profondeur chaque chanson, au besoin en s’autorisant des constructions parfois complexes, comme sur Terre, empreint de solennité.

Pour Hommage, le ton est celui de la tristesse : "Je ne peux pas venger ton corps criblé de balles/ Je tirerai à blanc des notes, un chant de douleur et de colère/ En guerre contre l’oubli/ Ma basse est mon fusil/ En moi vit ta musique." Le texte évoque la disparition de Marcelin Yacé, tué à Abidjan le 19 septembre 2002 aux première heures de la guerre civile ivoirienne. Musicien réputé, chef d’orchestre et co-fondateur du groupe Woya, il faisait figure de modèle, de père spirituel et affectif pour la jeune femme qu’il avait prise sous son aile lorsqu’elle était encore adolescente. Elle lui doit beaucoup, et tient à perpétuer son souvenir. En musique, naturellement.

Manou Gallo Manou Gallo (ZigZagWorld) 2007