Disiz Peter Punk

Nouveau nom et nouveau son pour Disiz. Avec Dans le ventre du crocodile, il propose un premier album rock électro sous le pseudonyme de Disiz Peter Punk. Sans bousculer profondément son flow, l’ancien rappeur laisse derrière lui les codes du hip hop pour s’ouvrir à la musique. Un pari un rien risqué…

Un album rock ? Il faut attendre le quatrième titre (Yeah Yeah Yeah) pour entendre un premier riff de guitare saturé. Dans un monde où la musique ne serait pas scindée en styles, bacs et publics, Disiz (la Peste) aurait très bien pu garder son nom de scène. S’il fait appel à une section guitare-basse-batterie et des nappes électro sur ce projet, l’ex-rappeur modifie assez peu son flow, se laissant juste parfois aller à quelques vocalises. Déjà, sur son album Les histoires extraordinaires d'un jeune de banlieue, paru en 2005, Disiz cherchait à s’affranchir des carcans "rap de rue" avec la rythmique house de Bo gosse. Avec Dans le ventre du crocodile, l’artiste largue franchement les amarres et certainement aussi son "premier" public rap.

On sent chez Peter Punk une certaine légèreté. Alors que Disiz the end regorgeait de titres amers et égocentré, ce nouveau projet aligne doux délires et paroles naïves. Du rockabilly taillé pour faire danser les foules sur Jolies planètes, de la pop millésimée année 80 avec Faire la mer. Pour Sérigné, son vrai prénom, le rock se conjugue à la manière de Prince (qu’il pastiche en intro de Yeah Yeah Yeah). Moins que le style et les gimmicks, c’est l’énergie qui compte. Et cet album en a à revendre, que ce soit dans le registre refrains à entonner en chœur (Rien comme les autres) ou titres délicieusement sombres (Les monstres).

Libéré comme jamais, Disiz laisse parler son goût pour la variété. A l’écoute de Je t’aime mais je te quitte, digne musicalement d’un Sébastien Tellier, on comprend combien le public rap bas du front sera horrifié. Pourtant, Sérigné signe-là une des plus belles chansons de rupture qu’elle soit amoureuse, musicale ou autre.

Avec Dans le ventre du crocodile, Peter Punk prouve qu’il y a une vie après le hip hop. Puisse le public le suivre…

Peter Punk (alias Disiz) Dans le ventre du crocodile (Naïve) 2010