Barbara, pour offrir
Hommage, cinq ans après sa mort, et préparation des fêtes de fin d’année : le disque, l’édition et la vidéo célèbrent Barbara. Universal, héritier de Philips, sa maison de disques, publie début décembre un nouveau coffret de treize CD, alors que rééditions, DVD ou livres sont déjà en magasin depuis quelques semaines.
Réécouter, relire et revoir Barbara.
Hommage, cinq ans après sa mort, et préparation des fêtes de fin d’année : le disque, l’édition et la vidéo célèbrent Barbara. Universal, héritier de Philips, sa maison de disques, publie début décembre un nouveau coffret de treize CD, alors que rééditions, DVD ou livres sont déjà en magasin depuis quelques semaines.
Après qu’il a été annoncé pour le début du mois de novembre, Universal nous a fait la surprise de reporter la sortie du coffret L’Aigle noir au 2 décembre. Mais l’essentiel est qu’arrive enfin la nouvelle intégrale de Barbara, qui remplace au catalogue le coffret Ma plus belle histoire d’amour... c’est vous, paru en 1992. Plutôt que treize volumes serrés par ordre chronologique, le parti pris cette fois-ci est de présenter tous les albums studio de la longue dame brune avec leurs pochettes originales, certains de ces disques étant augmentés de quelques titres supplémentaires (en général parce qu’ils étaient sortis uniquement en single), avec en outre un CD entièrement inédit. Ainsi, on retrouvera, par ordre chronologique : Barbara chante Barbara (1964), Barbara N°2 (1965) avec quatre titres bonus (Tu ne te souviendras pas, Attendez que ma joie revienne, Le Verger de Lorraine, Ce matin-là), Barbara chante en allemand (1967, sans doute le plus rare des 33-tours de Barbara), Ma plus belle histoire d'amour... c'est vous (1967), Le Soleil noir (1968) avec titre bonus (Moi, je me balance), Madame (1969) avec quatre titres bonus (Les Amis de Monsieur, La Vie d'artiste, Elle vendait des p'tits gâteaux, La Chanson de Margaret), L'Aigle noir (1970), Amours incestueuses (1972), La Fleur d'amour (1972), La Louve (1973) avec un titre bonus (L'Homme en habit rouge), Seule (1981) et Barbara (1996).
Hambourg 1966
Et, pour conclure ce coffret, un CD présente seize enregistrements inédits de 1964 à 1967 : sept chansons avec Michel Gaudry à la contrebasse et Joss Baselli à l'accordéon, réalisés en novembre 1966 à Hambourg pendant les séances de l'album en allemand Barbara singt Barbara, une version au texte très différent et à l’instrumentation très dépouillée d’A mourir pour mourir, deux versions de travail de Sans bagages et Le Bel Age, Une petite cantate en piano-voix, deux alternate takes d’A chaque fois, Parce que je t’aime dans deux orchestrations différentes, une belle prise inédite de Madame...
Le livret accompagnant ce coffret est imposant, avec notamment un long texte, nourri de nombreux témoignages de musiciens, par la biographe de Barbara, Sophie Delassein, et consacré au travail de Barbara en studio, un texte de l’écrivain et critique Jérôme Garcin sur ses pochettes des disques, un témoignage de Claude Dejacques, son directeur artistique de 1964 à 1970, un témoignage de son ingénieur du son Roger Roche, une interview de Nadine Laïk, assistante personnelle de Barbara entre 1964 et 1973.
Pantin 1981
En revanche, on trouve déjà chez les disquaires le double CD Récital Pantin 81, première réédition digitale du fameux double 33-tours enregistré en public au cours d’une mythique série de concerts sous chapiteau en périphérie de Paris, du 28 octobre au 21 novembre 1981. Deux chansons légendaires furent composées pour l’occasion : Regarde, évoquant l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand au printemps précédent, et Pantin, créée le soir de la dernière et célébrant son exceptionnelle rencontre avec son nouveau public - "Pantin espoir Pantin bonheur/Qu’est-ce vous m’avez fait là". En final, cette réédition inclut le 45-tours réservé à l’époque à la promotion et intitulé Barbara et son public, étonnant medley de chansons de Barbara chantées par son public, et la chanteuse lui répondant - un document saisissant sur l’ambiance à ses concerts et la ferveur de sa relation avec ses spectateurs.
On peut en avoir un autre témoignage avec le DVD de ce même récital à Pantin, paru également ces jours-ci. Il s’agit de la captation du dernier concert, réalisée et montée par Guy Job sous la supervision de Barbara elle-même, ce qui explique que l’ordre des chansons à l’écran ne soit pas le même que sur scène. Mais c’est une Barbara impressionnante que l’on découvre, avec ses gestes fantasques, ses poses exagérées, sa danse habitée. Et la réalisation est d’une modernité étonnante, avec des angles de vue inhabituels et une passion avouée pour la chanteuse.
Quelques livres
Cette passion se prolonge évidemment par les livres. Tout d’abord, Barbara par elle-même, avec la parution en édition illustrée, en grand format (chez Fayard), d’Il était un piano noir, ses mémoires interrompus déjà parus en 1998. L’iconographie est riche de documents rares, dont quelques photos d’enfance et de jeunesse de la jeunesse. Hélas, il n’y a pas de légendes et il faut se reporter à la page des crédits photographiques (d’ailleurs classés de manière très peu pratique) pour avoir quelques détails. De même, si quelques-unes des erreurs flagrantes du texte original ont été corrigées, il reste trop de fautes d’orthographe dans les noms propres ou de petites erreurs factuelles pour que l’on aille jusqu'à féliciter l’éditeur de son travail.
Pour la rigueur et la précision, on se reportera plutôt à Rappelle-toi Barbara, nouvelle version de la remarquable biographie écrite par Sophie Delassein, journaliste à l'hebdomadaire, le Nouvel Observateur, qui paraît en format de poche (chez 10/18). Beau travail nourri par une enquête d’une spectaculaire ampleur, ce récit de la vie de Barbara est sans doute l’outil le plus indispensable au fan.