GUITARES TROPICALES
Paris, le 29 mars 2000 - Pour conclure notre série sur le Festival des "Ailes du Monde" à Glaz'art, retour sur le spectacle de deux guitaristes au feeling tropical. L'un vient du Cap-Vert, l'autre de l'archipel des Caraïbes. Et d'un océan à l'autre, ont à coeur de préserver la musique traditionnelle de leur île. De la morna au gwo ka. Hier soir, Bau qui fut le chef d'orchestre de Cesaria Evora a partagé l'affiche avec le guitariste d'origine guadeloupéenne Jean-Christophe Maillard.
Bau et Jean-Christophe Maillard
Paris, le 29 mars 2000 - Pour conclure notre série sur le Festival des "Ailes du Monde" à Glaz'art, retour sur le spectacle de deux guitaristes au feeling tropical. L'un vient du Cap-Vert, l'autre de l'archipel des Caraïbes. Et d'un océan à l'autre, ont à coeur de préserver la musique traditionnelle de leur île. De la morna au gwo ka. Hier soir, Bau qui fut le chef d'orchestre de Cesaria Evora a partagé l'affiche avec le guitariste d'origine guadeloupéenne Jean-Christophe Maillard.
Jean-Christophe Maillard, a subtilement mélangé le rythme traditionnel, le Ka, le tambour de la Guadeloupe, à celle de la guitare classique, ou un savant dosage entre acoustique et percussions. Les musiciens, deux percussionnistes de gwo ka et un bassiste, entourant le guitariste laissent cours à l'improvisation, à la manière d'un world-jazz ou d'un jazz ethnique. Avec juste ce qu'il faut de soubresauts brésiliens, un peu à la manière d'un Egberto Gismonti guadeloupéen.
Né à Pointe-à-Pitre en 1967, Jean-Christophe Maillard fut arrangeur et chef d'orchestre de Michel Fugain, il a travaillé également avec Richard Gotainer et Sarclo. Puis accompagne les début d'Angélique Kidjo, part en tournée européenne avec Touré Kunda en 1993 avant de travailler avec Kassav. Bien qu'il effleure le rap en enregistrant avec Bisso na Bisso, ce sont ses compositions et ses arrangements pour les albums de l'accordéoniste Daniel Mille qui feront parler de ce guitariste courtisé par le milieu du jazz. Avant de sortir enfin, en février, son premier album "Ka suite" (Abacaba/Mélodie), une suite, on ne peut plus logique, à celle de la création que Jean-Christophe Maillard a présentée au Carrefour mondial de la Guitare à Fort-de-France. Et si la tradition de ce tambour d'esclave avait une suite...
Au royaume des musiciens cap-verdiens, sa réputation n'est plus à faire. Car Bau qui mène maintenant une carrière solo, a dirigé la formation musicale de Cesaria Evora. Il est l'un des artisans du succès planétaire, n'ayons pas peur des mots, de Cesaria Evora. Chef d'orchestre de la diva du Cap-Vert, Bau a largement contribué à la propagation de la morna, ce blues indolent de l'Atlantique, aux quatre coins du globe. Originaire de Mindelo, dans l'île de São Vicente, tout comme Cesaria, Bana ou Tito Paris, c'est à sept ans qu'il reçoit de son père luthier, son premier cavaquinho. Cette petite guitare à quatre cordes rythme de façon lancinante la musique cap-verdienne. De ses mornas mélancoliques à ses coladeras, plus enjouées. Egalement utilisé au Brésil par les joueurs de choro, le cavaquinho est nommé en Afrique "ukulêlê".
De son vrai nom Rufino Almeida, Bau, surnommé ainsi en hommage à un célèbre footballeur cap-verdien, lassé peut-être de rester dans l'ombre de Cesaria, a déjà enregistré trois albums solo. Légers, aériens, un peu comme lui, qui a ce talent de savoir s'effacer derrière sa musique.
Pascale Hamon
Jean-Christophe Maillard "K suite" (Abacaba/Mélodie)
Bau "Inspiração" (Lusafrica/BMG)