Biguine de Guy Deslauriers
La sortie en DVD de Biguine de Guy Deslauriers permet de plonger dans le passé mythique de la culture créole martiniquaise.
Sortie du DVD
La sortie en DVD de Biguine de Guy Deslauriers permet de plonger dans le passé mythique de la culture créole martiniquaise.
Quand, le 8 mai 1902, s’ouvre le flanc de la Montagne Pelée, ce n’est pas seulement la ville de Saint-Pierre et ses 30000 habitants qui disparaissent dans le feu craché par le volcan, mais aussi l’art de vivre de ce qui est alors la rayonnante capitale du monde créole. Mais le symbole de cet hédonisme turbulent survivra à la ville et la biguine continuera de tourner la tête des danseurs.
Le cinéaste martiniquais Guy Deslauriers, sur un scénario de l’écrivain Patrick Chamoiseau, raconte l’histoire de cette musique et de son peuple dans Biguine, film sorti en novembre 2004 et qui vient de paraître en DVD. L’histoire est celle d’Hermansia et de Tiquitaque, couple de musiciens venus de la campagne avec en tête les rudes accents des tambours et des flûtes de bambou rurales. A Saint-Pierre, ils vont plonger dans un chaudron où les bourgeoisies blanche, mulâtre et noire, le prolétariat de la ville et les marins des bateaux qui se succèdent dans la rade sont pris dans une frénésie de musique et de danse dans laquelle les polyrythmies africaines et les danses bien réglées venues d’Europe – polka, mazurka, valse – se mêlent et se fécondent mutuellement.
En suivant ses deux héros (incarnés avec charme et justesse par Micheline Mona et Max Téléphe), leur apprentissage de la clarinette et des nouvelles manières de la ville, leur chemin de plaisir et de gloire dans les cabarets de Saint-Pierre, Deslauriers suit la genèse d’un genre musical mais aussi la mue de l’ancienne société esclavagiste en une curieuse bigarrure raciale et culturelle dans laquelle la musique occupe une place centrale. Ainsi il montre, dans une même scène, Hermansia et Tiquitaque jouant une polka avec un reste de retenue dans un salon de la haute société, puis jouer le même air sous la forme d’une frénétique biguine dans un caboulot du port devant la foule bigarrée du petit peuple et des matelots. Entre documentaire et fiction, entre exaltation romanesque et réflexion sur la créolité, le film est une promenade superbe dans un passé mythique.
Biguine de Guy Deslauriers, 1 DVD Hibiscus-DVD 9.
