Charlotte Gainsbourg, à tour de rôles

Deux ans après 5:55, réalisé par Air, Charlotte Gainsbourg revient à la musique avec IRM, un album plus personnel, enregistré avec Beck. Le laborantin californien s'est permis quelques expérimentations sonores et devrait précipiter la chanteuse sur scène.

Association avec Beck

Deux ans après 5:55, réalisé par Air, Charlotte Gainsbourg revient à la musique avec IRM, un album plus personnel, enregistré avec Beck. Le laborantin californien s'est permis quelques expérimentations sonores et devrait précipiter la chanteuse sur scène.

Fille de. Un statut à la fois enviable et inconfortable. Charlotte Gainsbourg, fille de Serge et de Jane Birkin, doit assumer un imposant héritage pop. Elle avoue ne pas arrêter de se comparer à son père dès qu'on lui parle musique. C'est peut-être pour cette raison qu'après un premier album publié quand elle avait 15 ans (Charlotte for ever en 1986), elle se tournera finalement vers le septième art.

La gamine effrontée révélée par Claude Miller va poursuivre une carrière d'actrice, encore couronnée cette année, par un prix d'interprétation au Festival de Cannes pour son rôle dans Antichrist de Lars von Trier. 2009 est aussi l'année de son troisième album, IRM. Comme pour les deux précédents, Charlotte Gainsbourg a été bien entourée. 5:55 avait été conçu par deux gainsbouriens : le duo Air, avec à la clé un hommage musical appuyé. Pour IRM, c'est un autre fervent admirateur du grand Serge, le californien Beck, qui s'est mis aux commandes du laboratoire. Ce génial touche-à-tout est parti de rythmes, avant d'y greffer instruments, arrangements... et la voix de Charlotte, qui a participé à l'élaboration de cette pharmacopée de sons.

L'album qui en résulte est inventif et protéiforme, entre folk, pop et sons électroniques. On y croise des percussions foutraques (Master's Hands, Trick Pony), un collage de poèmes d'Apollinaire (The Collector) ou une chanson façon Velvet Underground (Me and Jane Doe), qui évoque... le chien de Vanessa Paradis. L'inquiétant IRM (avec de vrais sons d'examen IRM à l'intérieur), rappelle les angoisses hospitalières de Charlotte, après un accident de ski nautique en 2007.

La mort plane sur cet album, chantée en français, avec aussi une étonnante reprise du Chat du Café des Artistes du Québécois Jean-Pierre Ferland, sortie on ne sait comment par Beck de l'une de ses boîtes. IRM aurait-il des vertus curatives pour son interprète ? Elle proclame en tout cas, qu'il s'agit de son opus le plus personnel.

Charlotte Gainsbourg a l'habitude de s'entourer d'Anglo-Saxons (Jarvis Cocker ou Nigel Godrich sur 5:55) et de chanter en anglais. Une façon sans doute d'éviter encore la comparaison avec la figure paternelle. Mais Beck, en bon connaisseur de Serge, se rappelle bien de Couleur Café ou New York USA. La musique est pour Charlotte Gainsbourg, un violon d'Ingres, puisqu'elle ne compose ni n'écrit, mais avec un tel héritage, elle a une oreille forcément musicale, qu'elle tend volontiers vers Charles Aznavour ou Camille, côté chanson française. A l'image de sa voix, plus libérée, elle semble avoir pris davantage confiance en elle grâce à Beck. Et malgré une peur bleue, elle devrait donner des concerts en 2010. Un rôle totalement inédit pour elle.

 

Charlotte Gainsbourg IRM (Because Music) 2009