FAITES LA FETE A LAFAYETTE
Lafayette, le 30 avril 2000 – Le Festival International de Louisiane est avant tout un rendez-vous familial puisque cet événement est entièrement gratuit. On n’a jamais vu un tel rassemblement de poussettes, une telle consommation de biberons et une telle cacophonie de babillages dans un festival de musique. Tout le monde est là pour s’amuser, petits et grands, très jeunes comme très âgés. Dans ces conditions, tout expression de fête est la bien venue. Avis aux amateurs de musique festives, Ceux qui marchent debout ou le Grand Dérangement, chacun dans son genre a réveillé si besoin était, la ville tranquille de Lafayette.
Fanfare, claquettes et danse
Lafayette, le 30 avril 2000 – Le Festival International de Louisiane est avant tout un rendez-vous familial puisque cet événement est entièrement gratuit. On n’a jamais vu un tel rassemblement de poussettes, une telle consommation de biberons et une telle cacophonie de babillages dans un festival de musique. Tout le monde est là pour s’amuser, petits et grands, très jeunes comme très âgés. Dans ces conditions, tout expression de fête est la bien venue. Avis aux amateurs de musique festives, Ceux qui marchent debout ou le Grand Dérangement, chacun dans son genre a réveillé si besoin était, la ville tranquille de Lafayette.
A l’heure du lunch à l’hôtel où sont hébergés les musiciens, c’est le défilé des membres de Ceux qui Marchent debout, rebaptisés avec humour après une nuit blanche et chaude à la Nouvelle Orléans, Ceux qui dorment debout…Pas très frais les gars. Il faut dire que sur scène ils dépensent une énergie à faire pâlir un coureur du marathon. Juste après la collation, nous avons alpaguer le banjo ou plutôt celui qui en joue, Bruno, pour nous donner ses impressions sur la vie de tournée. Eh oui, cette joyeuse fanfare funky écume les clubs, salles, chapiteaux en tout genre. Ils viennent de terminer leur tournée en Afrique, de l’ouest à l’est, du Sénégal au Soudan. Cela semble être un grand souvenir pour notre musicien qui nous explique combien il fur étonné de l’accueil chaleureux qu’ils reçurent y compris dans des pays où les conditions politiques et religieuses ne se prêtent pas forcément à la fête.
Ici à Lafayette, c’est la seconde année qu’ils viennent, demandés expressément par les organisateurs américains, ce dont ils sont très fiers. Car il faut bien le dire, Ceux qui Marchent debout sont un peu chez eux ici. Les deux options (funk et fanfare) qu’ils ont dès le départ adoptées sont directement issues de la culture américaine. Essentiellement instrumentaux, les morceaux ne nécessitent pas vraiment de grandes explications. D’ailleurs ici de l’avis même de Bruno, il n’est pas besoin de chanter pour que le public apprécie la musique. Comme il n’est pas toujours facile de dialoguer en français avec lui même s’il s’agit de la seule région francophone des Etats-Unis. De toute façon, Ceux qui Marchent debout n’ont visiblement pas de revendications linguistiques particulières. Leur seul soucis, c’est de mettre le feu là où ils passent.
A côté de Ceux qui Marchent Debout, le Grand Dérangement donne dans un autre registre. Originaire de la Nouvelle Ecosse au Canada, ils sont sept, trois danseuses et quatre musiciens. Auteurs d’un premier disque il y a deux ans, c’est plutôt sur scène qu’ils s’expriment Sur la scène Lafayette, ils ont donné un show entre tradition et modernité, entre danse et musique, entre violon et guitare électrique. Le tout orchestré par un enseignant, Michel Thibeault, basé à Baie Sainte Marie et responsable des paroles, de la musique et de la mise en scène. Parce qu’il y a une véritable mise en scène, qu’on se le dise. Les trois danseuses ne font pas simplement office de décoration. Elles font une belle démonstration de gigue acadienne, avec claquettes aux pieds. Mais… finie la danse de Grand maman, ces jeunes filles s’essaient à la chorégraphie, modernisent la tradition. On n’est pas la pour s’endormir. « Avoir le fun » semble être l’expression favorite de notre équipe. Et le public de Lafayette ces jours-ci « a le fun lui aussi ». Daniel, le violoniste affirme que « l’énergie était incroyable (ndlr : durant le concert). On veut revenir ». Car le lien culturel entre les communautés francophones du Canada et les Cajuns semble réellement exister. N’oublions pas que ces derniers sont les descendants des Acadiens (Acadie : ancienne province située au nord est de Montréal) qui furent déportés vers la Louisiane au XVIIIème siècle car ils refusèrent de prêter allégeance à la Couronne d’Angleterre. Cette épisode tragique est connu sous le nom du « Grand Dérangement ». Ici au Festival International de Louisiane, l’expression Grand Dérangement représente finalement un esprit de fête et c’est tant mieux !
Texte et photos : Valérie Passelègue