L'ÉTÉ DE YANNICK

Paris, le 26 septembre 2000 - " Que tous ceux qui sont dans la vibe lèvent le doigt/Que toutes celles qui sont dans la vibe lèvent le doigt/Que tous ceux qui sont assis se lèvent et suivent le pas/Allez maintenant on y va "… Que vous apparteniez au million et demi d'acheteurs du single ou que vous ayez simplement écouté la radio cet été, l'invitation du jeune Yannick n'a échappé à personne et a été acceptée dans des proportions inespérées.

Un tube disco-rap

Paris, le 26 septembre 2000 - " Que tous ceux qui sont dans la vibe lèvent le doigt/Que toutes celles qui sont dans la vibe lèvent le doigt/Que tous ceux qui sont assis se lèvent et suivent le pas/Allez maintenant on y va "… Que vous apparteniez au million et demi d'acheteurs du single ou que vous ayez simplement écouté la radio cet été, l'invitation du jeune Yannick n'a échappé à personne et a été acceptée dans des proportions inespérées.

Incontestablement, Ces soirées-là est LE tube de cet été 2000. En tête des ventes depuis le printemps, et durant 15 semaines, le single, comme en France, s'est également placé à la première place du Top 50 en Belgique, a fort bien marché en Suisse (n°4) et décolle à présent aux Pays-Bas (n°60 la semaine dernière). Un phénomène. Il faut dire que le refrain n'a pas eu grand mal à convaincre radios et télés et à s'incruster dans les subconscients : Ces soirées-là reprend pour trame le fameux Cette année-là de feu Claude François. Réenregistrer un air populaire encore dans les mémoires en la remaquillant à la mode d'aujourd'hui : la recette, certes sans risque, est éprouvée.

Mais les jeunes artistes actuels ne sont pas pour autant plus feignants ou moins inspirés que leurs aînés. La plupart des succès français des années 60 reprenaient note pour note les standards du répertoire anglo-saxon. Des vedettes éphémères aux stars confirmées, presque tous ont usé et abusé de cette formule. D'ailleurs, Cette année-là, tube de l'été 1976, se réappropriait déjà sans complexe Oh what a night, une scie folk américaine, composée par Bob Gaudio et Judy Parker. Yannick n'a donc rien inventé. "Claude François, qu'on aime ou pas, tout le monde connaît les paroles, tout le monde connaît au moins deux ou trois chansons, tout le monde danse dessus, que ce soit dans les mariages, les karaokés… " , déclarait-il sur RTL, visiblement pas dupe.

Ses textes simples et futiles, qui parlent de fête et de parties de drague, ne bousculeront pas plus l'ordre établi que Itsi bitsi petit bikini, L'Ecole est finie et autres minauderies 60's. Comme beaucoup de rockeurs de cette époque, certains rappeurs d'aujourd'hui s'inscrivent plus dans la tradition de la musique populaire ( " qu'on danse la tête vide et les mains pleines " , comme disait Gainsbourg) que dans celle de la culture qu'ils revendiquent - le rap pour Yannick. C'est la vieille recette du Canada Dry…

Enfant du rap

Pourtant, Yannick, que l'on dit gentil, ouvert, drôle et timide, est un réel enfant du rap. Français d'origine camerounaise, né en 1979 d'un père expert comptable et d'une mère puéricultrice, Yannick a aussi une grande sœur et un petit frère. A l'âge de douze ans, dans sa chambre à Bagneux, en région parisienne, il commence à écrire ses premiers textes, en compagnie d'un ami. Mais ce rappeur cool débute véritablement en intégrant la Mafia Trece, collectif d'une douzaine de rappeurs basé dans le XIIIème arrondissement de Paris. Le groupe, connu de l'underground hip hop pour son concept de rap théâtral, a publié deux albums, Cosa Nostra et L'Envers du décor, ainsi qu'un maxi, Le Mauvais chemin, sur lequel Yannick rappe déjà en solo.

Fan de Lauryn Hill, Mase, LL Cool J, Will Smith, comme de Marvin Gaye et Aretha Franklin, il est, en 1998, le plus jeune membre de la Mafia Trece à se lancer dans une carrière solo. Sans atteindre les sommets de Ces soirées-là, son single J'aime ta maille (J'aime ton argent, en argot) lui permet de faire ses premiers pas dans le Top 50 (n°23 pendant l'été), s'écoulant à plus de 100.000 exemplaires. L'ampleur du succès de Ces soirées-là devrait changer la vie de celui qui était encore inscrit, il y a quelque mois, en DEUG de gestion à la fac de Tolbiac. Depuis le 30 mai, son premier album solo, C'est ça qu'on aime (11 titres), est dans les bacs des disquaires, qui attendent pour le 17 octobre son nouveau single, Fais ce qu'il te plaît, dont le clip a été tourné à Los Angeles.

Gilles Rio

Yannick C'est ça qu'on aime Epic/Sony 2000