Vu d'ailleurs avril 2009

Musiques de France et d’ailleurs

Venus de France ou d’ailleurs, les artistes francophones sont nombreux à voyager sur les scènes du monde. Chao, Kaas, Khaled, Titi Robin ou Soha l’ont prouvé ces temps-ci.

La crise frappe et la lutte politique redevient à la mode. Pourtant, il n’est pas si facile d’être un chanteur militant. Manu Chao l’a expérimenté au Mexique. En visite au Guadalajara International Film Festival, il a qualifié de "terrorisme d’état" l’intervention policière organisée en 2006 pour libérer 11 agents de sécurité retenus prisonniers dans un village. Résultat : "la star risque l’expulsion du Mexique", en vertu de "l’article 33 de la constitution mexicaine qui stipule que 'les étrangers ne peuvent en aucune manière interférer dans les affaires politiques i

nternes'" (The Guardian, Angleterre, 9/4). La réaction des autorités fait réagir la presse mexicaine. Une tribune publiée dans le quotidien national La Jornada (6/4) regrette qu’en "essayant de limiter la liberté d’expression de Manu Chao, ce que le gouvernement fédéral démontre est que, dans notre pays, une fois de plus, on viole les droits humains. (…) Le gouvernement devrait se rendre compte de ce qui se passe vraiment, plutôt que de tracasser un artiste comme Manu Chao".

Bien sûr, il est des stars plus consensuelles. Prenez Patricia Kaas, par exemple, dont l’agenda est surchargé : un CD à défendre (Kabaret), une tournée mondiale et un défi important : le 16 mai, à Moscou, elle représentera la France au Concours Eurovision de la Chanson. Aussi, constate la journaliste du quotidien Le Soleil (Québec, 25/4), "pendant les premières secondes au bout du fil, la voix de Patricia Kaas est un peu lasse. La fatigue des voyages, dira-t-elle". Il est vrai que "la dernière star internationale de la chanson française est en Estonie pour un concert. La veille, Patricia Kaas chantait en Finlande. Elle est au milieu d'une longue tournée qui l'amène dans une vingtaine de pays, de l'Allemagne à la Turquie, d'Israël à la Lettonie. L'hiver dernier, elle a joué en Russie 17 fois, dont un soir au Palais du Kremlin à Moscou, devant 5 000 personnes." Mais le vrai challenge, c’est l’Eurovision. "ça se passe à Moscou, où on m'aime beaucoup, et ce sera dans la salle où j'ai chanté la première fois en Russie. Ce sera le jour anniversaire du décès de maman. Depuis 20 ans, je n'ai jamais chanté ce jour-là, mais là, il y a trop de signes."

Après quelques années d’absence, Khaled est revenu en 2009 avec l’album Liberté et le single Même pas fatigué, avec le groupe ivoirien Magic System. Khaled, dont la popularité en Europe n’est plus au zénith, continue de tourner dans le monde entier sans renier ses racines. "Pour moi, il est très important de chanter en arabe, déclarait-il, en marge du Festival Womad à Abu Dhabi (The National, Emirats Arabes Unis, 19/4). OK, ce n’est pas de l’arabe classique, il y a beaucoup de jeux de mots. Mais c’est une tradition importante." L’ouverture est nécessaire pour toucher d’autres cultures. "Je crois que si le raï a un tel écho dans le monde, c’est qu’il intègre plein d’influences musicales – comme le rock'n'roll. C’est une musique très ouverte et la jouer procure beaucoup de joie."

Paris a toujours été une capitale des musiques du monde. C’est là que Khaled a gagné ses premiers galons de star internationale. Aujourd’hui, la scène world est toujours aussi vivante et le Cargo, à Londres, a décidé de la fêter. "La première nuit du Live Boutique Festival des musiques de la scène world française a été troublée par quelques problèmes, de l’absence du Sénégalais El Hadj N’Diaye au manque de promotion". Le résultat a été une faible fréquentation.

Ainsi, "le musicien renommé Titi Robin a-t-il entamé son retour londonien en jouant dans une salle tristement vide – ce qui n’a pas semblé l’inquiéter." (The Guardian, Angleterre, 6/4). Mais la vraie révélation du festival s’appelle Soha, "une fascinante chanteuse et compositrice franco-algérienne, accompagnée par un accordéon et des guitares" dont la musique balance "de la pop française au reggae et aux ballades latines pleines de soul".

Glamour toujours, "tandis que la vie de Chanel est dépeinte sur grand écran", un projet autour d’Yves Saint-Laurent est en préparation. Selon Vogue U.K. (avril 2009), "le chanteur français Alain Chamfort et le compositeur Pierre-Dominique Burgaud travaillent sur une comédie musicale basée sur l’ascension de Saint-Laurent dans le monde de la mode, de ses débuts chez Christian Dior à la création de sa propre maison de couture." Pierre Bergé aurait aimé les premiers titres, c’est déjà une première victoire !