Fugain rend hommage aux artistes
Après 40 ans de carrière, Michel Fugain a souhaité saluer le talent de ses "confrères" et "consœurs" de la chanson française. Dans Bravo et Merci, l’ex-leader du Big Bazar, à l’aise dans son rôle de mélodiste, interprète les textes que lui ont offerts douze artistes de renom : Charles Aznavour, Serge Lama, Louis Chedid, Claude Nougaro, Maxime Le Forestier, Françoise Hardy, Véronique Sanson, Gérard Manset, Alain Leprest, Salvador Adamo, Michel Sardou et Yves Duteil. Rencontre avec un chanteur à fleur de peau.
Renaissance artistique
Après 40 ans de carrière, Michel Fugain a souhaité saluer le talent de ses "confrères" et "consœurs" de la chanson française. Dans Bravo et Merci, l’ex-leader du Big Bazar, à l’aise dans son rôle de mélodiste, interprète les textes que lui ont offerts douze artistes de renom : Charles Aznavour, Serge Lama, Louis Chedid, Claude Nougaro, Maxime Le Forestier, Françoise Hardy, Véronique Sanson, Gérard Manset, Alain Leprest, Salvador Adamo, Michel Sardou et Yves Duteil. Rencontre avec un chanteur à fleur de peau.
RFI Musique : Dans Bravo et Merci, vous interprétez les textes que vous ont offerts de grands noms de la chanson française. Comment est né ce beau projet ?
Michel Fugain : En 2003. Ça part d’une dépression, comme souvent le beau temps mais il ne s’agissait pas d’une dépression artistique, plutôt d’une dépression "accident de la vie". J’avais perdu ma fille, j’étais tout cassé. Je ne pensais pas que je pouvais être détruit à ce point. Je n’avais qu’une seule envie c’était de m’arrêter…de mourir dans un coin. Mais en même temps, j’ai fait un bilan et j’ai réalisé que ça faisait quarante ans que je marchais en parallèle avec des artistes, qui avaient encore des choses à dire et une patte incroyable. Et j’ai eu envie de leur dire merci : merci d’avoir alimenté mon imaginaire, et celui de mes semblables, avec des chansons magnifiques. Ils en ont chacun trois ou quatre immortelles. Je leur ai donc écrit une lettre en leur expliquant que j’avais envie de leur rendre hommage et je leur ai demandé de m’offrir un texte que je mettrai ensuite en musique.
Pourquoi s’être adressé à ces douze artistes en particulier ?
Je voulais des auteurs. Ça limite le champ. Je souhaitais rendre hommage aux créateurs, ceux qui font les chansons. Je connais le plaisir de faire une chanson, la douleur aussi, les doutes et le mal être que ça entraîne. Il fallait également que ces artistes acceptent le jeu : écrire le texte sans mélodie. Moi ce que je voulais, c’était créer la musique sur leur texte, sinon j’aurais encore fait du Fugain et ça ne m’intéressait pas.
Comment avez-vous procédé pour composer les mélodies et vous approprier les chansons ?
Pour s’approprier les textes, il faut du temps. Il faut se laisser pénétrer. C’est le texte qui vous envahit petit à petit avec toujours cette image de l’auteur. On se laisse faire et puis un jour, ça part. Ça m’a procuré un plaisir intense. Quand on travaille avec des gens aussi identifiés, on les a en permanence dans la tête et dans les oreilles. Mais si j’ai un texte de Lama, il ne faut pas que je fasse du Lama, ce serait idiot. C’est là toute la difficulté.
Claude Nougaro vous a offert une chanson cinq semaines avant sa mort. L’interpréter a dû être particulièrement émouvant ?
Ça l’a été. Cette chanson, une de ses dernières, a été mise en musique de manière posthume puisque je l’ai crée à Toulouse le 9 septembre 2005, date de l’anniversaire de Claude, fêté sur la place du Capitole. Pendant une semaine, toute la ville était sous le signe de Nougaro. J’ai vécu un moment privilégié. Je lui avais parlé quelques jours avant qu’il ne disparaisse. J’avais besoin de la répétition d’un mot dans son texte et je voulais savoir ce que "le poète me permettait". Il m’a répondu : "Oh si ça sert la rythmique, tu as tous les droits". Ce sont les derniers mots que j’ai entendus ou presque. Je l’ai embrassé très fort car je savais que c’était la dernière fois et depuis il me manque. C’était un authentique poète.
Sa chanson est d’actualité puisqu’elle traite d’écologie. Une cause qui vous est chère ?
Oui, une cause qui m’est chère. D’ailleurs, il m’avait dit que cette chanson m’irait très bien. Ce qui est fort, c’est que lui, soit à l’origine de ce texte sur l’écologie. Le message du poète prend une place considérable.
L’amour est également omniprésent dans Bravo et Merci (Je parlerai de toi, Amours gris gris, La rue du Babouin, Ça dure un jour…) Il demeure un de vos thèmes de prédilection ?
Oui, mais ce sont des lettres d’amour déguisées. Charles Aznavour dans Je parlerai de toi par exemple, parle de choses très dures "de femmes qui font l’amour sans amour, d’enfants volés, violés." Et puis tout à coup, il dit : "Je parlerai de toi". L’’idée était de s’octroyer le droit de dire : "si ça ne vous ennuie pas, maintenant je vais parler d’amour".
Un grand optimisme se dégage du tout. Vous souhaitez lutter contre la morosité ambiante ?
Les auteurs m’ont tous offert des textes doux-amers. Et j’ai tenté de rendre ça plus souriant, de mettre un rayon de soleil sur chaque chanson. Je ne voulais pas de la douceur-amertume au premier degré.
Une tournée est annoncée prochainement. Êtes-vous impatient ?
On commence par l’Olympia en octobre. Oui, je suis très impatient de remonter sur scène. J’ai une soif de tourner incroyable. En tournée, on défend un projet, une idée. Les chansons de Bravo et Merci ont toutes une histoire et je vais prendre beaucoup de plaisir à les raconter. Mais je ne chanterai pas uniquement ces douze chansons. Après quarante ans de métier, j’ai 250 titres à mon actif dans lesquels je vais pouvoir puiser.
Manon Nouvelle
Michel Fugain Bravo et merci (Capitol) 2007