La World en France I
Le succès des musiques du monde ne repose pas sur le seul talent ou le seul génie des artistes. Ils sont journalistes, patron de label, fabricant de mouvances, dénicheurs de sons exotiques…Ce sont des passeurs que l'on ne rencontre pas toujours, mais sans qui l'artiste n'existerait pas. Au fil d'une série d'articles qui commence aujourd'hui, nous avons souhaité vous faire découvrir quelques figures incontournables des musiques du monde en France.
Lusafrica ou le Cap-Vert en puissance 10
Le succès des musiques du monde ne repose pas sur le seul talent ou le seul génie des artistes. Ils sont journalistes, patron de label, fabricant de mouvances, dénicheurs de sons exotiques…Ce sont des passeurs que l'on ne rencontre pas toujours, mais sans qui l'artiste n'existerait pas. Au fil d'une série d'articles qui commence aujourd'hui, nous avons souhaité vous faire découvrir quelques figures incontournables des musiques du monde en France.
A vous entendre, les choses se sont passées assez vite, naturellement, avec les médias…
On a juste mis les gens devant le vrai. Césaria est imprévisible. Elle est comme elle est. Celui qui essaye de construire quelque chose autour d'elle, se casse la gueule parce qu'elle n'obéit à aucune règle de marketing. On n'intervient pas dans sa façon de chanter, dans sa façon de s'habiller, dans sa façon de parler. Elle n'accepte pas. On se dit qu'on a eu beaucoup de chance dans ce qu'on a fait. On a eu l'artiste qu'il fallait, une voix extraordinaire, une histoire, la chance d'arriver au bon moment. Je suis sûr que si on essayait de lancer Cesaria pour la première fois en ce moment, ce ne serait pas si facile.
La cible de départ semblait être le public communautaire… Mais comment s'effectue concrètement le passage vers un public plus large, plus world music, plus éclaté aussi ? Comment s'opère en pratique le choix de la multitude, au-delà de la nécessité de ne pas s'enfermer dans un ghetto pour vendre plus de disques ?
C'est sûr que là, il a fallu savoir ce que le public aime chez Cesaria. Pour comprendre, j'ai dû monter deux types de groupes. J'avais un groupe qui accompagnait pour la communauté cap-verdienne, parce que dans l'immigration, ils voulaient faire la fête, ils voulaient danser. Donc Cesaria chantait dans les bals. Il fallait que ça bouge et là on avait un groupe électrique. De l'autre côté, on avait un groupe acoustique… Le premier festival qu'on a fait, c'était le festival d'Angoulême. On avait emmené les deux formations. On a scindé le concert en deux parties. La première partie était électrique et la deuxième acoustique. La première partie n'a pas fonctionné du tout. Mais dès qu'on est parti dans la partie acoustique, là on a senti qu'il se passait un truc dans le public, d'où la décision de faire dans le jour qui suivait l'album Mar Azul en acoustique. On a dû s'adapter. Faire ce que le public européen voulait, c'était ce qu'il y avait de plus simple. Faire les bals cap-verdiens, c'était ce qu'il y avait de plus compliqué, parce qu'il fallait que Cesaria s'habitue à toute l'électronique pour chanter, alors que dans les clubs ou les bars au Cap-Vert, elle chantait en acoustique, tout simplement. On a enregistré l'album Mar Azul en deux jours en studio. Un type de jam session, comme si elle chantait dans un bar au Cap-Vert. Et cela a fonctionné.
Propos recueilli par Soeuf Elbadawi
L'album São Vicente di longe de Cesaria vient de sortir (Lusafrica/ BMG).
Autres albums récemment parus chez Lusafrica : Corsicapoverde de Charles Marcellesi, Descarga dos de Peruchin Jr. & The Cuban All Stars, Extraterrestre de Meiway.
Le 28 avril, le Cap-Vert fait la fête à Cesaria au Zénith de Paris.