YAOUNDÉ FLASH-BACK

Du 5 au 9 mai, les premières Rencontres musicales de Yaoundé (RE.M.Y) dynamisaient la capitale camerounaise. Une équipe de jeunes journalistes publiait le quotidien du festival. Leurs articles édités sur rfimusique.com le premier jour, se sont perdus les jours suivants sur les inforoutes. Ne nous en tenez pas rigueur.

Compte rendu des Rencontres Musicales

Du 5 au 9 mai, les premières Rencontres musicales de Yaoundé (RE.M.Y) dynamisaient la capitale camerounaise. Une équipe de jeunes journalistes publiait le quotidien du festival. Leurs articles édités sur rfimusique.com le premier jour, se sont perdus les jours suivants sur les inforoutes. Ne nous en tenez pas rigueur.

Dikongué, 'fâché, fâché'

Sur les ondes des radios, à la télévision, dans les restaurants, les bars, partout résonnaient les paroles de Henri Dikongué. L'enfant du pays, adulé par les jeunes filles, jalousé par les garçons, est enfin de retour. Pour son premier concert à Yaoundé, la tension est féroce, l'électricité palpable. Il tente de parler au public. Il voudrait qu'on l'écoute rendre hommage aux 200 victimes de l'incendie de Nsam. Mais les hurlements fusent du public surexcité, impatient de faire la fête, d'extérioriser son énergie. Dikongué se raidit. Fâché, fâché, il ne fera pas la moindre concession. Impeccable de mise en place et de justesse, sa musique joue l'affrontement. Cette première prise de contact belliqueuse à Yaoundé est balayée la semaine suivante à Douala, où un public à 75% féminin lui offre le témoignage d'une passion sans limite.

Anne Marie Nzié, 'la Maman'

Sur la scène de l'Abbia, Anne Marie Nzié arbore le costume traditionnel de sa région du sud Cameroun. Coiffée d'un chapeau hérissé de plumes, elle mène ses sept musiciens entre romances et rythmes frénétiques. En plein milieu du show, la voilà dans la salle, prêt du public au comble de l'émoi. Une femme se lève, vient embrasser celle que tous les Camerounais appellent 'Maman'. Une autre femme approche, puis un homme et c'est bientôt un défilé incessant de spectateurs enthousiastes. Durant dix bonnes minutes, l'ample voix poursuit sans défaillir, les billets de banque pleuvant sur la chanteuse. Cet hommage du public n'effacera pas vingt ans de vaches maigres. Mais il donne à la doyenne de la chanson camerounaise, âgée de 67 ans, la force de relancer sa carrière sur les scènes internationales. On la verra au festival Musiques métisses d'Angoulême avant l'enregistrement de son nouveau disque sur le label Indigo.
Notre photo : Anne Marie Nzié avec Christian Mousset, directeur artistique du label Indigo et du festival Musiques Métisses.

Donny Elwood, 'le Pygmée national'

Derrière le micro, au centre de la scène, s'est planté un géant vêtu de blanc, guitare en bandoulière. Il dévisage le public d'un air butté. L'orchestre attaque. De la coulisse, comme un diable échappé de sa boîte, un petit bonhomme déboule en costume, chemise et chapeau noirs. L'œil pétillant, il approche du colosse, qui lui tend sa guitare et s'en va sans piper. Donny Elwood aime les contrastes. Sa bille de clown se fend d'un grand sourire et déclenche l'hilarité générale. 'Négro et beau', c'est son credo ! Il sait faire rire avec le pire : le racisme ; la déforestation qui prive les Pygmées de leur environnement et habitat naturels; l'avortement forcé des filles; ou le désopilant 'Cousin militaire', qui 'une fois revenu de la guerre, peut rallonger votre existence avec des pommes de terre, des bouts de pain rassis et de la sardine à l'huile'. Une nouvelle figure de la chanson humoristique africaine et francophone sur laquelle il faut compter.

Ismaël Lô, 'le parrain'

En tous points excellent, Ismaël Lô fut largement à la hauteur de son titre de "Meilleur artiste africain 1997". Avec sa grande gentillesse, son humanité, sa disponibilité, un spectacle efficace et superbe, le Sénégalais s'est placé au-dessus de la mêlée. Manifestant son plaisir d'avoir été choisi comme parrain des RE.M.Y, il a offert une demi-heure de concert impromptu à un public conquis. Rendez-vous est pris pour les RE.M.Y 2000.

François Bensignor

Retrouvez également les articles de François Bensignor sur Yaoundé dans les pages du site de Mondomix