LOVE PARADE À BERLIN

Berlin, le 10 juillet 2000 - Le grand rassemblement techno a eu lieu ce samedi 8 dans la capitale allemande. Tenues spéciales de rigueur pour plus d'un million d'aficionados.

La plus belle du genre

Berlin, le 10 juillet 2000 - Le grand rassemblement techno a eu lieu ce samedi 8 dans la capitale allemande. Tenues spéciales de rigueur pour plus d'un million d'aficionados.



Dix-sept degrés dehors, des nuages et un petit vent frais ont fait le malheur des marchands de pistolet à eau car contrairement aux années précédentes la douzième Love Parade n'a pas eu lieu sous la canicule. Le temps a pour la première fois, causé de sérieuses inquiétudes aux organisateurs, mais heureusement il n'a pas plu. L'immense avenue du 17 juin à Berlin était noire de monde ou plutôt fluorescente de par les strings, t-shirts moulants et autres tutus bariolés de rigueur pour cette parade de l'amour. L'étranger pouvait ainsi découvrir les Allemands hilares à peine vêtus, les seins et les fesses des jeunes filles ostensiblement mis en avant. "C'est incroyable cette façon de se montrer, s'exclame Philippe, un Parisien, ils sont à l'aise et cela fait plaisir à voir. Nous les Français, sommes beaucoup plus coincés et la Techno Parade parisienne paraît bien fade quand je vois les déguisements ici." Cette année, ce sont les cuissardes en moumoute fluos pour les filles, de préférence avec une petite culotte flashy. Pour les garçons, il était de bon ton de porter une grande jupe façon JP.Gaultier, enfin chapeau de cow-boy et sifflet étaient fortement recommandés pour l'édition 2000.

A 14 heures précises, les 53 camions crachant de la Techno à plein gaz se sont ébranlés dans la foule tellement compacte qu'il fallait des agents de sécurité pour frayer un passage aux mastodontes roulants. Juchés en haut des véhicules 250 DJs se sont relayés aux platines accompagnés de danseurs et danseuses survoltés aux déhanchements troublants. Partant des deux bouts des 4 kilomètres de parcours, les deux convois se sont ensuite croisés au milieu de l'avenue du 17 juin, sous la colonne de la victoire. A chaque remontée rythmique des boum boum assourdissants, la foule en délire hurlait et applaudissait les disc-jockeys venus pour certains de très loin : Etats-Unis, Russie, Israël, Argentine...

Mareike, placée en hauteur sur un parapet contemple le défilé et regrette de ne pas pouvoir s'approcher. "Je suis venue de Stuttgart pour la Love Parade, et je suis un peu déçue qu'il y ait tellement de monde, on peut difficilement danser près des camions". Pourtant il y a eu pour la première fois moins de ravers que lors de la précédente édition. Le record attendu des 1,5 million de participants n'a pas été dépassé mais avec près d´1,3 million de personnes la manifestation a maintenue son rang de belle réussite commerciale.

Car l'aspect commercial est certainement le plus gros reproche que l'on puisse faire à ce défilé qui prône l'amour de son prochain. Manifestation culturelle phare pour la ville, la Love Parade représente un enjeu économique de taille en droit de retransmission et sponsoring mais aussi en nuits d'hôtel. Pour cette raison, la musique était finalement assez consensuelle et peu originale. Les DJs avaient pour point commun de mixer un son house bien rodé et de qualité médiocre, malgré le discours de Dr Motte, père fondateur de la Parade, suggérant un "back to the roots". L'ensemble des ravers s'étaient rassemblés à 19 heures sous la colonne de la victoire pour danser gaiement jusqu´à 23h30 avant de poursuivre la nuit dans les discothèques de Berlin. Parmi celles-ci le fameux Trésor, pionnière de la techno, célébrait sa dernière fête avant de fermer boutique pour cause d'expropriation. Commerce toujours.

Devenu un produit d'exportation comme à Vienne, à Leeds et bientôt à Tel Aviv, la Love Parade reste la plus belle du genre. Berlin confirme ainsi son rang de capitale de la techno et s'offre en prime un formidable pied de nez pacifiste aux lampadaires hitlériens qui jonchent l'avenue du 17 juin.

Alexandre LAZERGES