Air

Leur pseudonyme léger et indolent ne doit pas nous tromper : Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel ne s’endorment pas sur les lauriers de leur Victoire de la musique. Après avoir écoulé 800.000 exemplaires (dont 80. 000 en France) de leur premier album "Moon Safari", le duo prépare déjà une deuxième invasion en règle des ondes radiophoniques. Une réédition, des remixes, une bande originale, une vidéo, un label et surtout la préparation de leur deuxième album constituent l’actualité des airs.

Envol imminent

Leur pseudonyme léger et indolent ne doit pas nous tromper : Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel ne s’endorment pas sur les lauriers de leur Victoire de la musique. Après avoir écoulé 800.000 exemplaires (dont 80. 000 en France) de leur premier album "Moon Safari", le duo prépare déjà une deuxième invasion en règle des ondes radiophoniques. Une réédition, des remixes, une bande originale, une vidéo, un label et surtout la préparation de leur deuxième album constituent l’actualité des airs.

"Premiers Symptômes", le mini-album qui leur avait fait rencontrer un plus large public, vient de ressortir, assorti de deux inédits. Cette compilation des premiers singles du duo, originellement sortie en juillet 1997, est l’occasion rêvée de prendre du recul sur ces merveilles de sensualité apaisées que sont « Modular Mix », « Les Professionnels » ou « Casanova 70 ». A l’époque, les deux musiciens n’avaient pas de studio et produisaient leur élégante pop instrumentale dans le petit appartement parisien de Nicolas Godin. Si ces premiers jets rendent compte d’une certaine fraîcheur et de l’innocence de l’expérimentation, Air y côtoie déjà le céleste. On sent en germe dans ces plages aériennes aux arrangements luxuriants une vision musicale à la fois originale et cohérente. L’Angleterre ne s’y trompera pas puisque avec Daft Punk, Air sera une des premières formations françaises des années 90 à créer l’événement outre-Manche.

Parfait complément à la redécouverte de cette poignée de titres fondateurs, le maxi de remixes « Le soleil est près de moi » est sorti le 13 septembre dernier. Ce dernier disque traduit la reconnaissance internationale dont jouit désormais ce duo d’origine versaillaise. En effet, c’est le haut du panier de l’électronique chic mondiale qui a été conviée pour revisiter un des plus beaux titres d’Air, petit bijou évoquant les années 60 ensoleillées de Godard. De Money Mark (clavier surdoué des Beastie Boys) à Buffalo Daughter (facétieuse formation américaine d’origine japonaise) en passant par l’électronique estampillée Kraftwerk de Heinrich Muller, chaque intervenant fait preuve d’une rigueur d’écriture et d’un savoir-faire peu communs.

Mais le projet décisif d’Air cette année sera probablement « The Virgin Suicides », la B.O. du premier long-métrage de Sofia Coppola. Réalisée en deux mois, cette bande-son constitue pour Jean-Benoît Dunckel une étape déterminante dans l’évolution esthétique du duo : « C’est un film très intense, et la musique est dans la même veine, très sombre. Sombre mais profonde. "Moon Safari" était une œuvre de jeunesse, aujourd’hui nous sommes parvenus à maturité. Je crois que nous devons être extrêmes, repousser nos limites, être plus sales, plus près de la réalité. ». « The Virgin Suicides » est annoncé pour janvier 2000 et devrait être la première référence de leur nouveau label, Record Makers, en attendant de prochaines signatures d’artistes repérés par le groupe.

En attendant, on patientera avec le documentaire « Eating, sleeping, waiting & playing » réalisé en 1998 par Mike Mills lors de la tournée américaine et européenne du groupe. Cette vidéo devrait être disponible d’ici la fin de l’année en format VHS et DVD. On peut en découvrir actuellement un extrait dans le clip de « Le soleil est près de moi ».

A l’heure où ces lignes paraissent, Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel viennent de rentrer en studio. Ils vont commencer à travailler sur leur deuxième album qui devrait être terminé, si aucun cyclone ne vient troubler leur labeur éolien, pour le mois de juin prochain. Comme tout deuxième album qui se respecte, celui d’Air est très attendu. Parce qu’ils incarnent avec classe les particularismes français (légèreté, luxe et volupté) sur lesquels fantasme le reste du monde. Mais aussi parce qu’ils ont su s’inscrire avec vivacité dans toute une tradition musicale hexagonale qui va de Gainsbourg à Michel Legrand sans omettre Jean-Jacques Perrey. Leur marge de manœuvre et d’erreur est donc relativement étroite. On gage pourtant qu’ils sauront surprendre une nouvelle fois comme à leur habitude : l’Air de rien.

Nicolas Mollé.