20 ans de zoblazo avec Meiway

L’Ivoirien Meiway ambiance depuis vingt ans le continent africain, avec son révolutionnaire zoblazo. M20, son nouvel album célèbre en fanfare cet anniversaire et offre l’occasion de revenir sur les ingrédients qui composent cet indémodable cocktail afro.

Disque anniversaire, M20

L’Ivoirien Meiway ambiance depuis vingt ans le continent africain, avec son révolutionnaire zoblazo. M20, son nouvel album célèbre en fanfare cet anniversaire et offre l’occasion de revenir sur les ingrédients qui composent cet indémodable cocktail afro.

RFI Musique : Dans le morceau 20th Birthday, vous chantez votre rêve d’enfant, un rêve qui vous a conduit à devenir Meiway. Comment est né le zoblazo en 1989 ?
Meiway
: Dans les années 1980, Abidjan était une plaque tournante de la musique africaine, mais les Ivoiriens écoutaient surtout des musiques étrangères, le soukouss, le makossa, etc. Il fallait faire sortir notre musique ivoirienne de ses frontières. En rentrant en studio, mon idée était de révolutionner la musique de mon pays. Avec mon arrangeur de l’époque, Bamba Yang, on s’est appuyé sur les rythmes de ma région de Grand-Bassam, en y ajoutant des ingrédients d’ailleurs pour faire une musique métisse très entraînante. Aujourd’hui, partout où je passe, on a l’impression que ce que je joue provient du terroir que je visite. C’est une belle approche, je trouve.

Quelles sont les particularités de la musique de Grand-Bassam ?
D’abord, les tam-tams parleurs de l’abissa qui est une danse annuelle pour célébrer la nouvelle année. Ensuite, Grand-Bassam est la ville où les colons ont débarqué : nous avons été les premiers à connaître les instruments modernes et notamment les cuivres. Je me suis beaucoup inspiré des musiques de fanfare pour imaginer le zoblazo. Par dessus, j’ai rajouté la guitare saturée, la basse, la batterie, les synthés pour donner une couleur mondiale à ma musique.

De quels artistes africains, européens ou internationaux vous sentez-vous l’héritier ?
Musicalement, je n’ai pas suivi le processus d’un mouvement musical déjà enclenché, j’ai créé une musique qui n’existait pas. Dans les textes, par contre, je me suis inspiré de "grandes gueules" de la musique africaine, comme Fela Kuti ou Pierre Akendengue, des messagers. Côté couleur de voix, j’ai été émerveillé tout petit par un Ivoirien virtuose de la chanson, avec une voix très soul, Bailly Spinto. Il était très en avance sur son temps.

© Lusafrica

Les "faroteurs" et toute la mouvance du coupé-décalé tiennent-ils de vous ?
Jusqu’en 1994, j’étais le seul à créer une musique urbaine populaire qui sortait de la Côte d’Ivoire. Et puis, est arrivée une génération qui a puisé dans le patrimoine culturel ivoirien pour créer d’autres genres musicaux… Derrière la locomotive, il y a eu autant de wagons, jusqu’aux "faroteurs" d’aujourd’hui. Je dirais que ce sont des "descendants" de Meiway et qu’aujourd’hui, nous faisons ensemble de cette musique ivoirienne, une fierté pour notre pays.

Vous avez fait de choses très sérieuses, des chansons légères, je pense notamment à la prudencia, une danse de guerre où les danseurs évident des balles imaginaires…
A l’époque, la Côte d’Ivoire était en pleine crise, il y avait beaucoup de tueries, de disparitions, donc je lançais un appel aux populations. Il fallait être prudent. Je disais dans cette chanson (ndlr : KK Mou Prudencia), que notre pays était un modèle de paix, que l’Ivoirien ne connaissait pas le pistolet. Dans un tel contexte, les artistes sont les rares personnes à faire plus ou moins l’unanimité, nous avons la capacité à rassembler plus que les hommes politiques. Je suis un chanteur engagé pour les populations.

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 Meiway
 M20

Meiway M20 (Lusafrica/Sony Music) 2010

En concert le 15 mai à l’Elysée Montmartre, à Paris