Fersen, revisiteur de mythes
Thomas Fersen inaugure l’année 2010 avec Mythologie, un spectacle joué mardi 26 et mercredi 27 janvier à la Cité de la musique. Il y joue à saute-mouton avec les personnages de sa discographie et se délecte lui-même de sa poésie enchantée.
Un spectacle à la Cité de la musique
Thomas Fersen inaugure l’année 2010 avec Mythologie, un spectacle joué mardi 26 et mercredi 27 janvier à la Cité de la musique. Il y joue à saute-mouton avec les personnages de sa discographie et se délecte lui-même de sa poésie enchantée.
La Cité de la musique, à Paris est quasiment complète ce mardi soir : Thomas Fersen s’y produit deux soirs de suite avec un nouveau spectacle, Mythologie, spécialement créé pour l’occasion. Depuis septembre 2008, il jouait sur scène les morceaux de Trois petits tours, son septième album studio dont la réalisation artistique a été entièrement confiée au Québécois Fred Fortin. Alors que nous réserve cette Mythologie de janvier ?
Sobre
Premier détail important quand on connaît l’excentricité vestimentaire du monsieur, niveau tenue, il joue la carte de la sobriété. Fersen monte sur scène l’œil goguenard en complet veston noir, avec son ukulélé et quelques complices : Pierre Sangra, à la guitare et la basse, Lionel Gaget à la batterie et au clavier et l’accordéoniste Alexandre Barcelona.
Le concert s’ouvre par Chocolat, un morceau de son dernier album. Exit l’ambiance lourde de fête foraine électro du disque, l’air devient printanier sur scène. Comme d’habitude, Fersen veut surprendre et c’est réussi : sans Fred Fortin, il a revu les arrangements de Germaine, La Malle, ou Punaise. La basse, la batterie s’effacent pour laisser l’accordéon s’exprimer et le petit monde de Fersen s’anime en toute liberté.
Priorité à la voix : Fersen incarne, raconte, décrit et invite sur scène les personnages qui l’ont accompagné sur Qu4tre, Pièce montée des grands jours ou le Pavillon des fous, ses albums précédents. Les dieux du panthéon fersenien sont des lions, des croque-morts, des filles frivoles ou des assassins, qui l’air de rien, assassinent leur prochain…
La formule légère permet toutes les fantaisies : Thomas Fersen passe au piano à queue pour raconter l’histoire de Dracula, chante a cappella un texte "écrit en venant ici", qui transforme la Cité de la musique en manoir déglingué et fait une interprétation terrifiante de la chanson Billy The Kid. Il sort de sa poche un harmonica, un pipeau et danse la gigue, toujours le sourire en coin et l’air de ne pas y toucher.
Univers
La Mythologie de ce soir est un point d’équilibre entre le dépouillement total de la tournée en duo ukulélé de Gratte-moi la puce et le live plus classique, conforme au disque… Ce jeu de saute-mouton avec le temps et les albums de sa discographie met surtout en valeur la précision de l’écriture et l’univers extrêmement riche de Fersen. Il est tour à tour conteur de l’intime, revisiteur de mythes, descripteur de l’absurde, poète du quotidien, chansonnier, comédien, peintre... Et surtout, dix ans après Qu4tre, dont il interprète sur scène plusieurs morceaux, il semble lui-même toujours très amusé par ses propres "tableaux".
Au bout du quatrième rappel (!), Fersen décide de présenter au public un personnage qui "habite depuis longtemps dans (s)a tête, et qui sort ce soir". Il s’agit d’un centenaire, fatigué et gâteux mais qui n’a rien perdu de sa vigueur… Fersen s’arrête, ne sait plus, reprend, rigole et jouit lui aussi de l’effet de cette première sortie publique de son colocataire centenaire.
Thomas Fersen Spectacle Mythologie, Cité de la musique les 26 et 27 janvier 2010