CharlElie Couture
Un nouvel album, New Yor-Coeur, un livre, des expositions de peinture : depuis qu’il s’est installé à New York, CharlElie Couture est plus fécond que jamais. Rencontre avec un artiste aux multiples activités.
New Yor-Cœur
Un nouvel album, New Yor-Coeur, un livre, des expositions de peinture : depuis qu’il s’est installé à New York, CharlElie Couture est plus fécond que jamais. Rencontre avec un artiste aux multiples activités.
"Je ne veux pas être ramené au simple fait que j’au une voix rocailleuse ou nasillarde, ou que mes textes sont incompréhensibles." CharlElie Couture le martèle avec conviction : il n’en pouvait plus d’être catalogué éternellement comme le chanteur de Comme un avion sans aile, comme cet ovni des années 80 qui avait donné à la chanson française quelques chansons inclassables. Il a toujours insisté sur la plasticité de son travail, à la fois chanteur, compositeur de musiques de films, écrivain, peintre, graphiste… "Je ne suis pas un chanteur populaire. Les choses que j’ai à l’intérieur de moi sont des quêtes d’artiste et non des ambitions liées à la notoriété. Ce qui m’importe, c’est d’aller le plus loin possible dans cette quête de l’art que j’ai depuis mes douze ans."
Alors il le répète volontiers : qu’on ne s’arrête pas aux titres qui l’on révélé il y a bien longtemps : "Comme un avion sans aile est une chanson super mais, si j’ai un sens, c’est d’écrire aujourd’hui avec les mots d’aujourd’hui. Personne ne sait écrire comme moi. J’ai une manière qui est la mienne. Si on n’en veut plus, j’arrête, je fais autre chose. Ce n’est pas grave, j’ai le sentiment d’avoir fait ce que j’avais à faire. Ce disque est au mieux de ce que j’ai toujours cherché : une cohésion entre des écrits qui sont à la fois littéraires et remplis de sens, et une musique à la fois énergisante et sans compassion."
New Yor-Cœur, son nouvel album, a été enregistré live en studio, là-bas où les guitares sonnent plus drues et les rythmiques plus affirmées. Disque presque punk par moments, dans lequel CharlElie jette en vrac ses espoirs, ses dégoûts, des croquis sur le vif et son énorme énergie de new-yorkais intégré à la vie bruissante de la ville. Il se dit désormais loin de la mécanique qui consista un moment à "faire des disques par acquit de conscience". En faisant de la peinture son activité principale, il dit avoir inversé la polarité de son travail : "L’artisan répond à une question, l’artiste pose une question. Quand l’artisan commence, il sait où il va. Quand l’artiste commence, il ne sait pas où il va. J’étais un peu un artisan sur certains de mes disques, en gardant la maîtrise sur ce que je faisais. Quand on est artiste, on accepte l’idée de se trouver en déséquilibre parce c’est de ce déséquilibre qu’on va inventer le geste. A New York, j’ai plus des questions d’artiste que des questions liées à l’artisanat. Je n’ai pas un regard qui me juge sur la forme mais paradoxalement sur le fond de ce que je fais."
Art contemporain
En même temps que l’album New Yor-Cœur, il a publié un nouveau livre, L’Atelier New Yor-Cœur, avec un long entretien, les paroles du nouvel album, des photos, des croquis, des œuvres graphiques. Et il a exposé ses œuvres dans deux galeries à Paris et Lyon, en même temps qu’à New York et, bientôt, à Los Angeles et Lausanne. En moins de trois ans, il a commencé à s’intégrer au marché de l’art contemporain. "Les Etats-Unis, c’est le pays du poker ; la France, c’est le pays de la belote : ce ne sont pas les mêmes mécanismes dans la manière de jouer. Quand on se fait sa place dans ce rythme, on y est vraiment bien. Il n’y a pas du tout la jalousie, l’acrimonie que l’on ressent ici. Quand à New York, il t’arrive quelque chose de bien, les gens se réjouissent pour toi parce qu’ils savent que c’est dur, que rien n’est offert. Ça oblige aussi à se mettre en branle."
Il est vrai que, comme d’autres artistes de sa génération, CharlElie a eu à pâtir du durcissement du business de la chanson : "J’ai toujours fait des disques en disant que je me fous de la mode. Mais les choses sont ainsi faites que si un disque n’est pas très connu, il n’est pas distribué. Au mois de septembre, des amis ont cherché mes albums : il y en avait deux à la Fnac – deux sur vingt-trois. En termes d’argent et d’aisance financière, c’est plus dur qu’ici mais la relation avec le reste du monde n’est pas du tout la même. On a l’impression que les gens là-bas se font confiance et font confiance aux autres. Je suis parti parce que j’avais l’impression qu’on ne m’accordait pas le droit d’être de ce que je suis dans toutes mes dimensions. Ce disque-là, c’est la fin d’un cycle. Vingt-cinq après Poèmes rock, la boucle est bouclée. Je me sens en paix au milieu du tumulte. "
CharlElie Couture New Yor-Cœur ( Wagram) 2006
CharlElie Couture L’Atelier New Yor-Cœur (Editions des Presses Littéraires) 2006
