Alpha Wess

Figure du reggae dans son pays, le chanteur guinéen Alpha Wess était samedi 18 février sur une scène parisienne pour y faire découvrir son répertoire qui lui a causé dans le passé de nombreux déboires avec les autorités de Conakry.

De Conakry à Paris

Figure du reggae dans son pays, le chanteur guinéen Alpha Wess était samedi 18 février sur une scène parisienne pour y faire découvrir son répertoire qui lui a causé dans le passé de nombreux déboires avec les autorités de Conakry.

Sur la scène de la petite salle du Sentier des Halles, les musiciens d’Alpha Wess arrivent un à un : saxophone, guitare, batterie, basse et clavier. Une toute nouvelle formation pour le reggaeman guinéen qui tourne également avec un accompagnement accoustique, plus traditionnel, ambiance kora et flûte peule. Qu’à cela ne tienne, le soir, ce sera donc plutôt reggae roots cuivré. Mais un mauvais réglage du son donne à la batterie le méchant défaut d’écraser de sa bonne rythmique tout le reste. Rapidement, tout cela se met au point. On entend désormais la voix grave d’Alpha Wess chanter Conakry, ses vices et ses vertus. Glorifier une Afrique pré-coloniale, et dénoncer les multiples dérives de l’arrivée européenne sur le continent. “On était bien chez nous, on était civilisé”, chante-t-il un doigt sur la tempe.

A Conakry, Alpha Wess remplissait des stades, et ses deux albums y ont été des succès auprès du public mais pas vraiment auprès du pouvoir. On ne badine pas avec la liberté d’expression en Guinée. Censuré à plusieurs reprises, sérieusement menacé, il a dû se réfugier en France. Depuis plus d’un an, il alterne les concerts avec ses deux formations et se produit dans de petites salles parisiennes, ou dans des bars de quartier. Au Sentier des Halles, l’ambiance est bon enfant. Christel Diallo, la choriste, nimbe la salle de sa voix profonde. Le public se balance sur un reggae “à l’ancienne”, auquel quelques petites phases donnent encore un peu plus de relief. A l’ensemble, il manque toutefois un petit quelque chose pour être vraiment emballant. Si l’originalité d’Alpha Wess apparaît sans conteste lors de ses concerts accoustiques, ce soir, certains (bons !) morceaux, tellement proches d’un Tiken Jah Fakoly (rythmique, voix, thématique) brouillent les pistes et retirent à Alpha Wess ce qu’il a de spécifique.

En concert accoustique à Paris, au bar du Marché, le 4 mars.