Fiesta des Suds 2005

Inaugurée hier soir, la 14e édition de la Fiesta des Suds renaît de ses cendres, après l’incendie du 6 septembre dernier qui avait totalement détruit le dock qui accueillait la manifestation depuis 8 ans. A côté des stars africaines Amadou et Mariam, Tiken Jah Fakoly, les phocéens, Anaïs, Moussu T, Rit et Dupain n’ont pas eu à rougir. Récit d’une première dans la bonne humeur.

Coup de foudre pour les marseillais

Inaugurée hier soir, la 14e édition de la Fiesta des Suds renaît de ses cendres, après l’incendie du 6 septembre dernier qui avait totalement détruit le dock qui accueillait la manifestation depuis 8 ans. A côté des stars africaines Amadou et Mariam, Tiken Jah Fakoly, les phocéens, Anaïs, Moussu T, Rit et Dupain n’ont pas eu à rougir. Récit d’une première dans la bonne humeur.

 

 "La plupart des personnes que j’ai rencontrées m’avoue parfois un peu gênées : c’est mieux qu’avant" relate à moins d’une heure de la clôture de cette première soirée du nouveau cru de la fiesta des Suds Florence Chastanier, la directrice administrative de la manifestation. A marquer d’une pierre blanche comme pour faire oublier le noir des cendres et autres déchets qu’il a fallu évacuer, cette 14ème édition, s’est ouverte peu après 19h aux sons de la désormais rituelle Banda des Docks, la fanfare ad-hoc et du non moins coutumier feux d’artifice. Comme chaque année, un magma hétéroclite de marseillais en fusion (environ 13.000 personnes) s’est donné rendez-vous pour savourer cette première soirée, pour pouvoir dire le lendemain au bureau ou au café : "j’y étais !". Les commentaires iront bon train, tant les changements sont importants cette année. Bricolée, rafistolée dans l’urgence, cette fiesta 2005 n’en est que plus magistrale avec ses 25.000m2 de musique et de fêtes (deux fois plus que les années passées), son immense salle de concert sous l’autoroute (5000 places), son chapiteau (3000 places), son magic mirror tout en bois et miroir, sa salle de bal à l’ancienne, ses containers à expos, son restaurant, ses baraques à pizzas, maffé, curry ...

"Notre plus grosse date à Marseille"

 

    Attendus, les concerts d’Amadou et Mariam et de Tiken Jah Fakoly attirent inévitablement le fêtard d’autant plus que soir de semaine oblige, ils ont été programmé relativement tôt. Les Marseillais de l’étape (Anaïs, Rit et Dupain) et le Ciotadin Moussu T ont manifestement le sens de l’hospitalité et ne s’offusquent pas de ce choix. "C’est notre plus grosse date à Marseille" avoueront-ils tous séparément. Anaïs est la première à se présenter sous le chapiteau tandis que sous la bretelle d’autoroute qui s’élève au dessus du port Amadou et Mariam font le plein. La blonde chanteuse devra batailler avec un sampler manifestement peu enclin à obéir à ses ordres et contre une acoustique funambulesque sous ce vaste chapiteau plus habitué à accueillir les rires des enfants que les décibels de la belle à la guitare en bandoulière. Qu’importe, son tempérament et l’humour  qui ourlent ses textes, qu’elle se lance dans un rap façon quartier ou relate un accouchement, suffisent à séduire un public convaincu pour la plupart. Jouer à la maison est un avantage indéniable.

"De la chanson solo tout seul ..."

Autre solitaire, Rit a aussi la guitare en bandoulière et des pédales aux pieds. Génération auto-sampling. "je fais de la chanson solo tout seul" indique-t-il pour être sur d’être compris. "Quelque part entre reggae et chanson française avec un côté blues pour la mélancolie, tout en restant joyeux dans un univers intimiste et minimaliste.". Ouf ! Plus complexe que la présentation faite à ses débuts quand sa biographie parlait encore de reggae bucolique, de reggae champêtre, Rit a corrigé le tir. "J’écris des chansons depuis cinq ans. En 2001, j’ai été sélectionné pour le Printemps de Bourges. Depuis tout s’est accéléré.". En 2003, Auprès de mon Arbre, un autoproduit réalisé avec  soutien de l’UDCM, la structure phocéenne qui le manage donne un premier aperçu de son travail. Sans Tambour Ni Trompette (Yotonka Productions)  son deuxième opus dont il fête ici la sortie a été réalisé par Vince de Zenzilé. "Vince avait une vision différente de la mienne de mon travail, plus folksong, plus dépouillé. Ça a été intéressant car on a tout enregistré, mixé en trois semaines alors que seul, je peux travailler et  retravailler aussi longtemps que je veux. On a bossé l’interprétation, guitare voix en one shot, sans rebidouiller. Si c’était bon, si on était content, on gardait. Sinon, on jetait et on recommençait" relate celui qui a grandi tout près d’Arenc où est installée la fiesta des Suds

"On se croirait à Marseille"

Moussu T, lui retrouve Marseille. Leader historique du Massilia Sound-System désormais installé à la Ciotat, il vient défendre son projet solo au premier opus (Mademoiselle Marseille. (Manivette Records/Le Chant du Monde) salué depuis sa sortie au début de l’été par la presse, en France comme à l’étranger. "Bizarrement, je me sens moins seul sur scène en trio, qu’avec toute la bande du Massilia autour de moi" reconnaît Moussu T, avant de se réjouir d’avoir fait la une d’un magazine de musiques traditionnelles en Angleterre avec ce nouveau projet. "L’un des inspirateurs de cet album est l’écrivain Jamaïcain Claude Mc Kay, son regard sur le Marseille des années 30 où se côtoyaient chansons provençales et blues des marins noirs américains, il est normal que les anglophones s’y retrouvent aussi" ajoute celui qui avant de quitter la scène lancera au public : "C’est vraiment trop cool, on se croirait à Marseille.".

"Nous sommes les vivants ..."

 

    Dupain, eux se produiront sur la grande scène. Après les balances, Sam, le chanteur de ce combo qui ne cesse d’évoluer depuis sa création, se déclare satisfait du son. "Pas de souci, les conditions sont bonnes et je suis vraiment content que la manifestation ait été maintenue.". C’est donc avec une nouvelle formation aperçue déjà sur quelques rares concerts que Dupain se présente sur scène. Un joueur de mandole est venu rejoindre le quartet (chant, vièle à roue, batterie, basse). Plus rock encore, plus direct, le son de Dupain soutient des textes désormais chanté en français par Sam. Les Vivants (Label Bleu), leur tout nouvel album réalisé par Jean Lamoot aurait pu s’appeler Les Ressuscités, tant le groupe a traversé de fortes perturbations. Signé un temps par Virgin qui leur rendra leur contrat après deux albums, le groupe a splité en douceur, avant de se retrouver après un long break pour défendre cette dizaine de titres déjà enregistrée. Reposé et ressoudé, Dupain a donné un concert cohérent et généreux. Pantin au déanchement kraftwerkien, sam au chant déclame : "Nous sommes les vivants, sommes-nous la cible, l’ennemi ...".