Jane Birkin à l'orientale...
En mars 2002, Jane Birkin remontait sur la scène de l'Odéon à Paris pour donner, cette fois, des habits orientaux aux immortelles chansons de Serge Gainsbourg. Aujourd'hui, sort l'album Arabesque, témoignage d'un spectacle mis en musique par Djamel Benyelles, leader de Djam & Fam. Au lendemain de ses concerts à Beyrouth, premières dates de sa tournée, RFI Musique se souvient de la création parisienne de ce spectacle.
Après le concert, le disque.
En mars 2002, Jane Birkin remontait sur la scène de l'Odéon à Paris pour donner, cette fois, des habits orientaux aux immortelles chansons de Serge Gainsbourg. Aujourd'hui, sort l'album Arabesque, témoignage d'un spectacle mis en musique par Djamel Benyelles, leader de Djam & Fam. Au lendemain de ses concerts à Beyrouth, premières dates de sa tournée, RFI Musique se souvient de la création parisienne de ce spectacle.
"A la dernière minute, je suis arrivée en coulisses pour chanter La Javanaise. Soudain, un horrible "blanc" : je ne me souvenais plus des paroles. Il y avait un pompier qui fumait près du seau à sable, je lui ai dit : " Quels sont les premiers mots de La Javanaise ? " Il a lâché sa clope et il m'a dit d'un trait : " j'avoue j'en ai bavé pas vous mon amour". Quelle chance j'ai ! C'est aussi connu que l'hymne national en Angleterre." Jane Birkin ne cesse de s'extasier de l'immense legs des chansons de Serge Gainsbourg, qu'elle a tant chanté en disque et sur scène. "Comme spectacle, que puis-je donner de nouveau en revisitant Serge ? Comme je l'ai fait trois fois plutôt bien, il me semblait devoir avoir un autre point de vue." Ainsi, pendant quatre jours au théâtre de l'Odéon, elle a abordé Gainsbourg en Arabesque, tel que se nomme le spectacle et aujourd'hui, le disque.
Elle y paraît en compagnie du violoniste oranais Djamel Benyelles, qu'on a entendu avec Khaled, Cheb Mami ou Cheb Kader mais aussi Florent Pagny, Jacques Higelin, Enrico Macias ou Yannick Noah. Leader de Djam & Fam, ce titulaire d'études de violon arabe classique aime mêler sonorités et rythmes d'Orient et d'Occident, ce qui lui donne une certaine parenté avec Serge Gainsbourg. "Serge était si juif, si slave, avait une mélancolie intense, raconte Jane Birkin, comme dans cette musique-là, et aussi la manière de soudain tout renverser et que tout le monde tape dans les mains - rire pour ne pas pleurer, toute la philososophie des personnes déplacées, arrivées avec leurs valises dans un autre pays. Serge aurait été très content d'être en arabesque. Et puis je suis contente de l'emmener là où il n'a pas pu aller."
Arabesque a été créé pendant le festival d'Avignon 1999, à l'occasion d'une commande de la radio France Culture, dans une superbe petite cour ombragée. " Je pensais que ça marchait seulement dans un jardin un peu magique à Avignon. Et puis j'ai compris que ce qui fait les jardins magiques, ce sont les personnes qui s'y trouvent. " Le spectacle a alors voyagé, entre autres en Algérie l'année dernière, pour des concerts remarqués à Alger et Annaba. Avec Djamel qui vient d'Algérie, deux musiciens berbères marocains (Amel Riahi au oud, Aziz Boularoug aux percussions) et le pianiste Fred Maggi, Birkin porte Couleur Café, Elisa, La Chanson de Prévert ou Comment te dire adieu en Afrique du Nord : " C'était très gai, très curieux : les femmes qui faisaient des youyous sur les chansons de Serge. Mais peut-être que je me fais plaisir à moi-même en trouvant une autre excuse pour chanter Serge."
Elle a toujours un scrupule qui la retient : trac avant de monter sur scène, crainte de ne pas mériter l'affection, l'estime ou l'admiration qu'on lui porte, peur de se répéter artistiquement..." Je me serais emmerdée en n'essayant pas quelque chose d'autre. Et avant de s'emmerder soi-même, on sait qu'on a des chances assez denses d'emmerder les autres." Alors, malgré ses légendaires apréhensions avant les concerts, elle s'est lancée : "La musique arabe est en ternaire. Mais je suis têtue, pas facile, maladroite, je fais tomber des trucs, je dis pardon aux meubles. Je suis la dernière personne qui pourrait faire du ternaire ! Parfois, en répétition, je ne sais pas quand démarrer, il faut que je suive du coin de l'œil l'archet de Djamel. Mais une partie de la chose excitante, c'est le risque."
Birkin prend un autre risque : elle se prépare, après son premier album sans chanson de Gainsbourg, à enregistrer le premier album dont elle sera l'auteur. " Dans ma maison près de Brest, j'ai écrit trois chansons. Je ne les ai montrées à personne, seulement à Philippe Lerichomme, mon directeur artistique. Des choses très personnelles, pas brillantes comme celles de Serge, mais ressemblantes néanmoins. "En attendant ce moment-là, Jane va mener ce spectacle à travers la France puis le monde puisqu'en mai et juin prochains, elle chantera un Gainsbourg oriental en Allemagne, au Japon, en Russie, en Ukraine et chez elle, en Angleterre.