FÊTE DE LA MUSIQUE A PARIS
Paris, le 22 juin 2002- De la Maison de la Radio au Marais, quartier situé dans le coeur historique de la capitale, c'est tout droit. Il suffit de longer les berges de la Seine. Passé la péniche Grand Bassam arrimée sous le pont de la Concorde, face à l'Assemblée nationale, les tours de Notre-Dame se dessinent. Le but de la soirée n'est plus loin. Le quartier "branché" du Marais se transforme pour une soirée en village mandingue. Les Couleurs du Mali sont proposées dans quelques-uns des musées qui retracent l'histoire de France.
Le Marais, quartier mandingue
Paris, le 22 juin 2002- De la Maison de la Radio au Marais, quartier situé dans le coeur historique de la capitale, c'est tout droit. Il suffit de longer les berges de la Seine. Passé la péniche Grand Bassam arrimée sous le pont de la Concorde, face à l'Assemblée nationale, les tours de Notre-Dame se dessinent. Le but de la soirée n'est plus loin. Le quartier "branché" du Marais se transforme pour une soirée en village mandingue. Les Couleurs du Mali sont proposées dans quelques-uns des musées qui retracent l'histoire de France.
En pénétrant dans le Marais, on est tout d'abord frappé par les beats de la techno sortant des enceintes géantes installées à même le trottoir des bars "gays" qui fleurissent dans le quartier. On est encore loin de Bamako. Il faut pousser jusqu'à la cour pavée du musée Carnavalet pour entendre le son de la kora de Ballaké Cissoko. Avec ses trois complices au balafon, kamale n'goni et bafon, il donne à cet hôtel l'ambiance de l'arbre à palabres où tout le monde se retrouve pour écouter le griot. Les musiciens du Super Rail Band de Bamako qui assistent au concert ne s'y trompent pas et viennent distribuer quelques euros à la chanteuse, Mama Draba, qui accompagne le groupe de son mari.
Mais après une petite demie-heure, la musique s'arrête. Pas averti du déroulement de la soirée, ils quittent le plateau. Il faudra l'intervention de Christian Mousset, leur producteur, pour qu'ils reviennent sur scène.
Les spectateurs semblent curieux de ces instruments méconnus dans de tels lieux et viennent alpaguer les artistes, tandis qu'ils remontent sur scène, pour se les faire présenter in situ. Cette Fête de la Musique est un véritable échange entre le public et les artistes. Un public très éclectique où les touristes de passage dans la capitale en cette première soirée de l'été côtoient lycéens, étudiants et familles en goguette.
Rue Pavée se trouve la Bibliothèque historique de Paris. C'est dans la cour de celle-ci que se produit le Super Rail Band de Bamako pour son premier spectacle dans la capitale depuis trois ans. Cet orchestre, qui a accueilli Salif Keita et Mory Kante dans ses rangs, découvre avec enthousiasme cet endroit qui a vu défiler plus de carosses que de musiciens. Entre quelques dates françaises et une tournée en Suisse et au Canada, ils font un set d'une heure trente dans le cadre de cet hôtel du XVIe siècle. Petit à petit, les automatismes reviennent, car ce groupe mythique ne se retrouve plus sur scène qu'en tournée. A Bamako, ils n'ont plus l'occasion de jouer ensemble. Le millier de spectateurs présents se libèrent aux sons de ce rock mandingue, et, rue Pavée, cela commence à "bouchonner" sérieusement. Les spectateurs affluent mais ne peuvent pénétrer dans l'antre. La scène se transforme petit à petit en dancing, les spectateurs venant les uns après les autres effectuer quelques pas de danses avec les membres de l'orchestre.
Le parcours mandingue devient au fil des heures un parcours immobile. Rançon du succès, les rues étroites du quartier deviennent impraticables aux automobilistes, les piétons n'arrivent plus à circuler car toute entrée de spectacle devient un point de fixation.
Avec leur rythm'n blues sauce mandingue, Amadou et Mariam et leur quartet font frémir les vieux murs de l'hôtel d'Albret, qui abrite la direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris. Longtemps appellé le Couple aveugle du Mali, leur dynamisme nous fait penser à celui de Ray Charles ou de Stevie Wonder. On est plus près de l'ambiance d'un concert rock que d'un spectacle africain.
Dernière étape de ce parcours avec la musique électro de Marc Minelli, le rocker havrais parti à la rencontre de la musique mandingue via sa collaboration avec la chanteuse Mamani Keïta. Si la magie s'opère sur disque, la scène peut parfois se révéler un exercice périlleux dès lors que les univers sont radicalement éloignés, comme le démontre également, dans la même approche, Frédéric Galliano et ses African Divas.
La Fête de la Musique est désormais un événement planétaire qui se déroule aux quatre coins du monde, le même jour et en continu sur les 24 fuseaux horaires de notre planète.
Mais il est bien agréable pour ceux qui ne voyagent pas de voir, gratuitement, les musiques du monde entier résonner en bas de chez soi.
Et les habitants du Marais se sont sentis un peu plus proche du Mali en cette chaude soirée d'été.
Pierre René-Worms