Krys

Suivant les traces d’Admiral T, le Guadeloupéen Krys poursuit son irrésistible ascension sur la scène française du dancehall avec la sortie de son deuxième album K-rysmatik, entre frime et esprit potache.

K-rysmatik

Suivant les traces d’Admiral T, le Guadeloupéen Krys poursuit son irrésistible ascension sur la scène française du dancehall avec la sortie de son deuxième album K-rysmatik, entre frime et esprit potache.

Si le reggae de France métropolitaine a donné de sérieux signes de faiblesse au cours des dernières années, son cousin antillais semble en revanche avoir retrouvé de belles couleurs, inspiré davantage par les sons qui sortent aujourd’hui des studios de Kingston. Krys, pas encore 23 ans, appartient à cette génération élevée au dancehall jamaïcain contemporain.

Difficile de ne pas rapprocher son parcours de celui d’Amiral T, lui aussi guadeloupéen, tant ils sont semblables : tous deux ont fait leurs classes en prenant le micro dans les sound systems, puis connu un véritable succès local transformé en rampe de lancement pour franchir l’Atlantique avant d’être repéré (récupéré ?) par une major. Dans le cas de Krys, ce fut la chanson VIP, en 2004, parue sur son premier CD Limé Mic’La qui rassemblait aussi des morceaux jusqu’alors disséminés sur plusieurs compilations. Cela lui a suffi pour se faire un nom en métropole, à tel point que le jeune toaster de Pointe-à-Pitre s’est même offert un passage à l’Olympia en mai 2006 quelques semaines avant la sortie de K-rysmatik !

Pour ce deuxième album destiné à toucher un public plus large, il a fait attention cette fois-ci à éviter dans ses textes les dérapages verbaux incontrôlés. Car dans le passé, comme ses voisins de Jamaïque Capleton et Sizzla, il n’avait pas hésité à verser à plusieurs reprises dans l’homophobie la plus radicale. Sur Mac Doom Dead, il s’en prenait explicitement à un animateur de télévision. Mais à l’égard des filles, le propos ne s’est pas beaucoup adouci. Le séducteur-consommateur qui faisait l’apologie de l’infidélité sur Programme de la Semaine récidive sur Infidèle et poursuit dans la même logique avec Dangereuse.

Frime, provocation, ou simplement légèreté potache d’un artiste qui n’a pas lâché ses études en école de commerce ? "Que serait la vie si on ne faisait pas la fête", s’interroge-t-il sur Caroline, l’histoire d’une jeune "dancehall queen" (reine de la piste de danse, ndr) obligée de faire le mur pour aller à ces soirées qu’elle aime pour y entendre "des lyrics conscients, puissants, dansants". Souvent hardcore, parfois plus roots à l’image du manichéen Pardonne-leur ("Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand arrivera le jugement des méchants"), combinant parfois couplets en français et refrains en créole comme Ka Fe Fwet en duo avec la chanteuse zouk Princess Lover, les dix-sept morceaux de K-rysmatik ne sont peut-être pas faits pour toutes les oreilles, mais ils savent faire bouger les corps. La nature même du dancehall.

Krys K-rysmatik (ULM/Universal)